• Hamlet: peut-on ne pas devenir fou dans un monde fou?

    <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Hamlet: peut-on ne pas devenir fou dans un monde fou? </figure>

    La tragédie d’Hamlet de Shakespeare : une histoire de la folie

    La tragédie d’Hamlet, une des pièces les plus célèbres de l’éminent dramaturge élisabéthain, pose la question suivante : comment peut-on être raisonnable dans un monde fou ? Et non seulement il pose cette question, mais il y répond.

    Voilà ce qu’il nous dit de façon détournée, par la fiction : La raison est brisée par la folie des hommes. Mais défions-nous des apparences, ceux qui sont devenus fous comme la pure Ophélie ou ceux qui feignent de l’être comme le personnage éponyme –Hamlet- sont les êtres les plus purs et les plus justes qui soient dans le royaume. Ils sont ceux qui subissent la folie des puissants et notamment de Claudius, le roi ayant commis un double crime en tuant son frère : régicide et fratricide confondus.

    Claudius est adulé de tous, il est acclamé par le peuple. Personne ne connait la vérité et pourtant, celui qui se cache derrière le masque de la raison suprême est bien le plus fou, le plus dangereux. Il est l’Hypocrisie de la raison incarnée, le monstre humain qui dissimule ses crimes, car il ne s’arrêtera pas à un crime comme souvent, chez Shakespeare. Quand on a baigné ses mains dans le sang une fois, on recommence. Je dirai qu’il est celui qui entraîne tout le monde dans la tragédie, car il avance masqué, dissimulant son affreux crime.

    Le pouvoir corrompu est un vrai fléau, c’est le danger suprême, nous explique Shakespeare ! Hamlet, puis Ophélie en seront les principales victimes. Hamlet qui entend des voix. Hamlet qui serait montré du doigt aujourd’hui comme ayant des hallucinations, Hamlet que plus personne ne comprend, qui s’isole de tous : de l’amour, du monde, des autres. Hamlet la victime au cœur pur. On oublie cela souvent dans la folie : ceux qui ont sombré dans la déraison ne sont pas les plus criminels ! Alors, pourquoi les soigne-t-on parfois si mal aujourd’hui? Pourquoi la psychiatrie est-elle le dernier carrosse de la médecine ? Peut-être parce que les fous sont ceux qui nous renvoient au pire de nous-mêmes, à ce que nous voulons dissimuler au plus profond de nous, parce qu’ils dérangent. Ils parlent de la déréliction humaine, de la mort, du désastre d'une raison sacrifiée à l'autel de l'ambition, de l'orgueil et de tous nos défauts. Mais les délaisser, c’est perdre notre humanité, c’est se mentir à soi-même, être sale, refuser de voir ce qui fonctionne mal en nous, chez nous.

    Dans Macbeth cependant, ce sont les deux criminels (Macbeth et Lady Macbeth) qui deviennent fous. La folie des hommes traverse les pièces de Shakespeare, elle n’est pas dissimulée et c’est ce qui fait toute la force de son théâtre, toute son énergie et tout son charme. Souvent, nous feignons de voir –et les médias en premier lieu- que ceux qu’on nomme fous, sont les victimes d’une société qui déraille. On ne se focalise presque que sur les fous dangereux, à l’image de Macbeth et de sa femme. On oublie les Hamlet et les Ophélie.

    Terminons sur un passage commenté de la pièce d’Hamlet, extrait du dossier du théâtre de l’Odéon : « Cependant, la folie de Hamlet n’a pas pour seul effet de déranger ses proches, elle lui donne également la liberté d’enfreindre les règles de bienséance et d’obéissance de la cour sans encourir de punition immédiate. C’est ainsi que Hamlet, sous le couvert de la folie, s’approprie un rôle de commentateur critique et sardonique sur les agissements des autres personnages. Il succède ainsi à Yorick, ancien fou du roi dont le destin fait l’objet d’une conversation entière lors du cinquième et dernier acte de la pièce. Parmi ses principales cibles : l’infidélité de sa mère, la servilité de Rosencrantz et l’ambition dévorante de son oncle à qui il rappelle, par l’intermédiaire d’une devinette, que tous les hommes sont égaux devant la mort :

    HAMLET N’importe qui peut pêcher avec le ver qui a mangé un roi et manger le poisson qui a mangé le ver.

    LE ROI Que veux-tu dire par là ?

    HAMLET Rien, rien. Sauf vous montrer comment un roi peut processionner dans les boyaux d’un mendiant.

    Ceux qui souffrent dans la rue, ne sont-ils pas les victimes d’un pouvoir corrompu ? De nos propres carences humaines ? Voilà ce que nous dit Hamlet…Le mal fait, se retrouve partout : « dans les boyaux d’un mendiant. », dans toute l’humanité, dans les fous que nous méprisons et qui subissent nos pires crimes parce que ce sont parfois des hypersensibles, les éponges du mal qui nous ronge. Le voir, ce serait reconnaître nos fautes. Mieux vaut pour certains les fuir et les montrer du doigt.

    Ce n'est pas un signe de bonne santé que d'être bien adapté à une société profondément malade.

    Jiddu Krishnamurti

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