• La guérison possible de la schizophrénie (Minkowski)

                                                                                     La guérison possible de la schizophrénie (Minkowski)

    Eugène Minkowski, célèbre psychiatre français, rédige en 1929 un ouvrage fondamental sur la schizophrénie. Dans le dernier chapitre, il explique pourquoi les recherches dans ce domaine permettent de penser que la schizophrénie se soigne. Bleuler a permis de sortir de la terminologie emprisonnante de "démence précoce" pour désigner cette maladie. La démence renvoie à un affaiblissement des facultés intellectuelles et mémorielles. Or, le schizophrène ne possède aucune de ces deux défaillances: il a toutes ses capacités intellectuelles et n'a pas de troubles de la mémoire. La pathologie reposerait davantage dans l'émoussement affectif et le déficit pragmatique. Eugène Minkowski, dans la dernière partie de son livre, nous explique sa méthode thérapeutique et espère voir émerger après lui des psychiatres-thérapeutes. Sa parole mérite d'être entendue, car elle est encore très actuelle. Il serait bon qu'elle trouve des relais et un prolongement.

    Quelles sont les solutions à mettre en place pour aider le malade à guérir?

    -le placement familial: il s'agit d'une mesure thérapeutique. Le schizophrène fuit volontiers la réalité pour se réfugier dans son autisme. L'hôpital psychiatrique n'est donc guère indiqué pour lui lorsque le séjour devient trop long. Il s'adapte à l'hôpital et peut se figer. Le placement familial combat efficacement cette tendance. Sans remettre brusquement le malade dans la vie courante, il permet d'y pénétrer doucement, sans brusquerie.

    -la thérapie du travail: le schizophrène a besoin de cadres fixes à quoi se raccrocher. Seul un travail régulier peut fournir de tels cadres. Il faut évidemment que ce labeur soit plaisant et adapté au goût du patient.

    Les qualités qu'un psychiatre doit avoir:

    -une intuition basée sur une véritable qualité d'écoute: le médecin doit savoir intervenir au moment propice. "L'intuition trouvera ceux qui sont encore intacts, cherchera à accorder ceux qui sonnent faux, n'hésitera même pas à tendre à nouveau ceux qui semblent brisés à tout jamais et, sans se laisser décourager par les notes disharmonieuses et grinçantes du début, elle arrivera à tirer du violon cassé un chant lent, mais mélodieux."

    -la foi en la guérison et l'enthousiasme qu'il fera passer au personnel et à l'entourage du malade.

    -il doit garder espoir et ne pas céder au découragement:

    "Il devient ainsi du devoir du médecin d'essayer toujours à nouveau de pratiquer une brèche dans les réactions schizophréniques. Les échecs ne doivent point le décourager. Sans se lasser, il recommencera à nouveau. Tôt ou tard, il réussira, si seulement il possède l'intuition nécessaire."

    -Il est important de faire changer les patients de lieu quand le moment est propice. Les sorties précoces peuvent être positives aussi.

    -le médecin doit travailler avec souplesse et ne pas appliquer des doctrines rigides. Il doit être capable de s'adapter à la situation. Il est important d'établir un contact affectif avec le malade pour réduire son autisme. "Sans se borner à l'inconscient, il fera une large part, dans son appréciation, aux forces conscientes, aussi morbides que celles-ci puissent paraître."

    Au final, tout est question de doigté, de mesure et d'écoute. Mais comme pour tout, la guérison et l'évolution sont question des efforts fournis par le malade aussi.

    Bibliographie

    Eugène Minkowski- La Schizophrénie, édition Payot, 1927, réédité en 2002.

     

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    Commentaire de l'image choisie: le BONSAI

    Chez les Asiatiques, le bonsaï relie le ciel à la terre, il est symbole d'ETERNITE. C'est un moyen d'atteindre Dieu grâce à l'humilité et à la patience qu'il requiert. L'arbre est un symbole d'endurance et de longévité qui peut représenter dans le contexte qui est le nôtre, la patience du thérapeute et la persévérance du malade qui doit franchir de nombreux obstacles pour aller vers la guérison. Les Japonais pensaient aussi qu'on pouvait vivre plus vieux et en meilleure santé grâce à la présence de ces arbres miniatures.

    Comprimé dans ces élans, contrarié dans sa croissance, robuste et fragile, gracieux et tourmenté, le bonsaï est une sculpture vivante en miniature. Chaque espèce a une signification particulière : vitalité et bonheur pour le pin, sagesse pour le bambou, vertu pour le prunus.

    La règle la plus importante à suivre selon les Japonais, en ce qui concerne les bonsaïs, est « si tu aimes ce à quoi il ressemble, c'est un beau bonsaï ». L'amour permet de faire croître un être vivant et donne donc longévité et robustesse à ce qui est choyé, cultivé.

    Car si le schizophrène est le plus immobile et le plus tenace des malades, il est aussi celui qui possède, plus qu'un autre, la faculté de passer d'une façon inattendue d'un état à un autre, de transformer ses réactions en comportement presque normal.

    Minkowski-La schizophrénie

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