• "Tout mythe est un drame humain condensé." Gaston Bachelard (préface du Symbolisme dans la mythologie grecque de Paul Diel).

    Comme le rappelle Gaston Bachelard, dans la préface à l'ouvrage de Paul Diel, les mythes parlent du fonctionnement sain ou malsain du psychisme. Ils mettent en oeuvre un combat psychologique. Les intentions impures se trouvent figurer par des monstres. En perdant l'élan évolutif, le héros se banalise.

    Le mythe de Jason

    Les dangers, rencontrés par Jason et Médée durant leur retour de voyage sont la tentation de la domination perverse et de la débauche, l'incapacité notamment de faire le juste choix. "Argo" signifie "vaisseau blanc". Le blanc étant synonyme de pureté, l'Argo devrait les conduire vers la purification. Quant à la Toison d'Or, la toison renvoie au bélier, symbole de sublimation, quand l'or est la couleur de la spiritualisation. Chez les Chrétiens, l'agneau a la même signification que le bélier. Pour conquérir la toison d'or, il faut donc tuer le pervertissement en soi, le danger étant l'exaltation de l'imagination, quand le trésor est à comprendre au sens double de trésor sublime ou pervers.

      Rappelons que le père de Jason, Eson, fut destitué par Pélias, roi-usurpateur. Le roi au sens symbolique représente l'esprit. Ce mythe met donc en scène un combat contre la domination perverse, car le règne fécond ne peut s'accomplir que par la sagesse. Cette dernière nous protège de l'abus brutal, de la domination perverse telle que la férocité et l'endurcissement. Or, Jason réussit sa quête non grâce à la justice, mais grâce à l'intrigue si bien qu'il est perdant sur le plan spirituel.

    Laissons la parole à Paul Diel, dans un extrait du Symbolisme dans la mythologie grecque (aux éditions Payot):

     

     

     

    p.220-221 : sur Jason

     

     

     

    « Peu confiant en ses propres forces, Jason se lie avec la fille du roi Colchos, Médée, la magicienne. Ce n'est pas une véritable liaison d'âme. Le choix est perversement déterminé par un calcul intellectuellement utilitaire. La magicienne règne sur les forces terrestres à l'aide de la puissance démoniaque. C'est précisément cette forme de domination que Jason aurait dû éviter avant tout. En succombant aux charmes de la magicienne et à la tentation de profiter de son secours, Jason s'apprête à s'assurer le règne et la domination à l'aide des forces « démoniaques » du subconscient, et non pas grâce au combat de purification. A partir de cette résolution, l'issue de l'entreprise s'avère fatale.

     

    Héros défaillant, Jason ne tue pas en combat héroïque le dragon (symbole de sa propre perversion qu'il aurait dû vaincre) ; il l'endort à l'aide d'un philtre préparé par Médée. Il parvient ainsi à s'emparer de la Toison d'or.

     

    Le pouvoir magique, détenu par Médée et utilisé par Jason, symbolise l'insolence à l'égard de l'esprit et de ses exigences, la prétention d'aboutir à la réalisation des intentions les plus exaltées (en l'occurrence la perversion dominatrice), grâce au déchaînement sans scrupule des désirs. Diamétralement opposée à la victoire héroïque, cette réussite perverse implique, symboliquement parlant, le « pacte » avec les démons auxquels il faut vendre son âme.

     

    Le sens de la mission est tourné en dérision. Le trophée qui confère le droit au pouvoir, la Toison d'or, est subtilisé au lieu d'être héroïquement acquis.

     

    En apparence et dans le sens verbal, Jason a accompli les travaux infligés ; suivant la signification symbolique, il a esquivé le travail intérieur et héroïque : la purification. La fin du mythe ne peut que se rapporter à cette situation intérieure et coupable du héros déchu. Les images terminales figurent le châtiment. »

     

     

     

    p.223-224 : sur Médée

     

    « La magicienne, devenue Erinye (=une des Furies), tue de ses propres mains les enfants issus de leur union. Puisque tous les personnages du mythe possèdent, à l'arrière-plan, une portée symbolique, on peut voir dans ce meurtre – suivant le symbolisme  « enfant-fruit de l'activité (sublime ou perverse) » - l'image de la désolation et de l'anéantissement qui seul subsistent après le passage du dominateur perverti (=celui qui veut obtenir le pouvoir en en abusant, qui utilise la ruse et non la force de son âme, la justice et la sagesse). Représentant les forces destructrices du subconscient, la magicienne, dont Jason a voulu se servir pour atteindre la vie sublime, est l'instrument fatal de sa punition et de sa souffrance. »

    ...

     

    Pour conclure, Jason est donc un représentant pervers du monde. Le frère de Médée, assassiné par elle pendant sa fuite, représente symboliquement la vérité coupée. Au lieu de se montrer héroïque, Jason sombre dans la banalisation. Il oublie les besoins de l'âme pour ne s'occuper que de ceux du corps. Il abandonne l'effort évolutif et sera donc châtié à la fin.

     

     

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • Voici deux poèmes rédigés par un des rédacteurs du blog. Le premier relate l'expérience de la maladie et la souffrance qui l'a accompagnée, en tentant de mettre des mots sur des sensations inouïes. Le second est une prière à Sainte Thérèse de Lisieux, afin qu'elle agisse pour guérir de cette douleur.

     

    Afficher l'image d'origine

    Les souffrances de la schizophrénie

    Il y avait ce feu intense,
    Ce rougeoiement accablant,
    La terre entière semblait
    S’y être donné rendez-vous.
    Les monstres et les démons
    Mêlaient leurs cris et leur haine
    En une danse endiablée.
    Il faisait froid dehors,
    La lune glacée illuminait
    Le ciel. La nuit terrible
    Etendait sa menace sur tout
    Le bourg. Il s’avançait
    Péniblement dans l’air
    Gelé. Il suivait machinalement
    La route qui le menait à la
    Maison. Cet abri de toujours
    Ne pouvait plus le protéger.
    Il était accablé, tourmenté.
    Un mal immense et inconnu
    Le perçait de part en part.
    L’avenir se résumait en cet
    Instant infernal. Il savait que
    Sa vie s’écoulait en ces secondes
    Innommables. Tout était absurde
    Et pourtant si clair, l’horreur
    S’était matérialisée.
     
     
    ...................................
     
    Afficher l'image d'origine
     
    Prière à Sainte-Thérèse de Lisieux
     

    Sainte Thérèse, toi à qui la Vierge

    A souri en ce jour béni, toi qui

    Veux passer ton Ciel à faire du bien

    Sur la Terre, prends pitié.

    Tu n’as jamais été insensible aux douleurs

    Des pauvres pécheurs. Tu as prié jour et nuit

    Pour ce condamné et tu as obtenu qu’il

    Soit sauvé. Prie pour moi, prie pour nous,

    Nous les pauvres parmi les pauvres,

    Ceux qui sont méprisés du monde

    Et à qui tout espoir semble interdit.

    Combien se croient damnés, délivre-les

     De cette douleur infâme et rends

    Leur confiance en notre Seigneur

    Jésus Christ.

     
    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • Dans cet article du MONDE DES RELIGIONS, la journaliste met en valeur le pouvoir du Verbe de Jésus. Il s'agit d'un extrait de l'article.

     

     

    Leili Anvar, écrivaine. Docteur en littérature, maître de conférences aux Langues O’ (Inalco), auteure du Cantique des oiseaux d’Attâr (Diane de Selliers, 2012).

       D’où vient que je ne me lasse jamais de lire et de relire les Évangiles, canoniques ou apocryphes ? D’où vient le caractère inépuisable de ces récits, de ces paroles qui fécondent chaque jour de nouvelles interprétations ? D’où vient cette émotion, cette commotion, parfois, face au Verbe qui se fait chair dans la lecture ? Quelle est cette étrange alchimie ? « Notre cœur, se disent les deux disciples d’Emmaüs après avoir parlé, sans le savoir, au Christ ressuscité, notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? » (Luc 24, 32). Il me semble que c’est, chaque fois, ce même processus qui est à l’œuvre. Parcourir les Évangiles, que l’on soit chrétien ou pas, et même croyant ou incroyant, c’est faire un bout de chemin avec le Christ. Et brûler. Car la parole, ici, se fait Présence, et consume les voiles de l’ignorance pour ne laisser place qu’à une lumière irradiante. Ça brûle. Je ne trouve pas d’autre mot pour dire cette expérience. « Notre cœur était tout brûlant au-dedans de nous », c’est-à-dire au plus intime de soi, là où règnent habituellement les ténèbres de l’inconscient. Et voilà que soudain, le flambeau du Verbe éclaire les profondeurs et, ce faisant, amorce le processus de guérison intérieure. Car Jésus est avant tout un médecin de l’âme. Un seul mot de lui peut guérir des plus graves maladies, et même de la mort : « Seigneur, dis seulement un mot et il sera guéri » (Matthieu 8, 5-10) ; il appose les mains sur les yeux des aveugles pour qu’ils voient ; il suffit que la femme hémorroïsse prenne la frange de son manteau pour qu’elle cesse de saigner ; il se rend au chevet de la petite fille et elle revient du sommeil de la mort ; la simple affirmation de sa volonté « purifie » les lépreux…
    Mon propos n’est pas ici de savoir si le Jésus historique a réellement guéri les corps de manière miraculeuse ou pas. Ce qui m’importe, c’est ce que ces récits nous disent des maladies de l’âme et du processus de guérison spirituelle. Les maux de l’âme sont les diverses formes que prend notre ignorance : aveuglement, surdité, paralysie, hémorragie, mort. Le péché n’est rien d’autre que le consentement à être infidèle et étranger à sa nature profonde, de s’éloigner de soi, du Verbe, du vrai. Cela est le seul vrai mal, la seule véritable mort.

    [...]

    La force des textes évangéliques vient de ce qu’ils font revenir « le Bien parmi nous ». Ils rendent palpable la conjonction du Verbe et de la Présence dans la figure du Christ, deux mille ans après son avènement. Pour peu, évidemment, que l’on accepte de s’abandonner afin que la rencontre puisse avoir lieu. La rencontre entre le Verbe et la foi, car à ceux qu’il guérit, le Nazaréen ne manque pas de rappeler que c’est « leur foi qui les a sauvés ».
    La rencontre entre le fils de l’Homme et soi, puisque :
    C’est à l’intérieur de vous
    qu’est le fils de l’Homme ;
    allez à Lui :
    ceux qui Le cherchent Le trouvent.
    (Évangile de Marie 8, 19-22)

     

     

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • Afficher l'image d'origine

    "La sagesse est à l'âme, ce que la santé est pour le corps."

    La Rochefoucauld, Maximes écartées N°41.

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire