• <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Hamlet: peut-on ne pas devenir fou dans un monde fou? </figure>

    La tragédie d’Hamlet de Shakespeare : une histoire de la folie

    La tragédie d’Hamlet, une des pièces les plus célèbres de l’éminent dramaturge élisabéthain, pose la question suivante : comment peut-on être raisonnable dans un monde fou ? Et non seulement il pose cette question, mais il y répond.

    Voilà ce qu’il nous dit de façon détournée, par la fiction : La raison est brisée par la folie des hommes. Mais défions-nous des apparences, ceux qui sont devenus fous comme la pure Ophélie ou ceux qui feignent de l’être comme le personnage éponyme –Hamlet- sont les êtres les plus purs et les plus justes qui soient dans le royaume. Ils sont ceux qui subissent la folie des puissants et notamment de Claudius, le roi ayant commis un double crime en tuant son frère : régicide et fratricide confondus.

    Claudius est adulé de tous, il est acclamé par le peuple. Personne ne connait la vérité et pourtant, celui qui se cache derrière le masque de la raison suprême est bien le plus fou, le plus dangereux. Il est l’Hypocrisie de la raison incarnée, le monstre humain qui dissimule ses crimes, car il ne s’arrêtera pas à un crime comme souvent, chez Shakespeare. Quand on a baigné ses mains dans le sang une fois, on recommence. Je dirai qu’il est celui qui entraîne tout le monde dans la tragédie, car il avance masqué, dissimulant son affreux crime.

    Le pouvoir corrompu est un vrai fléau, c’est le danger suprême, nous explique Shakespeare ! Hamlet, puis Ophélie en seront les principales victimes. Hamlet qui entend des voix. Hamlet qui serait montré du doigt aujourd’hui comme ayant des hallucinations, Hamlet que plus personne ne comprend, qui s’isole de tous : de l’amour, du monde, des autres. Hamlet la victime au cœur pur. On oublie cela souvent dans la folie : ceux qui ont sombré dans la déraison ne sont pas les plus criminels ! Alors, pourquoi les soigne-t-on parfois si mal aujourd’hui? Pourquoi la psychiatrie est-elle le dernier carrosse de la médecine ? Peut-être parce que les fous sont ceux qui nous renvoient au pire de nous-mêmes, à ce que nous voulons dissimuler au plus profond de nous, parce qu’ils dérangent. Ils parlent de la déréliction humaine, de la mort, du désastre d'une raison sacrifiée à l'autel de l'ambition, de l'orgueil et de tous nos défauts. Mais les délaisser, c’est perdre notre humanité, c’est se mentir à soi-même, être sale, refuser de voir ce qui fonctionne mal en nous, chez nous.

    Dans Macbeth cependant, ce sont les deux criminels (Macbeth et Lady Macbeth) qui deviennent fous. La folie des hommes traverse les pièces de Shakespeare, elle n’est pas dissimulée et c’est ce qui fait toute la force de son théâtre, toute son énergie et tout son charme. Souvent, nous feignons de voir –et les médias en premier lieu- que ceux qu’on nomme fous, sont les victimes d’une société qui déraille. On ne se focalise presque que sur les fous dangereux, à l’image de Macbeth et de sa femme. On oublie les Hamlet et les Ophélie.

    Terminons sur un passage commenté de la pièce d’Hamlet, extrait du dossier du théâtre de l’Odéon : « Cependant, la folie de Hamlet n’a pas pour seul effet de déranger ses proches, elle lui donne également la liberté d’enfreindre les règles de bienséance et d’obéissance de la cour sans encourir de punition immédiate. C’est ainsi que Hamlet, sous le couvert de la folie, s’approprie un rôle de commentateur critique et sardonique sur les agissements des autres personnages. Il succède ainsi à Yorick, ancien fou du roi dont le destin fait l’objet d’une conversation entière lors du cinquième et dernier acte de la pièce. Parmi ses principales cibles : l’infidélité de sa mère, la servilité de Rosencrantz et l’ambition dévorante de son oncle à qui il rappelle, par l’intermédiaire d’une devinette, que tous les hommes sont égaux devant la mort :

    HAMLET N’importe qui peut pêcher avec le ver qui a mangé un roi et manger le poisson qui a mangé le ver.

    LE ROI Que veux-tu dire par là ?

    HAMLET Rien, rien. Sauf vous montrer comment un roi peut processionner dans les boyaux d’un mendiant.

    Ceux qui souffrent dans la rue, ne sont-ils pas les victimes d’un pouvoir corrompu ? De nos propres carences humaines ? Voilà ce que nous dit Hamlet…Le mal fait, se retrouve partout : « dans les boyaux d’un mendiant. », dans toute l’humanité, dans les fous que nous méprisons et qui subissent nos pires crimes parce que ce sont parfois des hypersensibles, les éponges du mal qui nous ronge. Le voir, ce serait reconnaître nos fautes. Mieux vaut pour certains les fuir et les montrer du doigt.

    Ce n'est pas un signe de bonne santé que d'être bien adapté à une société profondément malade.

    Jiddu Krishnamurti

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  • <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Amour et schizophrénie </figure>

    L’amour est-il compatible avec la schizophrénie ? Oui, semble dire cette femme selon ce qu’en rapporte le psychiatre Christophe André sur son blog.

    « Une jeune femme qui a sollicité une consultation avec moi à Sainte-Anne. Le regard triste et fatigué des personnes qui n’ont pas eu de chance dans la vie. Mais le sourire tranquille de la confiance, de la présence au monde, de la conviction que l’existence a du sens et de l’intérêt, malgré tout.

    Elle est venue me raconter son histoire, sans vraiment avoir de conseil à me demander. Elle veut juste avoir mon avis. Souvent les gens pensent que je suis sage parce que j’ai écrit des livres. Je ne démens pas, à quoi bon ? Je fais juste de mon mieux, bien conscient que ce sont souvent mes visiteurs qui me nourrissent de leur sagesse, que, souvent, ils ne voient pas.

    Elle me raconte sa vie. Et surtout sa vie de couple : elle s’est mariée avec un garçon qui souffre de schizophrénie. Ce n’était pas si clair, au début de leur liaison : « il n’était simplement pas comme les autres ». Puis, peu à peu, la maladie s’est installée, et a pris beaucoup de place dans leur couple. »

    La suite ici :

    http://psychoactif.blogspot.fr/2009/09/amour-et-schizophrenie.html

    Par ailleurs, Christophe André pratique la méditation comme thérapie, cela s’installe peu à peu comme traitement des maladies mentales. On redécouvre et on valide par les outils d’imagerie moderne les bienfaits des pratiques séculaires des sages orientaux.

    Les idées neuves mettent du temps à faire leur chemin mais il ne faut pas désespérer.

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  • <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Des avatars contre les voix </figure>

    Que sont les "voix" des schizophrènes ?

    Entendre des voix est une des caractéristiques de la schizophrénie qui affecte de nombreux patients et qui résiste souvent aux médicaments. Les voix sont souvent menaçantes, injurieuses, imprécatrices et le patient leur est soumis car il a l’impression qu’elles émanent d’une sorte de puissance supérieure. C’est un vrai supplice que vivent dans le silence les patients minute après minute pendant de longues années. Il s’agit d’une véritable torture dont l’entourage n’est peu ou pas conscient.

    Une équipe de chercheurs britanniques a mis au point un système ingénieux à partir d’avatars sur ordinateurs qui permet de supprimer ces voix. Le patient apprend à les dominer, à les confronter et à les faire taire. C’est un progrès formidable, mais qui n'existe pas en France

    Ci-dessous une traduction d’un article à propos de ce traitement innovant :

    Un système à base d’avatar qui permet aux patients schizophrènes de contrôler les voix de leurs hallucinations est développé par des chercheurs à UCL avec le soutien du Wellcome Trust.

    Le système à base d’ordinateur pourrait fournir une thérapie brève et efficace qui aurait bien plus de succès que le traitement actuel pharmaceutique et qui aiderait à réduire la fréquence et la gravité des épisodes schizophréniques.

    Dans une étude pilote impliquant 16 patients et jusqu’à sept sessions de 30 minutes de thérapie, presque tous les patients ont indiqué une amélioration dans la fréquence et la gravité des voix qu’ils entendaient. Trois des patients ont cessé complètement d’entendre des voix après les avoir entendues respectivement pendant 16, 13 et 3,5 années. L’avatar ne cible pas directement les idées délirantes des patients mais l’étude a montré qu’elles s’améliorent comme effet global de la thérapie.

    L’équipe de recherche a reçu une récompense sous forme de dotation de 1,3 millions de livres de la part du Wellcome trust afin d’affiner le système et de conduire une étude randomisée sur une plus grande échelle afin d’évaluer cette approche innovante comme thérapie de la schizophrénie; celle-ci sera conduite au King’s College Institute of psychiatry à Londres.

    La première étape de la thérapie consiste pour le patient à créer un avatar sur ordinateur en choisissant le visage et la voix de l’entité qui lui parle. Le système synchronise alors le mouvement des lèvres de l’avatar avec le discours, ce qui permet au thérapeute de parler au patient à travers l’avatar en temps réel. Le thérapeute encourage le patient à s’opposer aux voix et lui apprend à prendre contrôle graduellement de ses hallucinations.

    Julian Leff, Professeur émérite à UCL Mental Health Sciences, a développé cette thérapie et dirige le projet. Il dit : « Bien que tous les patients interagissent avec l’avatar comme si c’était une vraie personne, parce qu’ils l’ont créé, ils savent qu’il ne peut pas leur faire de mal, à la différence des voix qui souvent menacent de les tuer ou de blesser leur famille ou eux-mêmes. Le résultat est que les patients acquièrent le courage et la confiance pour s’opposer à l’avatar et à leur persécuteur."

    “Nous enregistrons chaque séance de thérapie en MP3, si bien que le patient a un thérapeute dans la poche qu’il peut écouter à chaque instant lorsqu’il est harcelé par les voix. Nous avons découvert que cela les aide à reconnaitre que les voix ont leur source dans leur propre esprit et cela renforce leur contrôle sur leurs hallucinations. »

    L’étude à plus grande échelle commencera à enrôler les premiers patients début juillet. L’équipe est en train de former les thérapeutes et le personnel de recherche pour fournir la thérapie à base d’avatar et finaliser l’installation. Les premiers résultats de cette plus grande étude sont attendus vers la fin 2015.

    Le professeur Thomas Craig de l’institut de psychiatrie du King’s College de Londres, qui dirigera cette plus grande étude dit : “les hallucinations auditives constituent une expérience très éprouvante qu’il est très difficile de traiter avec succès, et sont un fléau pour les patients pendant de longues années. Je suis enchanté de diriger ce groupe qui conduira une étude rigoureuse randomisée de cette nouvelle thérapie intrigante avec 142 patients ayant entendu des voix depuis de nombreuses années. »

    “La beauté de cette thérapie consiste en sa simplicité et sa brièveté. La plupart des autres thérapies psychologiques coûtent très cher et mettent de nombreux mois à rendre des résultats. Si nous arrivons à montrer que ce traitement est efficace, nous pensons qu’il sera largement disponible dans le Royaume Uni dans deux ans, la technologie de base est déjà en cours de développement et la plupart des professionnels de santé mentale possèdent déjà les qualifications nécessaires. »

    La schizophrénie affecte environ 1 personne sur 100 dans le monde, les symptômes les plus courants sont les idées délirantes et les hallucinations auditives (les voix). La maladie est dévastatrice et rend tout travail impossible et empêche les relations sociales. Même avec les médicaments antipsychotiques les plus efficaces, environ un patient schizophrène sur quatre continue à souffrir d’hallucinations auditives persécutrices qui gênent gravement leur concentration.

    Les directives actuelles de NICE (National Institute for Health and Care Excellence) recommandent que la schizophrénie soit traitée par combinaison de médicaments et de thérapies telles que la thérapie comportementale. Cependant, moins d’un patient sur dix a accès à ce genre de thérapie psychologique au Royaume Uni.

    Ted Vianco, directeur du transfert de technologie et directeur du Wellcome Trust dit : “A un moment où les sociétés pharmaceutiques sont devenus très réservées à l’idée d’investir dans la recherche de nouveaux médicaments pour la santé mentale, nous sommes ravis de faciliter l’évaluation de cette approche de traitement alternatif basée sur la fusion d’une thérapie conversationnelle et d’un entrainement sur ordinateur.”

    “En plus de l’attractivité que constitue le fait que cette intervention n’est pas basée sur la mise au point d’un nouveau médicament, l’approche présente l’avantage d’être directement testable sur les patients. Si les résultats s’avèrent encourageants, nous nous attendons à des applications plus poussée de la stratégie de base qui méritent d’être explorées dans d’autres secteurs de la santé mentale. »

    “Le Wellcome Trust a soutenu pécuniairement ce projet à travers le programme “translational funding” qui aide les innovations au stade précoce à devenir de nouveaux produits pour la santé mentale en soutenant les chercheurs à faire avancer les innovations jusqu’au point où il devient attractif de faire des développements plus poussés pour l’industrie médicale ou les agences de santé.

    http://www.ucl.ac.uk/news/news-articles/0513/29052013-Avatar-therapy-helps-silence-voices-in-schizophrenia-Leff

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  • <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Définition de schizophrénie </figure>

    Définition de la schizophrénie selon l'encyclopédie universalis

    Il m’a paru intéressant d’étudier ce que l’encyclopédie universalis en particulier disait de la schizophrénie. Comment est-elle expliquée aujourd’hui ? C’est Gilles Deleuze qui signe l’article que je reprends en partie ici pour le simplifier. Je rappelle qu'il est philosophe et s'est intéressé à la psychanalyse si bien que cet article ne comprend pas du tout les symptômes reproduits dans le DSM IV (livre scientifique).

    Je voulais rédiger cet article non pour stigmatiser ceux qui souffrent de ce trouble, mais bien pour comprendre ce qui passe dans ce processus mental afin de pouvoir mieux y remédier. Le problème reste bien sûr la souffrance, la pathologie, qu’il entraîne chez celui qui le vit. Mieux le cerner, c’est peut-être aussi apporter des solutions viables. Tout n’est pas négatif, c’est ce que nous verrons à la fin de l’article.

    Aux origines du mot schizophrénie : Bleuler (1911)

    Bleuler 1911 : dans la schizophrénie, l’ intelligence, l’ affectivité, le comportement sont « dissociés » (Spaltung), ce qui entraîne une rupture de contact avec l'ambiance et l’ inadaptation progressive au milieu. Tel est le sens du terme schizophrénie (du grec σχ́ιζω, « scinder », « fendre », « déchirer », et ϕρ́ην, « esprit »), créé par Bleuler, en 1911, dans son célèbre travail intitulé Démence précoce ou groupe des schizophrénies.

    Définition synthétique : 1) dissociation de la personne, fragmentation du moi, absence de lien, d’associations.

    2)Coupure avec la réalité, vie intérieure rigide et fermée sur elle-même (autisme).

    Ainsi, « troisième conséquence capitale, la schizophrénie devient une maladie de la personnalité dans son avènement historico-psycho-somato-social » (C. Brisset). Il faut associer les facteurs héréditaires et l’histoire de la personne. Elle s'exprime en particulier dans le trouble élémentaire de l'association des idées, dans l'autisme (détachement de la réalité avec repli sur soi, prédominance d'une vie intérieure livrée aux productions fantasmatiques), dans l'ambivalence (association simultanée des contraires) qui traduit la difficulté à établir des rapports de valeur entre des qualités contradictoires.

    Son évolution n'est pas inéluctablement chronique et, selon Bleuler, elle peut offrir des interruptions, des arrêts, des poussées, des rémissions. Comme le soulignait lui-même Bleuler, il n'est pas possible de réduire la maladie à une simple constitution. Il convient de tenir compte non seulement des données somatiques (héréditaires ou acquises) mais des données de l'histoire du malade. Le schizophrène est mu par un sentiment d’ambivalence, au sens d’attraction et de répulsion. La complexité de sa naissance vient de plusieurs facteurs : héréditaires, familiaux, sociaux et historiques.

    Et c'est bien ce que montre le délire schizophrénique : sous les hallucinations des sens, sous le délire même de la pensée, il y a quelque chose de plus profond, un sentiment d'intensité, c'est-à-dire un devenir ou un passage, une idée qui surgit sous forme symbolique.

    Le délire : positif ou négatif ?

    Au sens étymologique, le délire vient du latin « delirare » : ce qui sort du sillon, métaphore paysanne, processus oblique. C’est cette extravagance qui sort de la ligne droite. C’est un phénomène oblique, comme le fou dans les échecs qui avancent en diagonale. La pensée n’avance pas sous forme de ligne droite, mais de façon transversale. Le délire n’est pas seulement une déroute, mais une dérive qui peut être productive. On trouve ce phénomène dans la nature : la guêpe et l’orchidée. L’un des pétales de l’orchidée ressemble à l’abdomen de la guêpe femelle. Cela permet la pollinisation, car la guêpe mâle vient féconder l’orchidée. Le délire n’est donc pas seulement négatif. Songeons aux paroles de jeunes : entrer dans un délire, on va délirer.

    Chimie et schizophrénie

    Toute une chimie intensive et vécue semble capable de dépasser les dualités traditionnelles entre l'organique et le psychique, dans deux directions au moins : l'expérimentation des états schizoïdes induits par la mescaline, la bulbocapnine, le L.S.D., etc ; la tentative thérapeutique de calmer l'angoisse du schizophrène, et pourtant de rompre la cuirasse catatonique pour faire repartir, remettre en mouvement les machines schizophréniques (emploi de « neuroleptiques incisifs », ou même de L.S.D.).

    Gisela Pankow parle de : « réparer les zones de destruction dans l'image du corps et trouver un accès à la structure familiale ». La psychanalyse n’est pas très efficace. Elle s’intéresse davantage à la paranoïa qu’à la schizophrénie.

    Différence entre psychose et névrose d’après Freud

    La réalité est sauvée dans la névrose. Dans la psychose, la libido se détourne de la réalité. Il y a destruction de la réalité. Ce refus de voir le réel entraîne parfois des hallucinations dans lesquelles le symbolique parle. Le schizophrène apparaît alors comme celui qui ne peut plus reconnaître ou poser son propre désir. Parce qu’il se tait, s’autocensure, il délire : façon de sortir malgré tout le désir refoulé à l’état de veille. La psychanalyse explique aussi la naissance de la schizophrénie par la défiguration de la mère et l’annihilation du père (lacune dans la structure oedipienne).

    Le délire embrasse le vaste champ du social

    Ce que le délire brasse, ce sont les races, les civilisations, les cultures, les continents, les royaumes, les pouvoirs, les guerres, les classes et les révolutions. Et il n'y a nul besoin d'être cultivé pour délirer en ce sens. Il y a toujours un Nègre, un Juif, un Chinois, un Grand Mogol, un Aryen dans le délire ; tout délire est de la politique et de l'économie. Et l'on ne croira pas qu'il s'agit seulement de l'expression manifeste du délire : le délire exprime plutôt lui-même la manière dont la libido investit tout un champ social historique, et dont le désir inconscient épouse ses ultimes objets. Même lorsque le délire semble manier les thèmes familiaux, les trous, les coupures, les flux qui traversent la famille et la constituent comme schizogène sont de nature extra-familiale et font intervenir l'ensemble du champ social dans ses déterminations inconscientes. Comme dit très bien Marcel Jaeger, « n'en déplaise aux grands prêtres de la psychiatrie, les propos tenus par les fous n'ont pas seulement l'épaisseur de leurs désordres psychiques individuels : le discours de la folie s'articule sur un autre discours, celui de l'histoire, politique, sociale, religieuse, qui parle en chacun d'eux ».

    Selon Foucault, le fou dit la vérité sur la société, sur ce que nous ne voulons pas voir, c’est pourquoi il dérange : en quoi est-il porteur d’une puissance ? L’hospitalisation de la folie est moderne : cynisme du rapport de la modernité à la folie. On reconnait une maladie, mais on met les fous à l’écart, on ne leur donne pas de place. Au moyen Age, les fous avaient leur fête. C’était accepté. On se moquait des fous, on en riait, mais ils avaient leur place. La folie n’évolue pas de la même façon en fonction de ce que la société en dit.

    Différence entre schizophrénie et paranoïa

    Il est facile à cet égard de distinguer la paranoïa et la schizophrénie (même les formes dites paranoïdes de la schizophrénie) : le « laissez-moi tranquille » du schizophrène et le « je ne vous laisserai pas tranquille » du paranoïaque. La schizophrénie relèverait d’un processus subversif (cf Antonin Artaud) : « l’anarchie couronnée ». Pour Artaud, l’anarchie, c’est la poésie réalisée. Le capitalisme est une société dominée par le territoire, la propriété. Le schizophrène, selon Deleuze, est l’ « ange exterminateur du capitalisme ». La schizophrénie entraîne un processus de déterritorialisation, de décapitalisation. Elle met l’âme au premier plan.

    Mots clés : discordance, dissonance, dissociation, dislocation, désagrégation, repli sur soi, fuite de la réalité, fragmentation du moi, ambivalence, stupeur, scission, délire (pour les aspects négatifs).

    Définition de schizophrénie
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  •                                                           A l’origine des mots FOLIE et FOU : de l’étymologie au sens actuel

    1-Saviez-vous que le mot « folie » appartient à la famille du latin « folium » qui veut dire « feuille » ?

    Chose étonnante, le mot « folie » n’a rien avoir au début avec la déraison, le délire et toutes les connotations négatives que nous connaissons aujourd’hui, associant le meurtre à la folie, le mal à la folie. Le mot « folie » appartient à la même famille de mot qu’exfolier, exfoliation, défoliation, foliole, foliaire, trifolié, in-folio, interfolier. Il vient du mot savant « folium » qui signifie "feuille" et a été transmis par le biais de l’écrit, c’est pourquoi il a été peu déformé. Entre « folie » et « folium » il n’y a qu’un pas… Alors, quel rapport entre « feuille et folie » ? A vous d’imaginer, car l’explication n’est pas donnée. La nature est sauvage et donc un peu folle, ce serait mon explication. Dans la folie, il y a donc une énergie incroyable à canaliser, elle prend racine dans la nature elle-même! On retrouve cette idée dans "herbes folles" pour désigner une végétation sauvage qui n'obéit qu'à son "instinct".

    2-Et le mot « fou », d’où vient-il alors ?

    Cet adjectif ou nom vient du latin « follis » qui signifie « sac ou ballon gonflé d’air », « soufflet pour la forge ». Ce mot aurait donc un rapport avec l’air, le souffle: ce qui entraîne le feu. C’est un terme qui est apparu en français durant le Moyen-Age au XIème siècle. Il a la même racine que les mots : follet, feu-follet, affoler, affolement, folâtre, raffoler… C’est au XXème siècle que le mot « fou » a disparu de la terminologie médicale au profit de l’emploi de « malade mental » ou de « psychotique ». Comme l’explique Alain Rey dans son Dictionnaire historique de la langue française, pour l’ensemble des emplois du mot « fou », c’est l’idée de hors norme qui domine. Son contraire étant « raison ».

    3-Les expressions utilisant le mot « fou »

    -maison de fous : hôpital, asile d’aliénés

    -histoire de fous : histoire absurde, incroyable

    -tête folle : extravagant, jeune homme étourdi

    -la folle du logis : l’imagination

    -femme folle de son corps : la prostituée

    -une folle : se dit d’un homosexuel qui se comporte de façon très efféminée

    -plus on est de fous, plus on rit : personne d’une gaieté exubérante qui crée la joie.

    -folle avoine : qui bouge au vent. Mécanisme au mouvement irrégulier et incontrôlable.

    -patte folle : jambe qui semble ne plus obéir aux ordres de la tête.

    -herbes folles : végétation sauvage et plutôt assez haute.

    -fou du roi ou fou de cour (chez Montaigne) : le bouffon. Il était celui qui parodiait le comportement du roi et de son entourage.

    -fêtes des fous : au Moyen-Age, elle renvoie à une fête bouffonne qui parodiaient les offices religieux comme les Saturnales.

    -le fou : pièce d’échec qui se trouve à côté de la reine et du roi (songeons au fou du roi). Sa dénomination peut venir de son déplacement irrégulier, en diagonale.

    -le fou de Bassan : c’est un oiseau palmipède. On lui a probablement donné ce nom car il a la « folie » de se laisser imprudemment approcher par l’homme. Une autre explication du nom concerne le comportement imprévisible ou incompréhensible de l’oiseau, seul ou en groupe (voir photo de l’article).

    3-Pourquoi le fou peut-il être créateur ?

    Le fou, ne serait-il pas comme l’air, évanescent, incapable de se fixer dans les limites de la raison ? Il est celui qui erre, qui vagabonde, qui délire et sort du sillon. Il est donc dans un sens positif, oublié aujourd’hui, l’être qui explore l’inconnu, le créateur.

    "C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous."

    Erasme

     

    BIBLIOGRAPHIE

    Dictionnaire étymologique de la langue française d'Alain Rey.

    Dictionnaire étymologique de Jacqueline Picoche.

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