• <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Moi unifié, moi éclaté (Divry, Kristeva) </figure>

    La catégorie "les contraires" visent à mettre en évidence les contradictions qu'on trouve en l'homme et les différences qu'il peut y avoir entre deux aspects humains. Aujourd'hui, nous traiterons des écarts entre un moi unifié et un moi éclaté. Dans la maladie mentale, et notamment dans la schizophrénie, le moi est éclaté. C'est comme si l'atome de l'être avait été touché et profondément abîmé. Il est nécessaire de le réparer. Mais comment le faire naturellement? Par la méditation peut-être et l'action douce. Il est intéressant dans cette perspective de s'interroger sur ces deux aspects et de tenter de construire ce qu'il manque en prenant modèle sur ce qu'est un moi unifié et sur son utilité.

    Ce travail intérieur peut être réalisé par n'importe qui. En effet, la santé mentale est l'affaire de tous. Elle n'est pas donnée à vie. Elle s'alimente, se construit par des actions quotidiennes et des pensées positives.

    Qu'Est-ce qu'un moi unifié?

    M.Divry, cité dans l'ouvrage d'Eugène Minkowski La Schizophrénie, explique ce qu'il entend par moi unifié (p.150-151):

    "Le moi conscient représente cette sensation intime d'une sorte de centre dynamique, de fonction psychique synthétisante, nous donnant la notion de l'existence de notre propre corps, dans sa valeur physique et psychique, et qui, en même temps, est capable de recevoir, en les assimilant, des données du monde extérieur et d'agir en retour sur lui.

    Quoique un dans notre vie consciente, le moi peut être envisagé sous deux aspects fonctionnels que nous qualifierons immédiatement, pour faciliter l'exposé, de moi intuitif ou pratique et de moi intellectuel ou spéculatif. Le moi intuitif ou pratique est le facteur dynamique du moi qui agit dans l'expérience journalière; quoiqu'éclairé par la conscience, il conserve un caractère de spontanéité, d'instinctivité, d'activité réflective; c'est par lui surtout que nous percevons, sentons, agissons, d'instinct pour ainsi dire,c'est une sorte d'instinct sublimé, d'instinct qui a fusé dans le domaine de la conscience; l'ardeur irréfléchie avec laquelle nous prenons parti dans certaines questions, dit Bergson, prouve assez bien que notre intelligence a ses instincts (...). (...)Le moi pratique nous fait vivre dans l'impression que notre sensation a un répondant objectif adéquat, en d'autres termes, que le monde extérieur existe avec les qualités que la sensation a fait pénétrer dans notre conscience; le moi intellectuel peut éveiller le doute: il nous fait arriver à la considération logique qu'en somme, nous ne connaissons du monde extérieur que nos sensations et que rien n'est moins certain que le contenu de celles-ci traduise fidèlement les phénomènes objectifs (...).

    Si nous appliquons notre point de vue à la question du sens réel, nous dirons que la perte du sens réel résulte de la chute fonctionnelle du moi pratique: c'est un trouble de cette partie du moi qui a conservé quelque chose d'instinctif dans son activité.

    Ces malades sont raisonneurs et parfois intelligents, de sorte que, par abaissement de la fonction pratique du moi, d'une part, hyperactivité de sa fonction spéculative d'autre part, il s'établit un déséquilibre marqué dans leur activité psychique.

    La conscience a en quelque sorte perdu son instinct, par contre, le malade ergote d'une façon intarissable au sujet de son affection, réaction stérile du moi intellectuel.

    Vous pouvez me questionner sur tout, dit un malade, je saurai vous répondre, mais j'ai l'impression que rien "n'existe". N'est-ce pas mettre le doigt sur un manque de consécration du moi conscient et, dans notre hypothèse, sur la perte de cette activité intuitive de notre moi, qui nous fait vivre en quelque sorte les choses, les identifiant à la perception consciente que nous en avons?"

    Commentaire

    En somme, un moi unifié est composé d'une part intuitive ou pratique et d'une part intellectuelle qui doivent être en harmonie et s'équilibrer. Dans la maladie, ces deux parties ne jouent pas leur rôle, l'une étant souvent hypertrophiée. La discussion avec des personnes de l'entourage peut permettre d'avoir un avis éclairé sur la question: sommes-nous dans le juste ou non? Les petites actions quotidiennes ont aussi leur importance: vivre reclus n'est pas bon, il faut s'ouvrir aux autres et faire confiance, ne pas regarder le monde à travers des lunettes sombres qui le déforment. Se laisser aller à la rêverie plaisante et réaliste. Que savons-nous faire? Que peut-on mettre en œuvre de positif pour soi et pour les autres?

    .........................

    Le moi éclaté, un moi "qui tombe littéralement en morceaux" dans la personnalité schizoïde (Julia Kristeva Soleil noir: dépression et mélancolie, p28)

    Julia Kristeva explique que le morcellement du moi viendrait d'une réaction à une attaque mortifère. La pulsion de mort fait son entrée en scène et la personne, pour ne pas se désintégrer, pour ne pas mourir, va se morceler. A Green dans Narcissisme de vie, Narcissisme de mort dira: "Le moi archaïque manque largement de cohésion et une tendance à l'intégration alterne avec une tendance à la désintégration, à tomber en morceaux (...). L'angoisse d'être détruit de l'intérieur reste active." Julia Kristeva ajoutera à cette remarque que "si la fragmentation schizoïde est une manifestation radicale et paroxystique du morcellement, on peut considérer l'inhibition mélancolique comme une autre manifestation de la désintégration des liens." L'affect dépressif peut être interprété comme une défense contre le morcellement. En effet, la tristesse reconstitue une cohésion affective du moi qui réintègre son unité dans l'enveloppe de l'affect.

    "Ainsi donc, le morcellement schizoïde est une défense contre la mort -contre la somatisation ou le suicide. La dépression, au contraire, fait l'économie de l'angoisse schizoïde de la fragmentation." (p.30)

    Commentaire

    Comment retrouver l'unité du moi? En acceptant la mort comme faisant partie de la vie. Montaigne disait: "Philosopher, c'est apprendre à mourir." C'est cette non -acceptation du changement que produit la mort qui crée le morcellement ou la dépression. Vivre, mourir, renaître font partie de ce que l'homme doit apprendre spirituellement pour pouvoir évoluer. Il faut savoir perdre, se dépassionner, se défusionner pour avancer sereinement et aller vers quelque chose de plus grand: la réalisation de soi.

     

     

    Ainsi donc, le morcellement schizoïde est une défense contre la mort -contre la somatisation ou le suicide. La dépression, au contraire, fait l'économie de l'angoisse schizoïde de la fragmentation.

    Julia Kristeva-Soleil noir, p.30.

    L'ennemi dans la glace-Alain Chamfort

    Mes cauchemars anciens reviennent. Cette nuit, j'ai senti quelqu'un accroupi sur moi et, qui sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entre mes lèvres.

    Maupassant-Le Horla

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  • <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Citation reprise par Sénèque sur l'adversité </figure>
    "Ce qui advient à quelqu'un, peut advenir à tous." (de Publiulius, repris par Sénèque dans le chapitre "Supériorité et détachement du sage", De la tranquillité de l'âme.)

    Passage complet (remise en contexte)

    [11,8] La plupart des hommes toutefois, quand ils se mettent en mer, ne songent point à la tempête. Jamais, quand j'y trouve une chose bonne, je ne me ferai faute d'alléguer un assez mauvais auteur. Publilius, dont l'énergie surpassait celle de tous les poètes tragiques et comiques, toutes les fois qu'il voulut renoncer à ses plates bouffonneries et à ses quolibets faits pour les dernières classes du peuple, a dit, entre autres mots non seulement plus relevés que la comédie ne le comporte, mais au-dessus même de la gravité du cothurne (1) : "Ce qui advient à quelqu'un, peut advenir à tous." Si l'on pouvait jusqu'au fond de l'âme se pénétrer de cette vérité, et se représenter que tous les maux qui arrivent aux autres, chaque jour et en si grand nombre, ont le chemin libre pour parvenir jusqu'à nous, on serait armé avant que d'être attaqué. Il est trop tard, pour fortifier son âme contre le péril, quand le péril est en présence.

    (1) Cothurne: ce sont des chaussures lacées sur le devant du mollet que les acteurs tragiques utilisaient pour paraître plus grands, car leurs semelles en liège les rehaussaient. Ce nom devient ensuite le symbole du tragique. Sénèque veut donc dire que cette phrase est au-dessus du genre tragique, pourtant considéré comme genre noble dans l'Antiquité.

    Commentaire

    Sénèque est un philosophe stoïque qui nous apprend à garder notre sang-froid en toutes circonstances. Sa philosophie repose sur la préparation psychique à l'adversité, bien nécessaire lorsque nous sommes malades ou en présence de personnes qui ne vont pas bien et qui peuvent nous aspirer vers le bas si nous n'y sommes pas préparés. Cette force d'âme qui peut nous permettre de tout surmonter doit être cultivée afin d'être capable de garder notre sérénité en toutes circonstances.

    Cette citation peut aussi nous rappeler l'humilité qu'on doit garder le plus souvent. En effet, qui est à l'abri d'être malade un jour? Tout le monde, par ailleurs, connait la mort. Il est donc important de ne pas mépriser les autres, malgré leurs faiblesses et de se préparer à toute éventualité de façon sereine. C'est un long exercice qui est loin d'être facile...

    Ce qui peut arriver à quelqu'un peut arriver à n'importe qui: personne n'est à l'abri, l'épreuve de la maladie par exemple. On est tous égaux en quelque sorte, on est tous faibles bien que certains se croient invincibles; ce sont ceux là qui sont le plus à plaindre, finalement, car la désillusion sera cruelle. On peut se consoler ainsi de subir les épreuves, si on sait les recevoir et s'en sortir renforcé, on gagne en sagesse et on découvre un autre monde qui n'est pas celui des apparences.

    Et laissons à nouveau la parole à Sénèque pour finir:

    La maladie, la captivité, la chute ou l'incendie de ma maison, rien de tous ces maux n'est inattendu pour moi : je savais bien dans quel logis, bruyant et tumultueux, la nature m'avait confiné. Tant de fois, dans mon voisinage, j'ai entendu le dernier adieu adressé aux morts ; tant de fois, devant ma porte, j'ai vu les torches et les flambeaux précéder des funérailles prématurées. Souvent a retenti à mes oreilles le fracas d'un édifice qui s'écroulait. Et combien de personnes sortant avec moi du barreau, du sénat, d'un entretien, ont été emportées dans la nuit ! Combien la mort a, dans leur étreinte, séparé de mains unies par la confraternité ! M'étonnerais-je de me voir quelquefois atteint par des dangers qui n'ont jamais cessé de planer autour de moi ?

    Pour lire l'ouvrage sur le net

    De la tranquillité de l'âme, Sénèque

    http://bcs.fltr.ucl.ac.be/sen/ta.html#Comment

    Ce qui advient à quelqu'un, peut advenir à tous."

    Citation de Publilius, reprise par Sénèque dans "De la tranquillité de l'âme"

    "Mort de Socrate" (a) Erik Satie

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  • <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Le véritable amour </figure>

    Le véritable amour exige

    Que nous souffrions,

    Que je permette à

    Mon amour de briser mon cœur, morceau par morceau

    Et continuer pourtant

    A aimer avec un coeur

    Qui n'en est que plus grand.

    Scott Peck - Au-delà du chemin le moins fréquenté (p.337) du chapitre "La poésie de Dieu"

    Commentaire

    Le véritable amour est lié à l'évolution spirituelle et demande un effort, c'est pourquoi il crée de la souffrance parfois. Les blocages psychospirituels peuvent entraîner des dysfonctionnements physiques et psychiques qui sont à l'origine de certaines maladies. La recherche de l'amour inconditionnel, du don de soi est un travail quotidien qui favorise la santé mentale, le bien-être, mais n'est pas dénué d'effort et donc de souffrance.

    Il est cependant important de distinguer la souffrance salutaire, engendrée par l'effort et celle qui détruit: la souffrance qui abîme et laisse des séquelles permanentes. Tout est toujours affaire de nuances et de degrés.

    Rappelons que l'amour est à la source de toute guérison.

    Liens internes

    • Qu'est-ce que le véritable amour?

    http://folieetespoir.over-blog.com/2014/05/qu-est-ce-que-le-veritable-amour.html

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  •                                                                                  La guérison possible de la schizophrénie (Minkowski)

    Eugène Minkowski, célèbre psychiatre français, rédige en 1929 un ouvrage fondamental sur la schizophrénie. Dans le dernier chapitre, il explique pourquoi les recherches dans ce domaine permettent de penser que la schizophrénie se soigne. Bleuler a permis de sortir de la terminologie emprisonnante de "démence précoce" pour désigner cette maladie. La démence renvoie à un affaiblissement des facultés intellectuelles et mémorielles. Or, le schizophrène ne possède aucune de ces deux défaillances: il a toutes ses capacités intellectuelles et n'a pas de troubles de la mémoire. La pathologie reposerait davantage dans l'émoussement affectif et le déficit pragmatique. Eugène Minkowski, dans la dernière partie de son livre, nous explique sa méthode thérapeutique et espère voir émerger après lui des psychiatres-thérapeutes. Sa parole mérite d'être entendue, car elle est encore très actuelle. Il serait bon qu'elle trouve des relais et un prolongement.

    Quelles sont les solutions à mettre en place pour aider le malade à guérir?

    -le placement familial: il s'agit d'une mesure thérapeutique. Le schizophrène fuit volontiers la réalité pour se réfugier dans son autisme. L'hôpital psychiatrique n'est donc guère indiqué pour lui lorsque le séjour devient trop long. Il s'adapte à l'hôpital et peut se figer. Le placement familial combat efficacement cette tendance. Sans remettre brusquement le malade dans la vie courante, il permet d'y pénétrer doucement, sans brusquerie.

    -la thérapie du travail: le schizophrène a besoin de cadres fixes à quoi se raccrocher. Seul un travail régulier peut fournir de tels cadres. Il faut évidemment que ce labeur soit plaisant et adapté au goût du patient.

    Les qualités qu'un psychiatre doit avoir:

    -une intuition basée sur une véritable qualité d'écoute: le médecin doit savoir intervenir au moment propice. "L'intuition trouvera ceux qui sont encore intacts, cherchera à accorder ceux qui sonnent faux, n'hésitera même pas à tendre à nouveau ceux qui semblent brisés à tout jamais et, sans se laisser décourager par les notes disharmonieuses et grinçantes du début, elle arrivera à tirer du violon cassé un chant lent, mais mélodieux."

    -la foi en la guérison et l'enthousiasme qu'il fera passer au personnel et à l'entourage du malade.

    -il doit garder espoir et ne pas céder au découragement:

    "Il devient ainsi du devoir du médecin d'essayer toujours à nouveau de pratiquer une brèche dans les réactions schizophréniques. Les échecs ne doivent point le décourager. Sans se lasser, il recommencera à nouveau. Tôt ou tard, il réussira, si seulement il possède l'intuition nécessaire."

    -Il est important de faire changer les patients de lieu quand le moment est propice. Les sorties précoces peuvent être positives aussi.

    -le médecin doit travailler avec souplesse et ne pas appliquer des doctrines rigides. Il doit être capable de s'adapter à la situation. Il est important d'établir un contact affectif avec le malade pour réduire son autisme. "Sans se borner à l'inconscient, il fera une large part, dans son appréciation, aux forces conscientes, aussi morbides que celles-ci puissent paraître."

    Au final, tout est question de doigté, de mesure et d'écoute. Mais comme pour tout, la guérison et l'évolution sont question des efforts fournis par le malade aussi.

    Bibliographie

    Eugène Minkowski- La Schizophrénie, édition Payot, 1927, réédité en 2002.

     

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    Commentaire de l'image choisie: le BONSAI

    Chez les Asiatiques, le bonsaï relie le ciel à la terre, il est symbole d'ETERNITE. C'est un moyen d'atteindre Dieu grâce à l'humilité et à la patience qu'il requiert. L'arbre est un symbole d'endurance et de longévité qui peut représenter dans le contexte qui est le nôtre, la patience du thérapeute et la persévérance du malade qui doit franchir de nombreux obstacles pour aller vers la guérison. Les Japonais pensaient aussi qu'on pouvait vivre plus vieux et en meilleure santé grâce à la présence de ces arbres miniatures.

    Comprimé dans ces élans, contrarié dans sa croissance, robuste et fragile, gracieux et tourmenté, le bonsaï est une sculpture vivante en miniature. Chaque espèce a une signification particulière : vitalité et bonheur pour le pin, sagesse pour le bambou, vertu pour le prunus.

    La règle la plus importante à suivre selon les Japonais, en ce qui concerne les bonsaïs, est « si tu aimes ce à quoi il ressemble, c'est un beau bonsaï ». L'amour permet de faire croître un être vivant et donne donc longévité et robustesse à ce qui est choyé, cultivé.

    Car si le schizophrène est le plus immobile et le plus tenace des malades, il est aussi celui qui possède, plus qu'un autre, la faculté de passer d'une façon inattendue d'un état à un autre, de transformer ses réactions en comportement presque normal.

    Minkowski-La schizophrénie

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  •  La schizophrénie et la perte de contact vital avec la réalit 

    Eugène Minkowski, célèbre psychiatre français, dans son ouvrage intitulé "La Schizophrénie" (1929) va plus loin que Bleuler, l'inventeur du terme, en expliquant que la schizophrénie repose dans son fondement psychopathologique sur la perte de contact vital avec la réalité. Mais qu'entend-il par là? Son discours est d'une grande précision et mérite d'être analysé et résumé. Il apporte des nuances indispensables à la compréhension de la maladie.

    Définition gobale de la schizophrénie

    Eugène Minkowski explique que la schizophrénie se développe à partir de traits de la personnalité schizoïde qu'on rencontre chez tout être humain (voir l'article sur la schizophrénie selon Minkowski) et chez les personnes dites "normales". La schizoïdie se transforme en schizophrénie lorsqu'un processus morbide intervient, c'est pourquoi on a regroupé plusieurs maladies sous ce nom général de schizophrénie (la paranoïa, l'hébéphrénie et la catatonie). La schizophrénie se caractérise par un émoussement affectif, par la perte de l'unité intérieure:

    -Kraepelin parle d'un "orchestre sans chef"

    -Chaslin d'une "machine sans combustible"

    -et Anglade d'"un livre sans reliure". Les pages sont mélangées et l'ensemble ne présente pas de cohérence.

    Eugène Minkowski insiste sur le fait que la schizophrénie se caractérise par un manque de but réel et d'idées directrices, par l'absence de contact affectif et surtout par la perte du contact vital avec la réalité.

    Perte du contact VITAL avec la réalité

    Voici ce qu'en dit Eugène Minkowski (p.106):

    "Le contact vital avec la réalité semble bien se rapporter aux facteurs irrationnels de la vie. Les concepts ordinaires, élaborés par la physiologie et la psychologie, tels que excitation, sensation, réflexe, réaction motrice etc...passent à côté, sans l'atteindre, sans même l'effleurer. Les aveugles, les mutilés, les paralysés peuvent vivre en contact bien plus intime avec l'ambiance que les individus dont la vue est intact et qui ont leurs quatre membres; les schizophrènes, d'autre part, perdent ce contact, sans que leur appareil sensitivo-moteur, sans que leur mémoire, sans que leur intelligence même soient altérés. Le contact vital avec la réalité vise bien davantage le fond même, l'essence de la personnalité vivante, dans ses rapports avec l'ambiance. (...) Cette ambiance est ce flot mouvant qui nous enveloppe de toutes parts et qui constitue le milieu sans lequel nous ne saurions vivre. Les "événements" en émergent comme des îlots, ils viennent ébranler les fibres les plus intimes de notre personnalité, la pénètrent. Et celle-ci de nouveau les fait siens, vibre, comme une corde tendue, à l'unisson avec eux, s'en pénètre à son tour et, en y joignant les facteurs dont se compose sa vie intime, réagit d'une façon personnelle, non par des contractions musculaires, mais par des actes, par des sentiments, par des rires ou des larmes, qui viennent se poser sur les flots du devenir ambiant, s'y perdent comme une goutte d'eau, s'en vont vers l'infini qui nous échappe. C'est ainsi que s'établit cette harmonie merveilleuse entre nous et la réalité, harmonie qui nous permet de suivre la marche du monde, tout en sauvegardant la notion de notre propre vie."

    La différence avec Bleuler, l'inventeur du terme de "schizophrénie" (p.109)

    "Nous retrouvons l'idée d'une perturbation profonde d'avec le monde extérieur d'un bout à l'autre du livre de Bleuler sur la schizophrénie. Bleuler cependant met au premier plan les symptômes cardinaux et élémentaires de cette affection, concernant l'idéation, l'affectivité et les volitions du malade, et tout en insistant sur la perte de contact avec la réalité (autisme), il ne fait pas cependant de cette perte le trouble générateur dont découleraient tous les autres. Le contact vital avec la réalité n'est pas pour lui un facteur régulateur essentiel de la vie auquel on pourrait subordonner les autres fonctions psychiques. Fidèle à l'associationnisme, il défend, dans sa théorie de la schizophrénie, l'opinion qu'un trouble particulier dans les associations des idées est le trouble premier de cette affection. Il cherche ensuite une base organique pour ce trouble."

    Pour conclure, la réflexion d'Eugène Minkowski a l'avantage d'aller plus loin que celle de son inventeur. Il fait partie des psychiatres qui croit profondément que la schizophrénie peut se soigner (cela fera l'objet d'un prochain article). Il dira: "Oui, en psychiatrie plus qu'ailleurs, il nous faut non seulement des connaissances, mais encore de l'enthousiasme et de la foi."

    Citation d'Eugène Minkowski

    "Oui, en psychiatrie plus qu'ailleurs, il nous faut non seulement des connaissances, mais encore de l'enthousiasme et de la foi."

    Eugène Minkowski-La Schizophrénie

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