• <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Méditation sur les valeurs de l'humilité </figure>

    L’accès à la sagesse : les vertus de l’humilité

    L’orgueil des hommes a toujours été châtié qu’il s’agisse de la Tour de Babel, représentée symboliquement dans les arcanes du Tarot par la Maison de Dieu, des mythes de Prométhée ou d’Icare. Les hommes qui ont voulu devenir des Dieux se sont écroulés et ont subi d’atroces souffrances.

    Le Diable est le symbole de l’orgueil humain démesuré, il est celui de l’ange déchu. Jésus dira à cet égard : « Mon peuple, veillez à ne pas laisser l’orgueil contrôler votre vie. L’orgueil est le péché qui provoqua la chute du diable. » Tombant dans la folie de l’orgueil, Lucifer a fait la guerre à Dieu. Selon Saint –Jean Chrysostome: "l'orgueil est la plus grave de toutes les maladies spirituelles et la plus nuisible". Trop d’orgueil compromet la santé spirituelle et peut amener un homme à la folie destructrice.

    C’est pourquoi cet article se propose de développer les vertus de l’humilité qui nourrissent l’Esprit et développent notre part angélique.

    I-L’humilité comme vertu dans la tradition chinoise et bouddhiste

    Dans le Tao-Tô-King « livre de la voie et de la vertu », Lao-Tseu, le sage fondateur du taoïsme en Chine, nous résume les vertus qui mènent à l’accomplissement : «Il y a trois trésors que je garde en moi : Le premier est l’amour. Le second est la frugalité. Le troisième l’humilité. Par l’amour on peut devenir courageux. Par l’économie naît la générosité. Par l’humilité on peut atteindre le sommet. Les hommes n’aiment plus mais ils prétendent être braves. Ils ont perdu le goût de l’économie mais ils se déclarent généreux. Ils ont oublié l’humilité et se bousculent pour être les premiers. C’est une pente qui conduit à la mort. Si l’on combat par amour l’on sort toujours vainqueur et la ville qu’on défend devient inexpugnable. Le ciel secourt l’homme qui aime et le rend invulnérable. Et lui fait un bouclier de sa miséricorde. »

    Bouddha parlait de l’impermanence des choses, de l’importance de l’évolution. Nous figeons le monde par peur de le perdre et de nous perdre. C’est de cette manière que nous le perdons réellement. Frapper le mental est une façon d’ouvrir le cœur.

    II-Les bienfaits de l’humilité dans la tradition chrétienne avec la figure de Jésus

    • Selon ST AUGUSTIN dans Des Mœurs de l’Eglise catholique et des mœurs des Manichéens, l’humilité et la prudence iraient de pair, renforcées par l’amour :

    "Je pourrais donc encore redéfinir ces vertus : LA TEMPÉRANCE c'est l'amour se conservant intègre et incorruptible; LA FORCE, c'est l'amour supportant facilement tout à cause de la Foi; LA JUSTICE, c'est l'amour au service de l’équité et de la paix. LA PRUDENCE, c'est l'amour discernant judicieusement ce qui peut nous aider à arriver au divin ou ce qui peut nous détourner de lui."

    • Jésus est probablement l’homme dans la Bible qui prôna avec le plus de force l’humilité comme une vertu essentielle à la grandeur spirituelle de l’homme :

    « Quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé »dira Jésus. Luc ( XIV, 11)

    « Car celui qui se conduit comme un petit parmi vous tous, c’est lui qui est grand. » Jésus (Luc 9:46-48).

    “ Tout homme qui s’élève sera humilié, et celui qui s’humilie sera élevé. ”

    Jésus voulait que ses disciples soient humbles, à savoir dépourvus d’orgueil et d’arrogance(Luc 14:11). Le Diable, dans la Bible, est bien celui qui se laisse guider par la présomption et par l’orgueil. A l’inverse, Mikaël, nom de Jésus qui prend la forme d’un archange, n’a jamais été tenté d’abuser de son autorité et de sa force lorsqu’il a eu un différend avec le Diable. Il a laissé Jéhovah, le juge suprême, régler la question.

    Rappelons que le verbe « s’humilier » au sens étymologique vient de « humus » la terre et appartient à la même famille qu’humilité. Il n’a pas le sens de « se faire mal ». Le nom « homme » vient de cette même racine indo-européenne : il est la créature née de la Terre par opposition aux Dieux qui sont célestes. Au sens religieux, « s’humilier » signifie « faire preuve d’humilité » et non « mépriser quelqu’un, le traiter en inférieur. » comme on l’entend au sens courant. Jésus utilise bien la définition religieuse lorsqu’il parle de « s’humilier » pour s’élever : rester humble en suivant son exemple lorsqu’il lava les pieds de ses apôtres.

    “ Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi, a ajouté Jésus, car je suis doux de caractère et humble de cœur, et vous trouverez du réconfort pour vos âmes. ” (Mat. 11:28, 29). ). Son humilité et sa douceur l’incitaient à traiter les humains imparfaits avec bonté et impartialité. Il était raisonnable dans ce qu’il attendait de ses disciples. Il les félicitait, les encourageait, se montrait encourageant et réconfortant. Il ne leur donnait jamais le sentiment de ne rien valoir ou d’être des incapables. Il n’était ni dur ni tyrannique. Au contraire, il garantissait à ses disciples qu’en s’approchant de lui et en appliquant ce qu’il enseignait, ils seraient réconfortés, car son joug était doux et sa charge légère. Son humilité a valu des bienfaits aux gens du peuple, car ils ont ainsi pu bénéficier de son aide, de ses enseignements et de ses encouragements. Il a beaucoup donné de lui-même sans jamais prendre personne de haut, sans jamais mépriser qui que ce soit.

    Nous terminerons sur une belle citation de Daniel Desbiens qui appelle à la guérison spirituelle-bien loin des seuls médicaments administrés à ceux qu’on nomme « fous »- : « Se guérir de nos malaises de l’âme implique souvent une bonne dose d’humilité, d’accueil de la nature humaine et de sympathie envers autrui et surtout envers nous-mêmes. »

    Bibliographie

    LAO TSEU, Tao Tô King

    SAINT AUGUSTIN Des Moeurs de l’Eglise catholique et des moeurs des Manichéens.

    LA BIBLE, L’Evangile selon Luc et selon Matthieu (paroles des Jésus).

    L'humilité est le contrepoison de l'orgueil.

    Dictionnaire philosophique-Voltaire

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  • <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Méditer ou prier, une voie vers l’apaisement et la pleine conscience </figure>

    La schizophrénie est une maladie qui soumet les patients à un afflux d’émotions. Les patients, hypersensibles, sont la proie d’émotions violentes qu’ils ne peuvent pas contrôler. Ils arrivent à en perdre la raison, l’esprit étant absorbé par une lutte sans merci pour tenter de survivre.

    A ces périodes de crises aigues succède souvent une très longue période dominée par les symptômes négatifs, un repli sur soi, l’isolement. Les neuroleptiques aident à combattre les symptômes positifs (les hallucinations, les idées délirantes) mais ils agissent très peu sur les symptômes négatifs.

    La méditation est une voie explorée aujourd’hui pour reconquérir la maitrise du monde intérieur et s’ouvrir au monde extérieur. Quel rôle peut jouer la prière, est-ce la même chose que la méditation, peut-on en parler sans heurter ?

    Le philosophe Terestchenko nous parle d’Etty Hillesum, une Juive déportée qui a réussi à garder la joie malgré les conditions atroces dans laquelle elle a évolué grâce à la prière :

    "Elle s'était préparée de longue date au sort qui l'attendait et sur lequel elle ne se faisait aucune illusion. Et préparée par la prière, nous dit-elle. La prière, dont Etty Hillesum dit découvrir petit à petit la puissance "constructrice" et "émancipatrice" -elle qui n'avait rien ni d'une bigote ni d'une nonne- et qui, à mesure, qu'elle s'y adonne davantage, semble l'unir à un monde plus vaste et plus riche que son petit moi, qui la met en relation avec une force immensément positive, une force océanique, qu'elle nomme Dieu -mais qu'elle se garde bien, du reste, de rendre responsable de la cruauté et de la folie destructrice des hommes.

    La prière qui la fait sortir de son égotisme un peu maladif la concentre sur une espèce de foyer intérieur, source à la fois d'apaisement, d'accord avec soi et d'énergie, et, dans un mouvement paradoxal, ouverture à une transcendance qu'elle éprouve comme une immanence logée au plus intime d'elle-même.

    Cette foi en Dieu et la prière dont elle se nourrit ne la conduisent nullement à un repli sur soi. C'est même très exactement le contraire qui se produit: elles lui donnent la capacité d'affronter l'horreur environnante sans être détruite par elle, sans que la monstruosité, la bassesse, la vilenie alentour entament de façon définitive ce que les Stoïciens appelaient la "citadelle intérieure" et que je nomme pour ma part la "réserve".

    La réserve comme ce fonds immune d'une intériorité qui s'ouvre à la possibilité de la dépense altruiste de soi: "Chez moi, écrit-elle, tout va de l'intérieur vers l'extérieur, non en sens inverse. Généralement, les mesures les plus menaçantes -et elles ne manquent pas en ce moment- viennent se briser sur ma certitude intérieure et ma confiance et, ainsi filtrées perdent le plus clair de leur caractère intérieur."

    Voltaire était déiste : il aimait dieu et croyait en son existence, mais a toujours rejeté l’institution religieuse.

    Définition du déisme : Le déisme, du latin" deus" (dieu), est une croyance ou une doctrine qui affirme l'existence d'un DIEU et son influence dans la création de l'Univers, sans pour autant s'appuyer sur des textes sacrés ou dépendre d'une religion révélée.

    Pour la pensée déiste, certaines caractéristiques de Dieu peuvent être comprises par les facultés intellectuelles de l'homme. Le déisme prône une « religion naturelle » qui se vit par l'expérience individuelle et qui ne repose pas sur une tradition écrite. Pour certains déistes, on peut avoir une relation avec Dieu mais elle est directe (notamment par la contemplation). Il s'agit par conséquent d'une croyance individuelle et irréligieuse.

    De la prière à la méditation : une mystique plurireligieuse, Un livre du Prof. Dr. Carl-A. Keller :

    « Les termes de « prière » et de « méditation » renvoient à deux types d'activités ou d'attitudes religieuses ou spirituelles. On énonce souvent ces termes, prière et méditation, d'un seul souffle, comme deux choses jumelées, sans qu'on sache exactement comment les distinguer. On a vaguement l'impression que les deux forment un tout ou qu'elles sont très proches l'une de l'autre. On sent peut-être confusément que la prière est une sorte de méditation, comme d'autre part la méditation apparaît liée à une certaine manière de faire sa prière.

    Les deux notions semblent baigner dans un flou douillet qui les embrasse doucement et qui fait qu'il est difficile de s'entendre et de savoir exactement à laquelle des deux un interlocuteur pense. Nous verrons que cette imprécision dans l'emploi des deux termes est compréhensible, peut-être inévitable, parce que la prière passe imperceptiblement à la méditation et que la méditation est constamment stimulée et fécondée par la prière. Prière et méditation ne sont certes pas identiques, mais elles forment un continuum. »

    http://www.carl-a-keller.ch/de_la_priere_a_la_meditation.php?imprime=oui

    Aujourd’hui, les bienfaits de la méditation ont été prouvés chez les personnes souffrant de problèmes psychiques grâce à l'imagerie médicale. L’accès à un Etre supérieur, le dépassement de soi, l’accomplissement de soi sont des voies qui permettent de dépasser les limites et les souffrances du quotidien. La question de la religion est sensible : les croyants comme les non croyants peuvent être heurtés dès qu’on aborde le sujet. Il y a eu tant d’antagonisme et de perversité dans l’histoire que cela est compréhensible.

    Peut-être est-il temps d’aborder ces questions sous un angle moins sectaire et d'accorder une place au « spirituel » puisqu’il est salvateur (quel que soit le sens qu’on donne à cet adjectif).

    Bibliographie

    • TERESTCHENKO Michel, Un si fragile vernis d'humanité, p.281-282, Edition La découverte, Paris, 2005.
    • Prof. Dr. Carl-A. KELLER , De la prière à la méditation : une mystique plurireligieuse, Genève : Labor et Fides, 2004
    • ANDRE Christophe, psychiatre et psychothérapeute

    -La pleine conscience, une méthode pour vivre mieux (Ed. Odile Jacob, 2009),

    Imparfaits, libres et heureux -

    -Pratiques de l'estime de soi (Odile JAcob, 2009) et

    -Méditer, jour après jour - 25 leçons pour vivre en pleine conscience (Ed. Iconoclaste, 2011).

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  • Absence à toi Absence à moi

     

     

    Absence à toi, absence à moi

     

     

    En ce 28 février 2014,

    Je souffre de te sentir

    Si loin

    J’ai besoin

    De toi.

    *

    Absence à toi,

    Absence à moi.

    *

    Où es-tu ?

    Perdu, abattu ?

    Pourquoi la maladie

    T’a-t-elle emportée

    Et t’a fait oublier

    Notre amour de toujours ?

    *

    Quelle douleur est la tienne ?

    Quelle douleur est la mienne ?

    Puisque je t’accompagne

    Sur ce long chemin

    Aussi dur que le bagne.

    *

    Est-il possible d’oublier ta peine,

    De jouer l’Indifférente

    Quand tu m’obliges à me taire ?

    Censurée, asphyxiée, oubliée.

    *

    Quand je parle,

    Tu te sens blessé.

    Quand je me tais,

    Tu te terres dans le mutisme.

    ***

    Je voudrais tellement retrouver

    Ces moments de grâce

    Où ton cœur léger

    M’emportait sur les vagues

    De tes bras nus

    Aux milles vertus.

    *

    Oh, toi, mon cavalier

    Qui sut si bien

    M’accompagner,

    Me réchauffer, m’aimer.

    *

    Quand te reverrai-je ?

    Reviendras-tu à toi

    A moi

    A nous deux ?

    *

    Quand la destruction

    Laissera-t-elle place à la résolution

    A l’absolution

    Au pardon

    A l’absence de toute négation.

    *

    Reviens-moi.

    Que ma prière soit exaucée,

    Afin que je retrouve ta luminosité !

    Soleil de mon âme

    Source de sérénité.

     

     

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  •                                                     L’hôpital psychiatrique : une forme d’institution totalitaire ?

    Pour l’écriture de cet article, je tenais à rendre hommage à l’excellent ouvrage de Michel Terestchenko Un si fragile vernis d’humanité : banalité du mal, banalité du bien. L’auteur, professeur de philosophie et spécialiste de philosophie morale, tente d’expliquer ce qui conduit un individu à faire le bien ou le mal. Quelles en sont les causes ? Nous en trouvons les raisons dans son éducation, sa présence ou son absence à lui-même et dans le système à qui il a décidé ou non d’obéir au prix de sa vie. Mieux vaut-il mourir vivant ou vivre mort ? C’est à l’intérieur de cet ouvrage incontournable au niveau historique, psychologique et philosophique que j’ai trouvé la source de l’inspiration de cet article : l’hôpital psychiatrique pourrait-il s’apparenter à une forme d’institution totalitaire ?

    Michel Terestchenko répond que oui (p.141) : « Que certaines institutions, qu’il s’agisse des hôpitaux psychiatriques, des prisons, de l’armée, des camps de concentration, voire même des couvents, se caractérisent par le double mouvement d’une séparation, d’une mise à l’écart, d’une coupure radicale des individus d’avec le monde extérieur, et d’une prise en charge complète de leurs besoins (logement, nourriture, habillement etc…) justifient qu’on voit en elles des structures sociales « totalitaires », comme les nomme Erwing Goffman dans son célèbre ouvrage Asiles. »

    Si ce sujet me touche tant, c’est que j’ai vu mourir une jeune fille de 20 ans, souffrant d’une dépression endogène et tant angoissée à l’idée de devoir encore affronter une structure fermée qu’elle a préféré la mort : elle s’est pendue derrière les thuyas du jardin de ses parents. Certes, on ne peut mettre uniquement cette mort sur le dos de l’hôpital psychiatrique et de ses structures, mais elle doit être questionnée. En dehors de ce témoignage poignant, j’ai pu lire ici ou là que cette structure était source d’angoisses terribles par ceux qui l’ont vécue. On est en droit de se demander comment il se fait qu’alors qu’on est malade, qu’on souffre terriblement, il faille encore se battre pour sa dignité à tel point que ceux qui n’en ont plus la force préfèrent la mort à la vie. Je comprends effectivement que les personnes atteintes de troubles psychiatriques soient parfois violentes, dangereuses pour elles-mêmes, c’est souvent l’argument mis en avant pour défendre la camisole de force ou la camisole chimique. Mais ne peut-on pas essayer de porter des soins basés sur la confiance en l’autre ? Certes, on nous objectera que la personne peut mourir si elle n’est pas surveillée. Pourtant, une structure de soin ne doit-elle pas avant tout être chaleureuse, réconfortante et donner envie de vivre plutôt que nous interdire de mourir avec une surveillance accrue, digne des pires systèmes totalitaires ?

    Une ancienne patiente racontait sur le blog de Lana (taper : blogschizo dans google) que les toilettes, dans l’hôpital psychiatrique dans lequel elle se trouvait, étaient pourvues d’une fenêtre dans laquelle les gens extérieurs pouvaient la voir. Elle dénonçait cette pratique, lui retirant toute forme d’intimité. Et là encore on arguait que certains avaient tenté le suicide dans cet endroit, si bien qu’il fallait une surveillance décuplée, au mépris de toute dignité humaine. Est-ce acceptable ? La réponse est non, parce que les droits humains primordiaux ne sont pas respectés. J’évoquerai aussi un détail plus que surprenant. Lorsque je me suis rendue dans un hôpital psychiatrique pour aller voir mon ami, les fenêtres étaient fermées à clé si bien que les gens vivaient dans le confinement le plus complet. Ne nous dit-on pas à longueur de temps qu’il faut aérer notre espace vital ? Cette absence d’air symbolise bien l’absence d’oxygène, de liberté qui sont les fondements de ces systèmes qui prétendent soigner les gens.

    Je vous mets en lien l'excellent article de Lana ayant subi l'hôpital psychiatrique. Elle en parle dans ce récit personnel et cette analyse très fine, intitulée "le pouvoir absolu":

    http://blogschizo.wordpress.com/2013/12/20/le-pouvoir-absolu/

    Je citerai à nouveau Michel Terestchenko dont les paroles d’une grande justesse ne peuvent que nous convaincre de ce qui se passe psychologiquement lorsqu’on agit de cette façon. Nous comprendrons qu’au lieu de soigner, d’apaiser un esprit torturé par la vie et ses épreuves, on l’accable encore davantage : « L’aspect essentiel du « reclus » dans l’univers totalitaire est qu’il se trouve soudain pris dans un processus de dépossession de soi, de dépersonnalisation, de perte de son autonomie qui conduit à briser toute conscience de sa propre identité, de son moi intime, mais aussi à l’embrigader dans une institution rationnellement organisée selon les règles immuables mises en œuvre par ses personnels (médecins, gardiens etc…), lesquels, pour leur part, continuent d’entretenir des rapports « normaux » avec le monde extérieur, étant « de l’autre côté de la barrière » comme on dit. » Michel Terestchenko parle bien de pouvoir total que l’institution exerce sur le patient alors que les « soignants » sont eux soumis à un autre régime que celui infligé à ceux qui sont internés : tandis que les premiers sont enfermés et privés de liberté, les autres ont tous les droits et parfois aussi sournoisement celui de nuire par un système où la liberté n’est pas donnée à tous de la même façon. Certes, on répliquera que la personne recluse ne sait pas bien user de sa liberté : mais ne peut-on lui apprendre à l’exercer, lui faire confiance ? La confiance n’est-elle pas un meilleur remède à celui de la surveillance ? Elle demande cependant beaucoup plus de qualités humaines et d’efforts sur soi que la politique de Big Brother, dénoncée dans le célèbre apologue 1984 de George Orwell.

    Je pense que loin de ne toucher que ceux qui sont envoyés en camp de concentration ou en hôpital, le problème de la surveillance extrême, du pouvoir absolu se rencontre également dans notre vie quotidienne : tyrannie domestique, jalousie, harcèlement au travail. C’est donc un problème qui devrait être l’affaire de toute une société.

    Je suis très sensible au combat que mène Michel Terestchenko qui a écrit un ouvrage sur ce sujet et un autre sur la torture qu’il dénonce. Voici le lien de son blog qui se trouve aussi sur la page de droite de notre blog :

    http://michel-terestchenko.blogspot.fr/

    Et terminons sur cette belle citation extraite d’un opéra de Benjamin Britten « Peter Grimes » et se trouvant sur la sculpture située à la tête de cet article : « J’entends ces voix qui ne seront jamais noyées. » Espérons que ces voix soient celles de la justice et de la dignité un peu brisée parfois par les tempêtes d’émotions négatives, mais qui résistent malgré tout à ces assauts répétés et qui finissent par prendre le dessus sur les voix de la destruction, de l’anéantissement de soi et de l’autre. Espérons donc que ces voix soient celles de l’amour et de la fraternité.

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  • Depuis une trentaine d’années, le nombre de malades mentaux à la rue n’a cessé d’augmenter.

    Cela tient à deux tendances de fond : d’une part ce qu’on appelle la désinstitutionalisation, autrement dit la fermeture des lits dans les hôpitaux psychiatriques. Il y a trente ans, les malades étaient hébergés pendant de longues périodes à l’hôpital.

    Une volonté de réinsérer les malades dans « la communauté » et aussi, plus bassement, le souci de réduire les frais d’hospitalisation ont conduit à la fermeture des lits en psychiatrie. Aujourd’hui, il n’est pas rare que les séjours soient écourtés et que les malades pas encore remis soient mis dehors.

    Qui s’occupe de l’insertion sociale ? Les parents souvent. Mais que se passe-t-il quand les parents ne sont pas là ou qu’ils démissionnent ? Le résultat est que le nombre de sans-abris a augmenté de manière constante depuis une trentaine d’années et parmi eux la proportion de malades mentaux est très élevée.

    L’autre tendance est la cherté du logement et l’absence de solutions pour les malades mentaux. Trouver un logement est déjà difficile pour les personnes disposant d’un travail et en bonne santé, pour un malade déstructuré, ayant perdu ses papiers, sans ressources, cela relève de l’impossible.

    Sans intervention volontaire de la société, ces malades sont condamnés à errer puis à mourir à la rue. Société avancée ? Société humaine ?

    Certains essayent de lutter contre ce phénomène, comme le docteur Alain Mercuel, psychiatre à Ste Anne qui tente de venir en aide aux malades à la rue. Beaucoup de ses collègues tentent de le dissuader, « tu perds ton temps, c’est mission impossible », mais il ne se décourage pas, même bien seul, il se bat pour ce qui lui tient à cœur.

    http://www.franceculture.fr/personne-alain-mercuel

    Une expérience est en cours à Paris et dans quelques autres grandes villes pour définir une politique de relogement des sans-abris malades psychiatriques, elle est inspirée de ce qui s’est fait aux Etats-Unis : Housing first.

    http://aurore.asso.fr/category/housing-first

    Comme toujours, il faut attendre ce qui vient de l’autre côté de l’Atlantique, sommes-nous si peu inspirés dans ce pays ?

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