• <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Faire le tri dans ses pensées </figure>

    Chaque être humain doit apprendre à séparer les bonnes et les mauvaises pensées qui circulent dans son esprit. On peut se demander qui fait ce travail dans l'enfance: sont-ce les parents, les éducateurs, nous-mêmes? Il paraît évident que les adultes ont un rôle essentiel à jouer dans ce tri des pensées, pour orienter l'enfant, le guider vers le meilleur de lui-même. Qu'en est-il donc lorsque l'adulte ne joue pas ce rôle, lorsqu'il dit de faire des choses que lui-même n'applique pas? Quels sont les repères pour l'enfant? Que se passe-t-il lorsque dans l'éducation ce tri entre le bon grain et l'ivraie n'est pas fait, lorsque notre jardin intérieur n'est pas cultivé? On peut songer que les mauvaises herbes y poussent, que l'enfant est alors submergé par ses émotions négatives, qu'il est noyé en lui, perdu et qu'il peut tomber malade à l'adolescence, période à laquelle il doit apprendre à voler de ses propres ailes, à se construire en tant qu'adulte. Comment se construire quand les bases psychiques ne sont pas solides, lorsque notre maison repose sur des pieds d'argile? Tout s'écroule et on peut penser que ce processus est semblable, du moins, en partie, à l'expérience apocalyptique de la crise existentielle, du délire incontrôlable.

    Comment apprend-on à séparer le bon grain de l'ivraie?

    L'expression "séparer le bon grain de l'ivraie" signifie savoir distinguer les bons et les méchants, le vrai et le faux, le mal et le bien autour de soi et en soi. Cette expression biblique apparaît dans une des paraboles de Jésus, mais peut s'appliquer à bon nombre de situations, notamment dans la capacité à faire le tri de ses mauvaises et bonnes pensées. Que répondre à quelqu'un qui nous fait du mal et nous dit: "je le pense ou je le pensais." Que signifie penser? N'Est-ce pas une idée qui nous passe par la tête, une mauvaise pensée que nous n'avons pas su écarter et qui nous pollue et pollue l'autre? Ce tri n'est-il pas nécessaire pour évoluer en adulte responsable? Et quel crédit accorder à ce "je le pensais"?

     

    Le sens des mots

    L'ivraie est une graminée sauvage et nuisible qui est censée provoquer une sorte d'ivresse (le mot dérive indirectement du latin populaire 'ebriacus' qui signifiait 'ivresse'). Au début de sa pousse, son aspect est assez peu différent de celui du blé au milieu duquel elle peut croître, puis elle s'en différencie (voir la photo). L'ivraie devait être arrachée à la main pour ne pas gâter la récolte.

    La parabole de Jésus

    On comprend alors que, selon Matthieu, Jésus a pu désigner l'ivraie comme le symbole des méchants, car c'est bien là une "mauvaise graine". Dans cette parabole, alors qu'un ennemi a semé de l'ivraie dans un champ de blé, le maître dit à ses serviteurs de ne surtout pas chercher à l'enlever tant que la moisson n'est pas prête, sinon ils risqueraient d'arracher également le bon grain. Il leur demande donc d'attendre le bon moment, de ramasser alors l'ivraie pour la faire brûler, puis de moissonner le blé pour le ranger dans le grenier. Lorsque Jésus, à leur demande, explique à ses disciples le sens de cette parabole, il leur dit la chose suivante :

    •Le champ représente le monde ;

    •Celui qui sème le blé est le Fils de l'homme (Jésus lui-même) ;

    •Les bons grains sont les sujets du Royaume ;

    •L'ivraie représente les sujets du Mauvais ;

    •Celui qui la sème est le Diable ;

    •La moisson, c'est la fin du monde ;

    •Les moissonneurs sont les anges.

    Ainsi, dans cette allégorie, les bons et les méchants sont condamnés à vivre ensemble, mais au moment du Jugement Dernier, le Fils de l'homme enverra ses anges qui élimineront tous les méchants pour les jeter dans la fournaise ardente (l'enfer), alors que les justes iront dans le Royaume des cieux (le paradis).

     

    En conclusion, on peut reprocher à cette parabole, illustrant l'expression "séparer le bon grain de l'ivraie" d'être un peu trop binaire en distinguant sans nuance les bons et les méchants: l'homme n'est-il jamais que tout blanc ou tout noir? En revanche, l'expression "séparer le bon grain de l'ivraie" est très utile pour savoir cultiver son jardin intérieur et y faire pousser les plus belles plantes, celles qui résonnent avec notre âme et nous guérissent de tous les maux. Cette expression a l'avantage de nous faire réfléchir sur la justesse d'un jugement bien pensé qui nous nourrit intérieurement, face aux mensonges de l'illusion et des mauvaises pensées propices à l'expansion de certaines maladies et au mal que nous faisons volontairement ou non, lorsque nous portons un jugement erroné. Plus le noyau est solide, plus on résiste aux attaques extérieures. Savoir travailler la justesse de son jugement, c'est faire prospérer son jardin intérieur et renforcer sa santé mentale.

    Ne pas savoir faire le tri entre ses bonnes et mauvaises pensées peut d'ailleurs polluer nos relations. C'est donc un travail de tous les jours que la méditation peut accompagner.

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  • Un article paru dans le Guardian, traduit en français, parle des études sur les rêves lucides et les implications possibles dans la compréhension des maladies psychiatriques :

    Les rêves lucides peuvent être provoqués par des stimulations électriques selon une étude.

    Des scientifiques ont découvert que les courants électriques peuvent influencer le cerveau des dormeurs, ce qui peut leur permettre de contrôler leurs rêves.

    Un rêve lucide se produit lorsqu’un dormeur prend conscience qu’il rêve et qu’il peut même manipuler le fil du rêve et contrôler son comportement.

    “La découverte clé est que vous pouvez, c’est une surprise, influencer le cerveau par stimulation. Et vous pouvez influencer le cerveau de telle façon qu’un dormeur, qu’un rêveur prenne conscience qu’il rêve », selon le professeur J Allan Hobson de Harvard Medical School qui a coécrit l’article paru dans nature Neuroscience.

    Une étude précédente menée par le Dr Ursula Voss de l’université Johann Wolfgang Goethe en Allemagne suggère que le rêve lucide est un état unique qui comporte à la fois l’aspect du rêve REM (mouvement rapide des yeux) – l’étape du sommeil au cours de laquelle la plupart de nos rêves se produisent – et l’aspect de l’état de veille.

    “Le rêve lucide est un très bon outil pour observer ce qui se passe dans le cerveau et ce qui est nécessaire pour la conscience secondaire », selon Voss.

    Maintenant, Voss et son équipe ont rapporté qu’il était possible de provoquer des rêves lucides par stimulation électrique sous forme de courant alternatif à cette fréquence.

    L’étude a impliqué 27 volontaires, dont aucun n’avait jamais fait l’expérience de tels rêves lucides. Les chercheurs ont attendu que les volontaires entrent dans la phase de sommeil REM avant d’appliquer la stimulation électrique sur le crâne en position frontale et temporale.

    La stimulation appliquée avait des fréquences comprises entre 2 et 100 Hz, mais ni l’expérimentateur ni le volontaire n’étaient informés de la fréquence utilisée, ni si un courant était appliqué. Cinq à dix secondes plus tard, les volontaires étaient réveillés et on leur a demandé de parler de leurs rêves. L’activité du cerveau était constamment surveillée tout au long de l’expérience.

    Les résultats montrent qu’une stimulation à 40 Hz produit une augmentation de l’activité du cerveau de la même fréquence approximativement dans les aires frontales et temporales. Un effet similaire mais plus petit a aussi été observé à 25 Hz. Ils ont aussi découvert qu’une telle stimulation provoquait souvent mais pas toujours un état de de lucidité accru dans les rêves des dormeurs. De plus hautes fréquences ou l’absence de courant ne provoquaient aucune modification de l’activité du cerveau.

    Hobson dit que l’étude pourrait avoir des implications dans la recherché psychiatrique: « Comme modèle de la maladie mentale, comprendre les rêves lucides est absolument crucial." Je reste prudent quant à l’interprétation des résultats comme pouvant avoir une application directe dans le traitement des maladies mentales, mais c’est certainement une étape dans la compréhension de la façon dont notre cerveau parvient à halluciner et à délirer.

    Les auteurs suggèrent que provoquer des rêves lucides chez les dormeurs pourrait leur permettre de contrôler les cauchemars, par exemple pour ceux qui souffrent de stress post traumatique.

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  • Qu'est-ce que le véritable amour?

    Scott Peck, psychiatre américain, dans son essai "Le Chemin le moins fréquenté" rappelle que l'absence d'amour est à l'origine des maladies mentales, mais que l'amour est l'élément de base de la guérison. L'être humain ayant évolué dans un environnement hostile où il lui a fallu faire face à la négligence et à la brutalité de son entourage ou à un faux amour peut avoir à faire face à la maladie mentale qui n'est autre que l'expression d'un déséquilibre intérieur. Songeons au narcissisme d'une mère qui ne parvient pas, par exemple, à supporter l'individualité de son enfant, faisant la confusion entre elle et l'autre, ses angoisses et celles de sa progéniture. Les parents, trop fragiles, n'ont pas joué le rôle de tuteur, de guide et l'enfant s'est alors trouvé démuni, sa souffrance est devenue pathologique. Scott Peck a décidé, dans son ouvrage, d'analyser ce qu'est l'amour véritable, le mot étant souvent utilisé de façon impropre.

    Les sens dévoyés de l'amour: ce que n'est pas l'amour

    • Le fait de tomber amoureux ne peut être considéré comme un véritable amour, car il opère une fusion entre soi et l'autre et ne permet pas la distinction entre les individus et l'acceptation de l'individualité de l'autre.
    • La dépendance n'est pas non plus de l'amour: car les passifs dépendants ne s'intéressent qu'à leur propre nourriture: ils ne désirent pas évoluer et ne sont pas prêts à accepter la difficulté, la solitude et la souffrance qu'implique l'évolution spirituelle; ils ne se soucient de la présence de l'autre que dans la mesure où il peut les satisfaire. Cette relation de dépendance s'opère parfois dans la relation qu'on peut avoir à un animal qu'on aime par rapport à l'attachement qu'il nous apporte. On refuse souvent qu'il nous désobéisse, qu'il s'oppose. La relation à un animal vient souvent cacher une relation de dépendance, un refus de la différenciation de l'autre. Il faut s'interroger parfois sur: pourquoi préférons-nous aimer un animal plus qu'un être humain? Probablement parce que ce dernier est plus docile, moins révolté, qu'il nous est soumis et qu'on a plus de pouvoir sur lui que sur un être humain
    • Il n'est pas non plus le sacrifice de soi. Aimer implique de s'aimer soi-même avant d'aimer un autre être, de se respecter, d'être épanoui, heureux pour que notre lumière intérieure irradie celle d'un autre être. Ne pas bien s'occuper de soi entraîne des tensions avec les autres et un mal-être global.

    Ce qu'est l'amour véritable

    "La seule véritable fin de l'amour est l'évolution spirituelle ou humaine, " dira Scott Peck. Notre intérêt pour les choses ne doit pas devenir un plaisir monomaniaque comme dans les personnages de Balzac. La passion pour un objet ou un être humain n'est pas une fin en soi. Elle doit permettre l'évolution de l'ensemble, non un repli sur soi égoïste. L'amour véritable implique l'engagement et la sagesse. L'engagement, car il développe chez l'autre la confiance, la stabilité,la constance et la sagesse qui est une recherche d'équilibre permanent entre raison et passion, une harmonie intérieure.

    "L'amour est une forme de travail ou bien une forme de courage, "ajoutera Scott Peck.De travail, car il demande un dépassement de soi qui crée une souffrance bénéfique -loin la paresse- et de courage, car il faut être motivé pour s'investir et y mettre beaucoup d'énergie. C'est une discipline qui demande des efforts quotidiennement.

    Quel est le but de la vie?

    Sénèque, un grand philosophe latin résume en une phrase le but de la vie, ce que chacun pourra méditer:

    "Tout au long de la vie, il faut continuer à apprendre à vivre. Et ce qui nous étonnera encore plus, c'est que tout au long de la vie, il faut apprendre à mourir." Sénèque

    La mort symbolique bien orchestrée entraîne une renaissance et permet à chacun d'évoluer spirituellement, de se transformer positivement. Elle est nécessaire au développement de l'être humain et ne devrait pas être perçue comme angoissante.

    En conclusion, l'amour reste un sentiment mystérieux qui demande courage et travail pour se développer véritablement. Il faut veiller à ne pas trop galvaudé son sens et son emploi appliqué, souvent, à n'importe quelle situation et créant de nombreuses confusions. Le mérite de l'ouvrage de Scott Peck est d'apporter une grande clarté et des distinctions nécessaires pour se sentir mieux et être davantage guidé dans notre évolution spirituelle. C'est sur un forum que j'ai trouvé ce titre: un schizophrène expliquant qu'il l'avait beaucoup aidé à guérir. Je ne suis pas déçue par cette réflexion qui a le mérite de faire réfléchir tout le monde et de donner des pistes pour avancer sans dénigrer tout ce qui se fait. Critiquer permet de faire le point sur ce qui doit être changé, mais la seconde étape, c'est de mettre en œuvre le changement et de le réaliser concrètement, au quotidien, pour se sentir mieux, en respectant le vivant en nous.

    La véritable fin de l'amour est l'évolution spirituelle et humaine.

    Scott Peck "Le Chemin le moins fréquenté", p.113

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  •                                                                        Présentation des deux rédacteurs du blog

    Présentation d'Alain

    Je m'appelle Alain, j'ai vécu la maladie mentale, on ne m'a jamais fourni le diagnostic exact, mais tout laisse à croire qu'il s'agit d'une sorte de schizophrénie. J'ai été hospitalisé au cours d'une grave crise psychotique vers l'âge de vingt ans, j'ai mis plus d'un an à m'en remettre. J'ai travaillé par la suite comme ingénieur, j'ai eu la chance de pouvoir mener une vie quasi normale avec une profession, un appartement, ce n'est pas le parcours typique de la maladie, mais cela peut montrer que rien n'est jamais perdu. Tout n'a pas été facile, j'ai fait également des dépressions mais dans l'ensemble, au fur et à mesure des années, la situation s'est améliorée.

    Je me suis toujours intéressé au domaine de la maladie mentale et en particulier aux recherches dans ce domaine. Les traitements actuels permettent certaines choses mais ne résolvent pas tout. Il y a en ce moment des travaux importants qui sont faits: notamment le neurofeedback, des jeux vidéos pour améliorer les fonctions cognitives, des programmes informatiques qui permettent de supprimer les hallucinations auditives. Tout cela en est encore au stade de la recherche mais des résultats déjà acquis sont prometteurs.

    Je m'intéresse aussi à l'aspect social de la maladie qui est une composante très importante et mal traitée. La réinsertion, le travail, le logement, les relations sociales et à coté de cela, les malades à la rue et d'autres en prison, il faudrait réunir beaucoup de bonnes volontés pour que les malades soient vraiment intégrés dans la société et qu'ils ne subissent plus la stigmatisation.

    Ce blog est l'occasion de présenter des réflexions sur ces sujets et peut-être d'entamer des débats.

    Présentation de Sibylline

    Mon pseudonyme est Sibylline. Nous sommes deux à participer à ce blog. Cela permet des discussions sur les sujets que nous traitons qui tournent autour de ce que la société nomme la folie- avec les multiples sens que ce mot peut revêtir mais également ses multiples richesses-.

    Ce blog est donc né d'une collaboration et a pour objectif principal de faire réfléchir sur les nombreux préjugés liés à la stigmatisation- beaucoup trop fréquente- des gens appelés "malades mentaux" et notamment des schizophrènes dont la connotation très péjorative -ne reflétant pas la réalité- entraîne des conséquences assez graves sur les personnes qui en sont atteintes.

    Cela ne viendrait à l'idée de personne de fuir quelqu'un qui a le cancer, de ne pas lui parler, de s'en méfier, de le mépriser. Pourtant, c'est ce qui arrive souvent à ceux qui ont cette maladie, si peu expliquée. Le mot "schizophrénie" lui-même est source de confusion parce qu'il est généralement utilisé à tort et à travers (cf: voir l'article d'Alain "La schizophrénie à tort et à travers" rangé dans la catégorie "social").

    Je n'ai pour ma part jamais eu de troubles psychiques graves, mais j'ai été en contact avec des gens qui ont subi ces tourments. C'est par amour pour eux que j'ai eu envie de créer ce blog avec un ami, pour tenter de réfléchir et de faire réfléchir sur la folie et l'espoir qui existe d'en sortir, tout en reconnaissant la richesse qu'une telle expérience peut également apporter, loin du sombre tableau généralement véhiculé.

    La folie a souvent été source de création: songeons à Gérard de Nerval, Vincent Van Gogh, Guy de Maupassant. De très nombreux artistes la vécurent et nous offrirent leurs plus belles œuvres. Elle est probablement avant tout un accès à un monde marginal, méconnu du commun des mortels, un chemin broussailleux qui n'emprunte pas les grands axes que la raison a balisés; c'est pourquoi elle dérange, car elle remet en cause les systèmes érigés par la raison humaine.

    Ayant suivi un cursus littéraire, j'aime faire partager mes lectures sur le sujet que ce soit des romans ou des essais. La folie a été beaucoup commentée, signe de son importance au sein de la réflexion humaine. Elle fut même choisie comme thème principal par un grand humaniste, Erasme, qui écrivit son Eloge de la folie.

    MUSIQUE choisie pour illustrer cette page de présentation: Concerto N°2 pour piano de Shostakovitch (Andante). Je trouve cette musique très délicate, légèrement mélancolique et sublime. Elle me semble bien se marier avec le sujet, la sensibilité qu'il demande pour être traité avec justesse -et non de façon caricaturale comme on le voit parfois-. Elle est également empreinte d'une mélancolie douce. L'orchestre et le piano forment un ensemble harmonieux et touchant.

    "La mélancolie est l’illustre compagnon de la beauté; elle l’est si bien que je ne peux concevoir aucune beauté qui ne porte en elle sa tristesse."

    Charles Baudelaire

     

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  • Qu'est-ce que la dépression?


    Dans son excellent ouvrage "Le chemin le moins fréquenté" Scott Peck, psychiatre américain (né en 1936 à New York et mort en 2005 dans le Connecticut) nous explique pourquoi l'homme parfois se retrouve dans un état de dépression. Plutôt que de vouloir soigner par les médicaments, peu développés à l'époque (le livre fut rédigé en 1978), il se consacre au travail intérieur, à l'introspection comme source de guérison. Il n'appartient à aucune école et ne prône aucun dogme. Les exemples qu'il donne dans son ouvrage sont issus de son expérience de psychiatre et de sa propre vie, lorsqu'il estime avoir eu lui-même des troubles du caractère. Ses explications sont très pédagogiques et d'une immense clarté.

    Scott Peck explique que la dépression au contraire des idées reçues n'est pas un état malsain, à éviter. Il pense même que c'est une preuve de santé. Pourquoi? Tout simplement, parce que tout homme à chaque moment de sa vie doit réviser ce qu'il appelle sa carte de la vie, doit opérer des changements en fonction des nouvelles données. La dépression vient du sentiment pénible d'une exigence de renoncement à notre ancien moi. Elle est donc la voie vers la renaissance, lorsque ce changement NECESSAIRE s'opère.

    "L'équilibre est une discipline, précisément parce que le renoncement est douloureux."

    L'idée de Scott Peck, c'est de montrer qu'il faut parfois renoncer à une partie de soi pour avancer et aller vers meilleur pour soi. Il donne l'exemple d'une partie d'échec qu'il a un jour commencé avec sa fille. Il voulait absolument gagner et passait des heures à réfléchir, sa fille fatiguée par son comportement, se mit en colère et partit. S'ensuivit chez lui un sentiment de profonde déprime. Puis, en y réfléchissant bien, il se rendit compte qu'il lui fallait renoncer à sa volonté de gagner pour mieux réussir ses relations avec ses enfants. Ce changement ne s'opéra pas sans effort, sans douleur, mais il était nécessaire.

    Il dresse une liste rapide de ce dont il faut réussir à se débarrasser( chacun pouvant établir sa propre liste):

    -l'état d'infantilisme dans lequel aucune demande extérieure n'a besoin d'être satisfaite

    -l'illusion de l'omnipotence

    -le désir d'une possession totale (y compris sexuelle) de ses parents

    -la dépendance de l'enfance

    -les images fausses que l'on a de ses parents

    -la liberté de l'adolescence

    -la "liberté" du non-engagement

    -l'agilité de la jeunesse

    -le fantasme de l'immortalité

    -l'autorité sur ses enfants...

    En somme, le processus de renoncement à son ancien moi entraîne la dépression. Ce qu'il est important de faire, c'est d'accompagner ce changement, d'où le rôle du psychothérapeute pour ceux qui n'y parviennent pas seuls. Cette évolution peut être représentée symboliquement comme la transformation de la chrysalide en papillon.

    "Puisque les humains mentalement sains doivent évoluer et puisque l'abandon de l'ancien moi fait partie intégrante de l'évolution spirituelle et mentale, la dépression est un phénomène normal."

    Scott Peck "Le Chemin le moins fréquenté", p.70

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