• "Penser est difficile, c'est pourquoi la plupart se font juges."

    K.G.Jung

    Questionnaire N° 2 sur la schizophrénie : comment la comprendre ?

    Une personne, ayant été atteinte de schizophrénie, a accepté de répondre à ce questionnaire de façon anonyme. Voici ce qu'elle en dit:

    Les bons réflexes de l’entourage

    1-Vous parliez dans le précédent questionnaire de « bons réflexes » à avoir lorsqu’on est avec quelqu’un qui a subi la maladie ? Pourriez-vous donner une liste de ces réflexes que l’entourage devrait mettre en place ?

    La personne malade a besoin de calme et de sécurité. Il faut éviter de la brusquer et de la contraindre à faire ce qui lui est impossible. Il faut comprendre qu’elle vit une épreuve terrible que bien peu pourraient imaginer et qu’ils seraient incapables de surmonter. Si cela leur tombait dessus d’un coup, ils seraient terrassés. La moindre chose peut avoir des proportions gigantesques, il est important de rester humble, modéré, bienveillant. Créer un climat d’apaisement et montrer sa tendresse ou son amour sans avoir d’exigences qui ne peuvent pas être atteintes. Le problème du jugement

    2-Vous disiez qu’il est important de ne pas juger ? Qu’entendez-vous par jugement ? Quelles sont les pensées qui dérangent et donnent envie de se replier sur soi-même ?

    Parfois la personne malade a un comportement ou des expressions que les gens « normaux » considèrent bizarre ou déplacé. Il faut savoir que cela prend tout son sens quand on connait le cheminement de la pensée de celui qui souffre. Ce n’est pas illogique, c’est la réaction raisonnable à une situation extraordinaire que personne ne connait en dehors d’eux. Il ne faut pas projeter ses sentiments de valeur vers celui qui vit dans un autre univers. Il ne faut pas non plus étiqueter comme fou quelqu’un qui subit cette épreuve. D’une part elle souffre terriblement et d’autre part elle fait au mieux avec ses moyens ce que personne d’autre ne pourrait faire. Il faut comprendre que les personnes normales n’ont jamais été confrontées à cet extrême des sensations et n’ont aucune idée de la façon dont elles réagiraient. Elles doivent se considérer comme heureuses d’en être prémunies et tenter de se montrer solidaires tout en sachant que le mystère leur est pratiquement impénétrable.

    2bis-Comment aider quelqu’un qu’on ne comprend pas ? N’est-il pas possible de raconter ce qui se vit ? Pourquoi cette expérience est-elle indicible ? Dire que c’est incommunicable, c’est finalement créer une barrière entre le monde « normal » et « étrange » de ceux qui vivent la maladie. L’incommunicabilité, n’est-elle pas une forme d’exclusion ?

    L’expérience est indicible car elle échappe à tout ce qu’on a vécu jusque-là, tout ce qu’on nous a enseigné, tout ce que le langage qu’on maitrise nous permet d’exprimer. Tout est nouveau et incommensurable, il n’y a pas de mots pour le décrire. Pour donner une image, c’est comme si on demandait à quelqu’un de décrire en mots une extase musicale. Il arrive parfois que certains médecins parviennent à créer le contact avec une personne en délire, c’est l’exemple d’Henri Grivois, mais il lui a fallu des années d’expérience et il a dû souvent avouer son échec à vraiment comprendre.

    Le problème de la définition de la schizophrénie

    3-Pourquoi a-t-on tendance à penser que les schizophrènes ont un dédoublement de la personnalité ? C’est ainsi que certaines personnes nomment le dédoublement de la personnalité du narrateur dans le film « fightclub ». Pourquoi le mot « schizophrénie » est-il souvent utilisé dans un sens impropre ? Ne pourrait-on pas lui donner une définition précise afin que tout le monde puisse y voir clair ? En effet, si on ne peut comprendre le malade, comment l’aider ?

    La confusion est sans doute née de l’histoire du docteur Jekyll et de Mr Hyde, on y voit une personne présentant une double personnalité et cela est passé dans l’imagerie populaire comme le signe distinctif de la schizophrénie. C’est une idée très répandue mais elle ne correspond en rien à la réalité, c’est un mythe qui s’est répandu dans tous les milieux et qu’il est difficile de combattre.

    Comment gérer les crises ?

    4-Vous parliez des signes annonciateurs des crises ? Pourriez-vous les décrire ? Et dire ce que vous avez fait pour empêcher qu’ils ne deviennent trop envahissants ?

    On sent des signes, quand les symptômes commencent à réapparaitre de manière insidieuse, quand le sommeil manque, quand on est envahi de pensées étranges. Il faut savoir se reprendre, se protéger, mener une vie saine du point de vue corporel et mental. Chacun connait son remède et ce qu’il faut éviter, cela peut être le fait de se mettre au travail ou d’avoir une activité positive et reconstructive, rechercher l’entourage de personnes bienveillantes et rassurantes, retrouver une routine apaisante, mettre de côté les idées extravagantes et les situations dangereuses pour l’équilibre. Il n’y a pas de recette, chacun a sa propre expérience et ses propres remèdes.

    Les émotions et les affects

    5-Pensez-vous que des traumatismes affectifs puissent être à l’origine de cette maladie ? Si oui, lesquels ? Vous évoquiez comme central l’impossibilité à gérer ses émotions négatives. C’est bien de l’affect qu’il s’agit. Comment construit-on cette partie de nous-mêmes dans notre vie ? Quand ? Où ?

    Je ne connais pas l’origine de la maladie, d’ailleurs personne ne la connait, tous les documents scientifiques le confirment. On dit souvent que c’est une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux mais que sont ce facteurs environnementaux ? Ce qui est vrai, c’est que lorsque la maladie est déclarée, les traumatismes antérieurs sont vécus de manière amplifiée. La maladie est caractérisée par l’impossibilité de gérer ses émotions, pas seulement négatives, toutes celles que produit le cerveau et que la personne normale filtre en permanence. Ce filtre est brisé dans la maladie et la personne est exposée sans protection. Personne ne sait comment on filtre les émotions, c’est une activité inconsciente de notre cerveau qui ne dépend pas de notre volonté.

    5bis-Ne pensez-vous pas que les recherches scientifiques devraient être basées là-dessus : comment parvenir à filtrer les émotions ? On entend rarement ce type de recherche en psychiatrie. C’est bien la première fois que j’entends un discours si clair. Comment soigner si on n’a pas compris ce qui « déraillait » ? Comment trouver un remède quand on a mal diagnostiqué le problème ?

    Ce pourrait être un axe de recherche, il faudrait comprendre les mécanismes à l’origine des émotions et ce qui permet de les traiter. On en est encore bien loin, des hypothèses ont été émises impliquant certaines aires du cerveau et l’imagerie médicale les a confirmées mais on est encore bien loin de comprendre les mécanismes. Pour le moment, on soigne de manière pragmatique avec des neuroleptiques dont on a constaté les effets mais sans comprendre leur mode opératoire. Il en est de même des psychothérapies qui utilisent des techniques dont on a constaté des bienfaits mais tout reste bien mystérieux.

    6-Comment reconstruire l’affect lorsqu’il a été brisé ?

    Il faut retrouver sa dignité en tant qu’être humain inséré dans une société ou dans un groupe d’amis ou dans une relation amoureuse. Il reste toujours des traces des épreuves endurées mais il faut apprendre à les surmonter, à les sublimer et construire une personnalité nouvelle qui les dépasse. On n’oublie rien mais on peut dépasser les souffrances en les intégrant à sa personnalité et en transformant ses faiblesses en forces. Cela doit paraitre bien vague mais il y a plusieurs façons d’y parvenir, chacune a ses mérites du moment qu’on puisse réussir à vivre en paix.

    6bis-Pourriez-vous donner un exemple concret de transformation de ses faiblesses en forces ?

    Quand on a conscience de ses faiblesses et qu’on parvient à les surmonter on accède à un nouveau type de relation avec le monde. On a acquis une compréhension plus intime de soi et du monde, on sait mieux analyser ce qui se passe, notre savoir s’accroit et cela peut être utile dans bien des circonstances. Comme exemple concret, on est hypersensible en général dans cette maladie, ce qui peut nous faire extrêmement souffrir, mais si on parvient à dominer cela, on garde une sensibilité accrue qui permet de comprendre bien des choses qui échappent au commun des mortels. On peut prendre l’exemple des poètes qui ont su canaliser leur sensibilité exacerbée vers l’écriture et la description des émotions.

    Merci pour vos réponses éclairées et pleine de bon sens. Avoir vécu la folie permet de développer une grande sagesse!

    Comprendre la schizophrénie
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  • Questionnaire : est-ce facile de parler de la schizophrénie à son entourage ?

    Une personne atteinte de schizophrénie a accepté de répondre à quelques questions mais de façon anonyme, car elle craint, comme elle l’explique, la stigmatisation. Elle préfère donc ne pas révéler son identité.

    C’est moi, Sibylline, qui ai posé les questions, car elles correspondent à mes interrogations. Je n’ai jamais trouvé de réponses précises à tout ceci si bien que j’ai avancé à l’aveuglette pendant longtemps. Souvent, ce sont les psychiatres qui expliquent la maladie, mais comme ils ne l’ont pas vécue de l’intérieur, ce n’est pas toujours assez vivant. L’idée, c’est de mieux comprendre et de clarifier un lexique souvent fourre-tout et qui nous perd. Dans l’article wikipedia concernant la schizophrénie, on compte 7 types de schizophrénie. Comment s’y retrouver ?

    Comme le disait Boileau, « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. » Or, dans le domaine de la schizophrénie, on rencontre de nombreuses contradictions et des flous qui ne permettent pas au commun des mortels de s’en faire une idée précise. Le questionnaire vise à apporter un peu de clarté à tout ceci.

    Si certaines personnes acceptent de répondre à quelques questions, ce serait avec plaisir (il suffit de nous écrire) afin d’étoffer un peu les connaissances en partant du vécu et non de la théorie.

     

     

    1-Lorsque nous avons vécu la schizophrénie est-il facile d’en parler à des amis ?

    En fait, je n'ai pas raconté ça à mes amis car j'avais une peur mortelle de passer pour fou, je voulais simplement apparaître "normal", ça a été le combat de toute ma vie. J'ai tout fait pour dépasser la maladie et j'ai essayé de me comporter ou d’apparaître normal bien que cela n'ait pas toujours été évident. Je n'ai jamais trouvé non plus personne qui aurait pu comprendre, les gens ont des idées préconçues et veulent t'expliquer ce que tu vis alors qu'ils n'en savent rien et que toi tu as des années de terrible expérience derrière toi.

    2-Qu’auriez-vous souhaité que les autres fassent ?

    Ce que j'aurais souhaité, c'est que quelqu'un comprenne réellement tout, c'est à dire que j'avais été malade, que je souffrais encore mais que j'étais aussi capable de raisonner que n'importe qui. En général, quand tu te déclares malade, tu es considéré automatiquement comme inférieur, avec malveillance ou bienveillance.

    3-Pensez-vous qu’il soit facile de comprendre la schizophrénie quand on ne l’a pas vécue ? Il est très difficile de comprendre la schizophrénie sans l’avoir vécue. Imaginer ce que peut être une hallucination est presque impossible, je dis presque car il existe un moyen détourné : se rappeler un cauchemar et penser que la personne vit dans la réalité ce que l’autre vit dans son cauchemar, la vision de monstres, la terreur, la paralysie. Cela correspond à la phase de délire, il existe bien d’autres symptômes : la pensée terrassée, comment se représenter qu’il est possible qu’on ne puisse plus penser ou plus exactement qu’on ne puisse plus diriger ses pensées mais qu’elles s’imposent à notre cerveau comme si une entité extérieure les amenait. Il existe aussi les symptômes négatifs, le repli sur soi, l’absence de plaisir, de volonté. On pense souvent qu’il suffit de dire à la personne de se remuer, de sortir, de voir du monde, mais c’est ne pas comprendre l’impossibilité de le faire.

    4-Pourriez-vous expliquer ce qui empêche l’action ? Pourquoi est-il impossible d’agir ?

    La personne qui souffre a besoin de calme, de repos, de sécurité pour ne pas être envahie par des stimulations qui la font souffrir à l’extrême. Sortir, voir du monde, c’est s’exposer, se mettre en péril, devenir vulnérable. Bien sûr tout n’est pas aussi catégorique et il y a des moments où la personne peut vouloir rencontrer d’autres personnes, voir des amis, nouer des liens pour sortir de l’isolement et échapper à l’emprise de la maladie ou pour se sentir « normal ». C’est là que l’entourage peut aider en créant des conditions favorables, en protégeant la personne, en l’accueillant avec générosité.

    Ces conditions sont rarement remplies car les personnes qui ne comprennent pas n’ont pas les bons réflexes même si elles ont de bonnes intentions. Ne parlons même pas de celles qui ont de mauvaises intentions. La société n’est pas accueillante pour les malades, elle est dure, impitoyable et cela empire. Il faudrait une prise de conscience pour faire changer les choses mais comment y arriver ?

    5-Quelle est la meilleure attitude à adopter lorsqu’on n’a pas vécu soi-même la maladie mais qu’on veut soutenir quelqu’un de proche qui en souffre ?

    Il faut d’abord se demander si on est prêt à aller très loin dans l’accompagnement, si on aime vraiment la personne et si on ne va pas la laisser tomber. Il faut être humble, ne pas croire qu’on comprend mieux ou tout parce qu’on est « normal ». La personne malade n’est pas dénuée de raison, au contraire, bien souvent, elle est extrêmement consciente de son malaise même si elle ne parvient pas à l’exprimer en des paroles compréhensibles par d’autres. Il faut être attentif, patient,montrer qu’on éprouve de l’affection et qu’on ne juge pas. Ne pas exiger de l’autre ce qu’il ne peut pas faire, il faut être encourageant mais aussi tolérer les failles, se dire que cela viendra en son temps. Montrer à l’autre qu’on pense à lui, ne pas le délaisser. Il faut aussi lui montrer qu’on le considère comme une personne à part entière et pas comme un cas.

     6 -Comment résumeriez-vous la maladie ? S'il fallait la résumer en une ou deux phrases que diriez-vous? Les gens souvent sont noyés dans des définitions qui se contredisent. Il y a la vision extérieure et la vision intérieure.

    Vu de l’extérieur, la schizophrénie se caractérise par des symptômes positifs (délires, hallucinations, désorganisation de la pensée, comportement mal adapté,…) et des symptômes négatifs qui surviennent souvent plus tard (repli sur soi, isolement, désintérêt pour les autres, absence de motivation…) Vu de l’intérieur, c’est une maladie qui se rapporte en premier lieu à la gestion des émotions. La personne schizophrène est submergée par un flux incontrôlable d’émotions vives et douloureuses qu’elle ne sait pas filtrer. Le cerveau n’arrive plus à trouver le repos et à fonctionner en paix, d’où l’apparente désorganisation de la pensée. En réalité, la personne est bien souvent consciente de son état mais incapable d’y faire face, la pensée n’est plus dirigée par la personne mais soumise aux caprices d’une sorte de démon intérieur. La personne a l’impression d’influencer l’univers entier par ses pensées ou par ses actes, elle en ressent une culpabilité et une terreur immense. Elle a aussi l’impression que tout s’adresse à elle, que le moindre évènement est dirigé contre elle et qu’il a une signification que le monde ignore mais qui a une importance vitale. Comme le disait une personne, dans cette maladie, tout est vital.

    7-Sauriez-vous nous expliquer ce qui permet le passage d’un moment difficile où les pensées deviennent envahissantes à un moment de calme et de sérénité ? Comment opérer cette transition ? Y a-t-il des « techniques » ? Quels conseils donneriez-vous ?

    C’est vraiment une question difficile, cela peut survenir naturellement quand la personne va mieux, quand le délire s’affaiblit. Tant que le délire est là, la personne est pratiquement impuissante à le gérer. Il faut profiter des périodes de répit pour se renforcer, pour savoir préserver son équilibre. Des exercices comme la méditation peuvent aider à gérer ses émotions et son corps en général. Il faut aussi noter les signes annonciateurs des crises et savoir se protéger quand ils apparaissent, certains y arrivent assez bien. Cela tient beaucoup de l’expérience de chacun et s’acquiert avec l’âge, il est important de reconnaitre ses faiblesses et les transformer en forces. Au risque de choquer, on peut dire aussi que certains parviennent à se renforcer par des pratiques spirituelles, par la croyance, mais c’est une affaire très personnelle, c’est à chacun de trouver sa voie.

     

     

    Merci pour ces explications très claires et qui permettent de mettre des mots sur des phénomènes difficiles à comprendre.

    Qu' en est-il de la schizophrénie?
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  • <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Qu'est- ce que la santé mentale? </figure>

    Qu'est-ce que la santé mentale?

    Selon l'organisation mondiale de la santé, la santé mentale "est un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés de la vie, de travailler avec succès, de manière productive et d'apporter une contribution à la société."

    La santé, c'est le bien-être au-delà même de l'idée de maladie.

     

    Différence entre troubles psychiques et maladie psychique

     

    Les troubles psychiques -dépression, anxiété (une personne sur 4 en souffrent)- sont à différencier des maladies mentales (schizophrénie, maladie bipolaire, tocs envahissants). Elles peuvent toucher tout le monde, personne n'est à l'abri.

    Les maladies mentales sont bio-psycho-sociales. Elles ont des causes héréditaires (bio= la vie), psychiques car elles dépendent de la force intérieure de chacun et de la faculté à se défendre ou non des attaques que l'on reçoit dans la vie et elles dépendent du milieu: une personne qui vit dans un milieu aimant, protecteur à moins de chance de développer la maladie.

    2% de la population en sont atteints. Elles se manifestent par la perte du discernement.

     

    Stigmatisation et déstigmatisation

    Les malades psychiques subissent une triple peine:

    1) on n'y peut rien,

    2)ces maladies portent en elles un phénomène de co-morbidité (appétences pour les produits toxiques),

    3) elles sont stigmatisées.

    A la télé, on entend des phrases stigmatisantes telles que celles-ci: " cette attitude est schizophrénique", "cette situation est schizophrénique". Dit-on cela pour le diabète? Non.

    12 millions d'habitants en France souffrent de maladie mentale. On n'a pas de politique de prévention. On ne dit pas que c'est une maladie qui se soigne comme les autres. Il faut amener une déstigmatisation en disant que cela se soigne et en apportant un espoir d'amélioration.

    On est tous plus ou moins fous. Ce sont les situations qui déclenchent ou pas la pathologie.

     

    En conclusion, Il est important de répondre aux difficultés de chacun et d'apporter de vrais soins, ce que ne fait pas toujours la psychiatrie. Les gens qui souffrent de cette maladie ne doivent pas être stigmatisés, mais accompagnés, pour éviter le sentiment de honte que certains peuvent ressentir. Il est essentiel d' aider ceux qui en souffrent à vivre avec, par la prévention et en nommant et expliquant ce mal, afin que tout le monde le comprenne. Il faut changer le regard sur les maladies psychiques en repensant à la phrase du Petit Prince: "on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux." St-Exupéry.

     

    Lien externe:

    Cet article a été réalisé à partir de l'émission de France culture écoutée sur le blog schizomanies dont voici le lien:

    http://schizomanies.blogspot.fr/2014/03/quest-ce-que-la-sante-mentale.html

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  •                                                                            La douleur d'exister

    Dans son poème "Bénédiction", extrait des "Fleurs du Mal", Baudelaire exprime la douleur d'exister. Voici ce poème commenté:

    Bénédiction

    "Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,

    Le poète apparaît dans ce monde ennuyé,

    Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes

    Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :

    - " Ah ! Que n'ai-je mis bas tout un nœud de vipères,

    Plutôt que de nourrir cette dérision !

    Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères

    Où mon ventre a conçu mon expiation ! "

    Commentaire: La mère qui est source de tout amour ici-bas rejette son enfant et accable Dieu de lui avoir fait le tort de mettre au monde un monstre. Le poète maudit accepte avec douceur la souffrance que le ciel lui impose et, guidé par un ange protecteur, envisage ses offenses comme la porte qui entrouvre le paradis.

    - " Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance

    Comme un divin remède à nos impuretés

    Et comme la meilleure et la plus pure essence

    Qui prépare les forts aux saintes voluptés !

    Je sais que vous gardez une place au poète

    Dans les rangs bienheureux des saintes légions,

    Et que vous l'invitez à l'éternelle fête

    Des trônes, des vertus, des dominations. "

    Baudelaire – Les Fleurs du Mal

    Commentaire: Seuls ceux qui ont connu le mépris des hommes et la douleur d’exister pourront jouir pleinement des mystérieux bonheurs que le ciel nous promet. Les autres, les rustres, satisfaits de leur médiocre haine ordinaire et heureux sur terre de goûter à un bonheur éphémère seront bannis de l’extase divine car ils n’ont pas d’âme digne de l’accueillir et d’apprécier ses délices subtils. On a rejeté Baudelaire, non pas parce qu’il usait d’un vocabulaire cru, mais parce qu’il mettait la société en face de sa tyrannie envers les misérables et qu’il la condamnait à contempler sa médiocrité et son ordinaire méchanceté. Ils ne lui ont pas pardonné d’avoir révélé les véritables intentions du ciel qui accueille avec bienveillance les malchanceux, les déshérités et qui condamne les méchants ordinaires repus de vanité et de cruauté.

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  • <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> La dépression: la difficulté d'être soi? </figure>

    Selon un rapport publié en mai 2014 par l'OMS (l'organisation mondiale de la santé) la dépression serait la cause N°1 des maladies des adolescents (entre 10 et 19 ans) dans le monde. Mais d'où provient cette douleur?

    Plusieurs hypothèses s'offrent à nous:

    -un conflit entre le permis et l'interdit?

    -la douleur de la responsabilité :admettre ses fautes, les assumer et supporter les conséquences de ses actes dans un monde où la morale est fluctuante et où les repères sont fragiles?

    -Sommes-nous capables de répondre à ses questions: comment agir? Qui devenir? Que choisir? De là peut naître le sentiment d'une insuffisance, de n'être pas à la hauteur de ses choix, de manquer de confiance en soi, de ne pas parvenir à agir. De ce déséquilibre intérieur peut naître la dépression.

    -Insécurité identitaire? Qui sommes-nous? Qu'aimerions-nous être?

    La thèse de Freud

    Selon Freud, « le sentiment de culpabilité » est « le problème capital du développement de la civilisation », il se manifeste sous forme de « besoin de punition ». La névrose est une pathologie de la culpabilité dont le noyau est un conflit entre le permis et l’interdit.

    Une explication sociologique

    La dépression émerge dans un contexte de changement normatif qui devient sensible au cours des années 1960 et surtout des années 1970. L’amélioration des conditions matérielles, de l’éducation et de la protection sociale ont ébranlé l’ancien système normatif et ont offert une indépendance nouvelle à chacun. Au règne de l'obéissance a succédé celui de l'action et donc de la responsabilité, notion qui pose problème. Sommes-nous assez forts pour assumer les conséquences de nos actes?

    Selon le philosophe Alain Erhenberg, "la dépression est une pathologie de la grandeur. Elle n’est pas déclenchée par la vieille culpabilité bourgeoise et la lutte pour s’affranchir de la loi des pères, mais par la peur de ne pas être à la hauteur de ses propres idéaux et par l’impuissance qui en résulte. La dépression est donc la contrepartie de la démocratisation de l’exceptionnel, de cette quête de n’être que soi-même qui est le premier vecteur de redéfinition de l’individualité."

    A l'importance de la discipline a succédé celle de l'autonomie, de notre capacité à être nos propres guides.Or, cela s'apprend par l'éducation notamment et lorsque celle-ci est défaillante, un conflit intérieur peut se déclencher. De plus, dans une société où tout semble facile au premier abord -une société de consommation, de loisir- nous ne sommes pas habitués à travailler sur nous-mêmes, à gérer notre esprit, à lui proposer une nourriture qui le satisfasse véritablement, lui permette d'être serein, de chasser ses angoisses. On ne nous apprend pas à gérer la douleur intérieure. C'est probablement la réflexion qu'il faudra amorcer pour notre avenir si nous voulons que cette maladie ne décime pas une bonne partie de notre population, puisqu'elle engendre des troubles physiques et peut même conduire au suicide.

    Qu'en dit la psychiatrie?

    La psychiatrie met l’accent sur la notion d’inhibition qui devient le concept cardinal de la dépression au début des années 1980 : c’est sur elle plus que sur la douleur morale et la tristesse, montre-t-elle expérimentalement, qu’agissent les antidépresseurs. La dépression est alors moins une passion triste qu’une action insuffisante.

    Une définition de la dépression selon le SMPG

    Un épisode dépressif est défini, d’après une enquête « Santé mentale en population générale (SMPG) »(1), comme la persistance chez l’individu d’au moins quatre symptômes décrits par les classifications internationales. Au choix : tristesse, diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir, réduction de l’énergie, augmentation de la fatigabilité, troubles de l’appétit ou du sommeil, ralentissement ou agitation psychomotrice, sentiment d’infériorité ou de culpabilité inappropriée, difficultés de concentration, idées noires, plus de rêves pour soi et avec l'autre… (Pierre-Henri Tavoillot)

    (1) Le SMPG est le centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé et direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (1999-2003).

    Comment y remédier?

    Chacun trouvera bien sûr sa réponse. Il n'y a pas de vérités universelles en ce domaine.

    • Mais au vu des constats qui ont été faits et qu'il faut adapter à chaque individu, on peut penser que le développement de la confiance en soi, en se donnant des objectifs réalisables qui ne nous conduisent pas à des situations d'échec, en étant un peu moins orgueilleux et un peu plus humbles, peuvent nous aider à aller mieux .
    • Par ailleurs, le développement des recherches dans le domaine de la psychiatrie -encore trop délaissées aujourd'hui- pourrait permettre de soigner ces difficultés qui traversent l'être, en oubliant un peu l'avoir -trop dominant aujourd'hui-.
    • On peut penser aussi que la réflexion sur la bonne action pour soi peut être un moteur positif. Elle reste à trouver. Elle n'est pas comme une recette de cuisine, elle demande à chacun de savoir se diriger en soi et de faire, en tentant de réussir, en se complimentant d'avoir agi et en acceptant aussi les erreurs inhérentes auxquelles nous conduisent nos actions.

    Pour conclure, en l'absence d'une morale affirmative et un peu directive, l'homme est perdu en lui, ne sait pas gérer sa liberté et cela crée un mal-être, un malaise dont la dépression serait un symptôme.

    Possibilité de débat: Quelles seraient vos solutions? Vos propositions? Un débat pourrait être organisé autour de ces questions. Qu'Est-ce qui aide à aller mieux? Quelles expériences tenter? Comment lutter contre la dépression et les idées noires?

    Témoignage d'un adulte ayant souffert de dépression:

    "J'ai fait l'expérience de plusieurs dépressions, j'ai pris des antidépresseurs mais je n'ai pas l'impression que ça m'ait servi à grand chose. En fait, j'ai été déprimé quand les difficultés s'accumulaient et que je ne voyais aucun moyen de m'en sortir. Ces difficultés étaient d'ordre psychologique et matériel et personne n'avait de solution, personne ne me comprenait ni tentait de m'aider. Je me suis retrouvé seul à ruminer mes idées noires et à me voir finir à la rue ou mourir. C'est la perspective du néant. Je ne sais pas comment je m'en suis sorti exactement, peut être en faisant abstraction de certaines choses et en m'intéressant à d'autres. Il y a une part de mystère. La méditation ou la prière peuvent aider et aussi l'exercice physique, l'hygiène de vie. Il faut aussi compter sur sa bonne étoile.

    Dans ce genre de cas, on se retrouve souvent seul car les gens ordinaires fuient la maladie, les amis se détournent, on ne peut pas compter sur grand monde, c'est un constat général, on pourrait interroger beaucoup de personnes qui diraient la même chose. La dépression fait fuir, toutes les maladies d'une manière générale, mais les maladies psychiques sont encore pires. La foi aide, bien sûr mais il faut la conserver ce qui au fond du désespoir n'est pas donné à tout le monde. "

    A la lecture de ce très intéressant témoignage, on peut en déduire que développer l'espoir et la solidarité dans notre société sont d'une grande importance, le désir et la Foi peut-être pour combattre le néant.

    On peut s'interroger aussi sur l'intérêt de remplacer un manque humain (tel que l'absence de solidarité) par une substance chimique. Les antidépresseurs ont-ils le pouvoir de combler l'absence de chaleur affective d'un monde devenu parfois trop mécanique?

    Je préfère voir se profiler à l'horizon des montagnes à franchir plutôt que la fatalité.

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