• Récit - 1

    Il y a eu cette vision. L’irréel mêlé au réel. La terreur et la fascination, l’implacable tourment qui s’annonce dans une orgie de flammes rougeoyantes au fond d’une caverne brûlant dans la nuit.

    Il y avait la certitude de la présence du mal et en même temps l’urgente nécessité d’avancer dans l’obscurité pour rejoindre un avenir douloureux.

    Le café d’ordinaire si familier et chaleureux s’était transformé en un antre menaçant. L’innocence était perdue à jamais, il allait falloir marcher sur ce chemin de malheurs.

    Des voix s’échappaient de cet enfer, il lui semblait qu’elles s’adressaient à lui et qu’elles le menaçaient d’un sort implacable. Il était pris au piège, rien ne pouvait le délivrer. Il était la risée et le sujet des sarcasmes. Il recevait les menaces qui le transperçaient.

    La vision le hanta jusqu’à chez lui.

    Il devait aller travailler au bois le lendemain. Il se leva comme d’habitude et prit son vélo. Il se sentit mal sur la route et était convaincu d’être malade. Il fit demi-tour et sans s’en expliquer à sa grand-mère qui s’inquiétait il alla se coucher.

    Les monstres l’attendaient. Il les rejoignit dans l’abattement. Une guerre se déclara, des forces titanesques se livraient combat. Il était tour à tour victime et complice, gibier et chasseur. La toute-puissance succédait à l’ultime perdition, le mal au bien. Il ressentait l’illusion de la grandeur infinie et puis l’accablement de la damnation.

    Il était victime d’un complot des humains qui étaient mus par une force invincible et qui voulaient l’exterminer. Il se savait coupable de crimes et il comprenait que le monde entier lui vouait un sort funeste.

    La lutte dura trois jours et trois nuits. Il ne dormit pas un instant. Un médecin vint le voir et lui dit que tout reposait sur sa volonté. Il était perdu, personne ne pouvait le sauver. Il ne pouvait pas s’expliquer car il lui aurait fallu trahir des secrets terribles. Il était le jouet d’un tourmenteur rusé et implacable.

    Son père arriva et l’emmena à l’hôpital. Les monstres le poursuivaient sur la route. Sa belle-mère était à la fois effrayée et menaçante. Elle dit à son père de se méfier car il pourrait le tuer.

    Ils arrivèrent à l’hôpital, son père et lui. Il était fasciné par la lueur des lampadaires. Il ne les quittait pas des yeux, un au-delà incompréhensible se manifestait en eux et le happait dans une sorte de transe mortelle.

    Il s’effondra sur le lit dans le dortoir et dormit trois jours d’affilée.

     

    On l’avait mis sous perfusion, il ne pouvait plus ni marcher ni se nourrir.

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