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L'Eglise catholique peut participer au changement du traitement de la maladie mentale
Traduction (par un des rédacteurs du blog) d’un article paru aux Etats-Unis dans le journal NCR (= national catholic reporter. Site: https://www.ncronline.org/ ) . Il traite du changement important qui se joue aujourd’hui dans le traitement des maladies mentales du fait du modèle de rétablissement qui commence à être appliqué. Il parle aussi du rôle de l’Eglise catholique dans le traitement de la maladie mentale et dans l’accueil des personnes malades.
NB: les passages soulignés ou mis en caractère gras sont une initiative des rédacteurs du blog.
L’Eglise catholique peut participer au changement du traitement de la maladie mentale
Les professionnels en santé mentale disent qu’un mouvement tectonique a lieu en ce moment dans le traitement de la maladie mentale et les croyants et promoteurs de l’aide aux malades mentaux disent que l’Eglise catholique a une place unique à prendre dans ce mouvement.“En quinze ans, nous sommes passés d’un modèle médical à un modèle de rétablissement, ce qui est tellement mieux” déclare Tom Lambert, diacre, et membre de la commission sur la maladie mentale de l’archidiocèse de Chicago. « Lorsque je parle de rétablissement, je le place dans le contexte de ce que faisait le Christ. Il guérissait et il rétablissait. Il guérissait les gens mais il les rétablissait aussi à leur place dans la communauté.Le processus de rétablissement implique des thérapeutes, des psychiatres, des médicaments, de la socialisation et de l’attention à la spiritualité,” dit Lambert à NCR. « Lorsque vous assemblez tout cela, vous vous occupez d’une personne dans son entièreté. En d’autres termes, l’accent passe de la maladie à la personne qui vit avec. Cela représente une sorte de changement radical à l’œuvre dans le domaine de la santé mentale, dit Lambert, un changement qui incite à la participation de l’Eglise au niveau national et local et qui met le catholicisme dans une situation unique pour effectuer un changement sociétal considérable."
Le modèle de rétablissement est survenu après plusieurs décennies de combat d’un mouvement des usagers en santé mentale et à la suite de nouvelles découvertes scientifiques.
Le Dr Larry Davidson, directeur du programme de rétablissement et de l’aide de la part de la communauté de l’université de Yale dit que le mouvement en faveur du rétablissement est en train de devenir le plus important en ce qui concerne la politique de santé mentale.“Les Etats-Unis sont l’un des 20 pays qui ont maintenant des politiques qui incitent les services de santé mentale à promouvoir le rétablissement », dit-il. Très récemment, la loi de l’excellence en santé mentale de 2014 a promu le modèle de rétablissement, dit Davidson. « Si vous lisez ce document, » qui établit les paramètres pour les cliniques en santé mentale certifiées en méthode comportementale, “tout tourne autour de la fourniture de soin axé sur le rétablissement et centré sur la personne.”
Avant cela, le ministère US des anciens combattants, l’un des plus importants fournisseurs de soins en santé mentale du pays a adopté des pratiques à base de rétablissement, y compris un manuel de rétablissement pour les patients et a embauché plus de 1000 pairs aidants, ou des gens en cours de rétablissement de maladie mentales graves qui travaillent comme membres des équipes soignantes. En effet, l’embauche de dizaines de milliers d’autres pairs aidants dans tout le pays démontre un changement significatif déclare Davidson.
Cependant, le changement en faveur du modèle de rétablissement n’a pas encore atteint la pratique quotidienne des professionnels en santé mentale. Les psychiatres ne modifient pas vraiment leurs pratiques, les psychologues et les assistants sociaux non plus. Tout cela doit être mieux organisé.Cependant, une étude de 25 millions de dollars financée par l’Etat et récemment publiée sur le traitement de la schizophrénie commence à induire des changements significatifs dans le pays.
L’étude intitulée “rétablissement après un premier épisode de schizophrénie” a montré que le soin qui inclut des éléments de formation professionnelle, de soutien éducatif et des relations familiales positives était plus efficace que le soin usuel seul surtout lorsqu’il était donné après un premier épisode de schizophrénie.Aujourd’hui, plus de 30 états ont déclaré qu’ils allaient utiliser les types de pratique validés par l’étude en se servant de fonds attribués afin de développer des programmes de santé mentale à intervention précoce a déclaré Robert Heinssen du National Institute of Mental Health qui a supervise la recherche.Le rôle du catholicisme
Lambert dont la fille est victime de maladie mentale veut entrainer dans cette idée les dirigeants de l’Eglise et les fidèles.“C’est un problème énorme” dit-il. « Statistiquement, une personne sur quatre chaque année sera atteinte de maladie mentale et une sur vingt-deux sera victime d’une maladie mentale grave et persistante.Vers le milieu des années 90, Lambert a contribué à la création de la commission archidiocésaine de Chicago sur la maladie mentale qui est dirigée par des bénévoles et qui se consacre à la formation des paroisses. Au début des années 2000, il s’est mis en relation avec le partenariat catholique national sur le handicap basé à Washington DC et a aidé à la création du réseau catholique national sur la maladie mentale.
Lorsqu’on lui demande où se situe aujourd’hui l’Eglise par rapport à la maladie mentale, Lambert hausse les épaules. Il a cité des lettres écrites par des évêques américains (dont une en particulier intitulée “une Eglise qui guérit”, qu’a écrite Mgr Michael Bransfield de Wheeling-Charleston, W.VA). Il a cité aussi des déclarations des papes Jean Paul II et Benoit XVI et note que le Vatican tient une conférence annuelle sur la psychiatrie à Rome. Mais, dans l’ensemble, dit-il, il manque à l’Eglise une stratégie claire et coordonnée. “C’est un problème de justice” dit-il, nous ne traitons pas correctement la maladie mentale aux Etats-Unis et alors les gens se retrouvent dans tant de systèmes de soins défaillants – il se peut que vous soyez bien soigné dans un hôpital mais lorsque vous retournez dans la communauté, que se passe-t-il ? Il y a un manque de connexion.Si on considère l’arrivée du modèle de rétablissement, les paroisses devraient apporter beaucoup de soutien, dit-il.“Aujourd’hui, selon mon expérience, les gens qui fréquentent l’Eglise ne se distinguent pas vraiment de la société en général. Ils ne connaissent pas les faits …. Bien trop souvent, tout ce qu’ils entendent à propos de la maladie mentale concerne les gros titres des journaux et les histoires d’horreur."Une Eglise en mouvement
Jan Benton, directeur du partenariat catholique national sur le handicap dit que Lambert “nous rappelle constamment que nous n’avons pas à recréer ce que les autres professionnels en santé mentale font actuellement de bien. »Ce que nous faisons et ce sur quoi nous devons nous concentrer, c’est l’aspect spirituel. C’est dans cet aspect de la guérison et du rétablissement que nous pouvons aider. Benton dit que l’Eglise américaine possède une grande expérience dans l’aide aux personnes avec un handicap et elle cite sa propre participation et celle de Lambert dans la production récente d’un livret de l’American Psychiatric Association, “Santé mentale : un guide pour les pasteurs » Elle ajoute que le partenariat catholique national sur le handicap a publié une brochure complémentaire centrée sur l’Eglise, intitulée « une réponse pastorale à la maladie mentale » qu’elle aimerait voir dans chaque diocèse du pays.
Toutefois, dit-elle, l’Eglise a encore faire beaucoup de chemin à faire pour « combattre la stigmatisation et pour devenir une communauté de soutien ». L’archevêque de Miami, Thomas Wenski, président du comité ‘justice et développement humain’ est d’accord. “C’est une grande bataille dans toute l’Amérique” dit-il, une bataille qui touche à d’autres aspects de la justice sociale. Elle implique une réforme des peines carcérales, dit-il, “car nos prisons et notre système de justice criminel sont devenus le système de traitement des maladies mentales par défaut. Les gens à la rue ont des problèmes mentaux” ajoute-t-il et c’est une des raisons pour lesquels ils sont à la rue.De plus, nous ne pouvons pas négliger le lien entre la toxicomanie et la maladie mentale car souvent, les gens qui sont toxicomanes le sont car ils s’administrent eux-mêmes un soin et ils le font de façon inappropriée.
« Cela concerne l’Eglise au plan national » dit Wenski. « Je pense que chaque paroisse catholique pourrait raconter son histoire personnelle concernant les rapports avec les gens avec des maladies mentales qui viennent frapper à leur porte. Et beaucoup de gens le font, vous ne pouvez donc pas dire que rien n’est fait. L’Eglise en fait beaucoup. Nous pourrions cependant en faire beaucoup plus car, de toute évidence, beaucoup trop de gens avec des maladies mentales ne reçoivent pas l’aide dont ils ont besoin et il nous faut à l’évidence changer cela." Wenski dit que son comité cherche à réunir « plusieurs intervenants”, en particulier les Catholic Health Association, Catholic Medical Association, Catholic Charities, Catholic Partnership on Disability, afin de trouver ce que nous faisons déjà et ce que nous pouvons améliorer.Le role de la paroisse
Certains disent que les communautés des fidèles pourraient beaucoup contribuer au rétablissement de ceux qui ont une vie spirituelle en apportant un sentiment d’appartenance et de réconfort spirituel et aussi des passages vers des soins médicaux appropriés. « La spiritualité joue un rôle majeur dans le rétablissement” dit Davidson, bien que cela ait été un tabou pendant de nombreuses années dans le système de soins.La chose la plus importante que puisse faire une paroisse et un prêtre” dit-il “c’est d’offrir à la personne un sentiment d’appartenance et de dignité.”
“Bien entendu, la personne a besoin de soins hospitaliers” dit le Dr Delbert Robinson, un psychiatre de Glen Oaks, NY qui a été membre du comité directeur de l’étude RAISE. « Mais en ce qui concerne une paroisse particulière, je pense que des choses bénéfiques pourraient être faites… se sentir soutenu par la paroisse et aider les gens à comprendre et à commencer des soins, cela peut faire une différence énorme. »Cela constitue une différence capitale quand on passe de l’attitude qui consiste à dire “oh, cette personne a été à l’hôpital psychiatrique » et puis au fait que tout le monde s’écarte à une attitude plus compréhensive… cela constitue une différence capitale pour le patient ; c’est aussi une grande différence pour le parent.Lambert s’explique sur le rôle du catholicisme.
“Nous pensons que vous avez été créé digne et à l’image de Dieu, dit-il. Chacun est digne. Chacun a de la valeur, quel que soit son état dans la vie et qu’il ait ou non une maladie mentale. J’ai rencontré tant de gens qui ont fait face à cette maladie, qui ont une spiritualité et qui ont tant à offrir en ce qui concerne leur relation avec Dieu » dit Lambert.« Mais beaucoup d’autres souffrent de culpabilité. Certains pensent que la maladie vient de Dieu » dit-il « et ce que j’essaie de leur dire est ceci : Dieu ne donne pas la maladie. Dieu est Amour. Aussi, la maladie fait partie de l’humanité.Lorsque que vous traitez ces deux problèmes, cela constitue une part considérable du processus de rétablissement.”
Lorsqu’on lui demande si le type de pensée lié au modèle de rétablissement reflète les valeurs du catholicisme, Wenski dit :" le catholicisme nous considère comme des créatures sociales. Nous ne sommes pas des monades. Nous ne sommes pas créés pour vivre seuls » comme c’est pourtant le cas de tant de malades mentaux. « Nous avons besoin de vivre dans une communauté et nous avons besoin de vivre dans une famille. Dans une famille et dans une communauté, dit-il,on vous accepte car vous êtes fils de Dieu ».[Vinnie Rotondaro est correspondant national du NCR. Son adresse email est vrotondaro@ncronline.org ]
LIEN vers l'article américain
https://www.ncronline.org/news/faith-parish/catholic-church-can-aid-shift-treatment-mental-illness
Tags : église catholique, santé mentale aux Etats-Unis, l'église catholique et la santé mentale, religion et santé mentale
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Commentaires
2AnneLundi 15 Août 2016 à 21:49Chère Sibylline, cher Alain,
Merci de tout coeur pour vos messages! Vous ne pouvez pas savoir combien ils me réconfortent!
Je crois que de la part de l'Eglise, surtout en France, il y a une grande méconnaissance de la réalité de la maladie psychique.
On nous prend, je crois, pour des personnes inaptes à la vie spirituelle alors que c'est tout le contraire étant donné que les crises psychotiques nous propulsent au coeur de ce qu'il y a de plus existentiel. Quand on sort des crises, les questionnements sont alors lancinants et...on ne trouve personne. J'ai le projet d'écrire un petit livre pour décrire la maladie psychique, il faut que je m'y attèle.
Souvent, je pense à Jésus au jardin des Oliviers la nuit de son arrestation, ses apôtres s'étaient endormis alors qu'Il subissait un martyr psychique. Je nous imagine nous, les malades psychiques: mes frères et soeurs de souffrance que j'aime tant, en train de veiller auprès de lui. Cette vision des choses n'engage que moi bien-sûr, mais elle me réconforte.
Je me permets de vous embrasser de tout coeur!
Anne
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Mardi 16 Août 2016 à 19:50
Bonsoir Anne,
Je trouve cette conversation intéressante, il me semble que nous aurions pas mal de choses à partager.
Si vous souhaitez nous contacter (ce n'est pas une obligation, on peut continuer à échanger ainsi), vous
pouvez nous écrire un mail à l'adresse amor.semper@yahoo.fr
Ce serait intéressant de pouvoir approfondir cette discussion. C'est l'occasion d'échanger nos expériences
et nos points de vue. Le fait qu'on partage aussi la même foi est un sujet de discussion supplémentaire. Il y a
beaucoup à dire à propos de la relation de la foi et de la maladie qu'il ne faut pas confondre mais qui se
rejoignent parfois.
Bonne soirée,
Alain
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3SibyllineLundi 15 Août 2016 à 23:26Bonjour Anne,
Je trouve tes paroles très touchantes et ton mot réconfortant. Pour ma part, je ne suis pas directement atteinte par la maladie psychique, mais touchée par le problème en raison de mon entourage et de personnes qui me sont chères. Je partage cependant tout à fait ton avis sur l'analyse des crises existentielles, c'est ainsi que je les perçois de l'extérieur. Je crois également à une vie spirituelle riche afin de retrouver son équilibre ou simplement de le maintenir ou l'améliorer (c'est un travail de tous les instants). Ton expression est très fine et sensible. N'hésite pas à nous dire quand tu auras écrit ton livre et à nous en livrer un petit témoignage si tu le souhaites. Je pense que tu auras des choses très intéressantes à dire. La communication est essentielle. On parle trop des personnes qui font du mal et pas assez de celles qui se battent courageusement malgré la douleur.
Bien à toi,
Sibylline.
4AnneMardi 16 Août 2016 à 10:46Petite précision, je croyais que Sibylline et folieetespoir étaient la même personne. Si ce n'est pas le cas, mon message précédent est également adressé à folietespoir bien évidement! Merci à vous tous!
Sibylline, c'est vraiment admirable que vous ayez une telle ouverture d'esprit sans avoir vécu vous-même la maladie psychique. Je suis admirative et vous faite un très beau "travail" à travers ce blog: bravo!
J'essayerai de vous donner un petit témoignage. En attendant, je vous transmets un lien sur la cause de ma pathologie: une imprégnation in utéro à un perturbateur endocrinien très puissant: le Distilbène, qui ne s'est pas contenté de déformer mon utérus, mais qui a touché aussi le cerveau.
Bien amicalement!!!
Anne
5AnneMardi 16 Août 2016 à 11:05Décidément, je viens de remarquer que c'est Alain qui a signé à la fin du message de folietespoir.
Je comprends mieux. En plus, j'ai le cerveau lent mais ne vous inquiétez pas cela n'est pas douloureux comme le reste.
Mieux vaut en rire comme des quiproquos que cela occasionne parfois... :)
6SibyllineMardi 16 Août 2016 à 17:56Bonjour Anne,
J'ai été voir le lien que vous avez expédié sur l'hormone artificielle. Je n'ai pas tout saisi. Est-ce une hormone que votre mère aurait prise ou vous, sans savoir qu'elle était nocive? Comment avez-vous réussi cette enquête et fait le lien avec votre maladie? Comment se manifeste-t-elle?
J'ai également rédigé un article sur un livre que j'ai beaucoup aimé "Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan (prix Goncourt des lycéens cette année pour son dernier roman). Elle parle de la bipolarité de sa mère et l'explique en liaison avec une relation incestuelle. Comme je ne savais pas trop quelle différence il y avait entre "relation incestuelle" et "incestueuse", j'ai fait des recherches et il y a un article dessus aussi...Je pense que les causes de la bipolarité sont multiples.
En tout cas, votre mot d'hier m'a fait un bien fou, alors que j'avais quelques soucis personnels...Votre esprit nous sourit.
J'ai entamé ces recherches car je ne supporte pas les injustices liées aux préjugés sur les problèmes psychiques. C'est aussi parce que des personnes qui me sont chères ont été touchées. J'aimerais trouver des solutions, mais avant, quel défrichage!
Sibylline.
P.S: nous sommes deux à rédiger les articles. C'est Alain qui a traduit l'article de l'américain. Ce n'est pas forcément évident. Nous vous avons donc répondu tous les deux.
7AnneMercredi 17 Août 2016 à 12:28Chère Sibylline,
C'est à ma maman que les médecins ont prescrit du Distilbène quand elle m'attendait (1967). Tout comme à des centaines de milliers de futures mamans dans le monde. C'est un scandale sanitaire et, avec l'association, nous sommes en procès contre les labos. Hélas, vous connaissez le poids de ces structures... Ce "médicament" soit disant pour prévenir les fausses couches, a donné beaucoup de malformations génitales chez les personnes imprégnées. Voilà pourquoi j'ai fait moultes fausses-couches, une grossesse extra-utérine et pour notre fille, ma grossesse s'est déroulée complètement allongée. Des mamans qui travaillaient dans le milieu scientifique et qui ont été "piégées", ont créé l'association dont je vous ai transmis le lien car elle se sont rendu compte qu'il y avait un très nette recrudescence de troubles psychiques graves chez les enfants imprégnés (schizophrénie, bipolarité, dépression, anorexie...). La présidente de l'association a eu ses deux enfants morts par suicide, et elle n'est pas la seule! Cette dame est biologiste moléculaire et elle a pu engager tout un travail de recherche et d'expérimentation (notamment avec l'INSERM), qui se montre concluant notamment sur l'action du toxique sur le plan épigénétique. Les résultats sont tout récents et si l'on parvient à contourner les blocages des labos qu'ils dérangent, ils seront peut-être publiés, médiatisés.
Chère Sibylline, croyez-moi, vos message et votre blog me font beaucoup, beaucoup de bien. C'est inespéré tant je m'étais résolue à la solitude qu'engendrent les préjugés. Résolue mais pas habituée car cela fait souffrir encore et encore.
J'ai en tête un texte que je vous transmettrai. Je l'élabore et quand je l'aurai tapé, je vous l'envoie.
Puis-je l'envoyer à l'adresse mail que vous donnez pour les contacts?
Ainsi, vous jugerez si il vaut la peine d'être publié sur votre blog et où.
Très bonne journée, courage! Avec toute mon amitié!
Anne
8SibyllineJeudi 18 Août 2016 à 13:37Bonjour Anne,
Merci beaucoup pour ces informations. Je pense rédiger un article là-dessus avec le lien que vous m'avez transmis. Acceptez-vous aussi que je prenne une partie des informations que vous m'avez données dans votre commentaire pour le mettre dedans? Je trouve en effet que c'est un scandale. Je l'ignorais totalement...
Avec Alain (avec qui je rédige ce blog), nous nous questionnions. Pourquoi aux Etats-Unis les préjugés sont moins forts et les recherches plus actives dans le domaine de la psychiatrie? Alain me répondait tout simplement parce que les usagers ne se laissent pas faire et qu'ils se battent envers et contre tout. C'est beaucoup plus mou en France, tant les préjugés sont forts. Je forme par exemple de jeunes gens qui se destinent à une carrière sanitaire et sociale et aucune d'entre elles ne veulent s'orienter en psychiatrie: trop dur, soi-disant! Cela me révolte un peu...C'est pour cette raison que j'ai décidé avec Alain de créer ce blog: une façon de dire "non", il y a des solutions autres que la camisole chimique, des solutions humaines. Les gens doivent être informés par d'autres biais que les médias qui n'y connaissent pas grand chose et que les films qui font aussi beaucoup de mal. N'avez-vous pas remarqué que les pires psychopathes sont toujours décrits comme ayant des troubles psychiatriques et des hallucinations? Du coup, tout le monde a peur, car on ne voit que cela, sauf pour quelques rares cas. Les artistes devraient aussi travailler à nous montrer autre chose. J'aime beaucoup par exemple le film d'Hitchcock, assez mal connu," la maison du Dr Edwards". Ce n'est pas la personne qui a des troubles psychiques qui est coupable...Un renversement de situation très bien venu. Il est disponible gratuitement sur youtube si cela vous intéresse.
Pour vous donner un exemple, l'idée de m'intéresser aux problèmes psychiques est venue lorsqu'une jeune fille de 20 ans s'est suicidée. Elle était adorable, je la connaissais d'assez près et ses parents aussi. Son père était un de mes collègues. Elle s'est suicidée, car comme elle avait fait une rechute, le psychiatre a émis l'idée de la remettre dans un centre fermé. Elle l'avait vécu une fois et ce fut l'enfer. Elle s'est pendue dans son jardin devant lequel je passais très souvent, avant d'y retourner. Un choc énorme pour moi! On ne sait pas faire autrement que forcer les gens dans ce système, ce n'est pas normal. On prend trop souvent les gens qui souffrent de troubles psychiques pour des imbéciles, ce qui est loin d'être le cas...
Il y a d'autres raisons plus personnelles encore qui m'ont conduit à rédiger ce blog...
Vous pouvez bien sûr nous envoyer votre texte au mail indiqué dans "contact", c'est fait pour. Nous le publierons évidemment. C'est très précieux d'avoir des témoignages. Je pensais le mettre dans la rubrique "expériences personnelles" si vous nous le permettez.
Merci à vous pour cette discussion, votre douceur et votre gentillesse.
Cordialement,
Sibylline
9SibyllineJeudi 18 Août 2016 à 13:38Je m'excuse également de vous avoir répondu si tard, mais je n'ai pas eu de mail pour me prévenir de votre réponse, car j'ai fait une fausse manoeuvre. Du coup, je ne suis allée voir sur le blog que ce midi.
10SibyllineJeudi 18 Août 2016 à 13:44Re-bonjour Anne,
Je ne sais pas si vous avez vu la réponse d'Alain qu'il a écrite le 16 août. Du coup, je vous la recopie (je ne l'ai vue moi-même qu'aujourd'hui):
"Bonsoir Anne,
Je trouve cette conversation intéressante, il me semble que nous aurions pas mal de choses à partager.
Si vous souhaitez nous contacter (ce n'est pas une obligation, on peut continuer à échanger ainsi), vous
pouvez nous écrire un mail à l'adresse amor.semper@yahoo.fr
Ce serait intéressant de pouvoir approfondir cette discussion. C'est l'occasion d'échanger nos expériences
et nos points de vue. Le fait qu'on partage aussi la même foi est un sujet de discussion supplémentaire. Il y a
beaucoup à dire à propos de la relation de la foi et de la maladie qu'il ne faut pas confondre mais qui se
rejoignent parfois.
Bonne soirée,
Alain"
Elle précédait la mienne. Je vous informe également que depuis votre réponse, je vous ai répondu dans trois messages. Il faudra donc commencer deux commentaires avant celui-ci. On n'y pense pas forcément...Du coup, je préfère vous le dire pour que vous soyez certaine que nous ayons bien répondu à tout.
Merci encore à vous.
Sibylline.
11AnneJeudi 18 Août 2016 à 18:05Chère Sibylline, cher Alain,
Merci pour vos réponses que j'ai maintenant toutes lues.
Nous sommes vraiment sur la même longueur d'onde et si je peux me rendre utile pour collaborer avec vous afin d'informer, de sensibiliser sur la réalité méconnue de la maladie psychique, je ne demande pas mieux. Qui dit réalité méconnue dit aussi des expériences extrêmes de maladie qui font que les gens qui les ont traversées ont un "savoir être" insoupçonné, des richesses spirituelles, existentielles à partager probablement aussi instructives que celle d'un navigateur qui aurait fait le tour du monde en solitaire...(Je vous ai envoyé un mail)
Bien amicalement
Anne
12SibyllineJeudi 18 Août 2016 à 18:43Chère Anne,
Nous vous remercions grandement pour votre participation et votre volonté d' informer en faisant partager votre expérience. Nous sommes évidemment preneurs pour des témoignages d'une telle richesse, en sachant que notre blog est lu dans le monde entier, une trentaine de visites par jour en moyenne. Nous faisons le suivi grâce à l'outil "google analytics". Des gens du monde entier le lisent: de l'Arabie Saoudite, en passant par l'Irak, la Russie, les Etats-Unis... Bref, tous les continents y passent. Votre richesse intérieure, votre expérience de navigatrice du monde psychique intéressera donc sûrement tous ceux qui s'informent, vivent d'affreux préjugés et subissent la double peine de souffrir psychiquement et de devoir supporter le regard des autres de surcroît. C'est une véritable injustice qu'il faut combattre par une expression libre.
Bien à vous,
Sibylline.
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Bonjour,
Tout d'abord, je souhaite à chacun une très bonne fête de l'Assomption!
Je suis atteinte depuis 1992 de bipolarité avec troubles schizoïdes.
Trouver un (e) guide spirituel(le) est pour moi mission impossible. Tout se passe bien jusqu à ce que j'évoque mes aléas psychotiques et les souffrances qui vont avec. Là, tout à coup, c'est comme si il était marqué "lépreuse" sur mon front. Expliquer que j'ai quand-même su fonder une famille , que mon mari et ma fille de 17 ans, pleine de vie et équilibrée, sont heureux à mes côtés n'y change rien.
C'est une double peine en plus de la maladie et comme je suis très attachée à la foi de mon baptême, je souffre énormément de l'indifférence de ma communauté, en particulier des consacrés (le prêtre de notre paroisse ne vient jamais me voir quand je suis hospitalisée alors qu'il visite d'autres malades. Il ne passe même pas un coup de fil à mon mari pour avoir des nouvelles. Quand je reviens à la messe, c'est comme si je n'avais pas été absente (ou alors pour aller passer des vacances au Club Med peut-être).
Je n'ai pas assez des doigts de mes deux mains pour compter le nombre de personnes d'Eglise que j'ai contactées pour essayer de m'aider (prêtres, moines...). Très gentiment, ils m'ont fait comprendre qu'ils ne pouvaient pas m'aider. Je leur disais que j'étais très bien suivie médicalement mais que c'était sur le plan spirituel que j'avais des questions essentielles...ils ne saisissaient pas.
J'ai de plus en plus de mal à continuer à pratiquer. J'ai l'impression que l'Eglise ne me veut pas. Je suis trop blessée, et la maladie qui ne me lâche pas...J'ai du encore être hospitalisée 2 semaines en juillet pour un début de crise, vite enrayé heureusement.
Merci pour vos articles qui évoquent des problèmes méconnus mais bien réels et souvent très douloureux
Que Dieu vous bénisse
Anne
Bonjour Anne,
Je suis très touchée par votre témoignage. Il faut lutter en permanence pour que chacun soit écouté et que les gens ne soient
pas étiquetés. Les médias font beaucoup de mal aussi, car ils véhiculent l'idée que les malades sont des gens dangereux
(cf: article suivant si cela vous intéresse:http://folieetespoirblog.eklablog.com/attention-aux-amalgames-a126483360).
Par ailleurs, nous restons assez convaincus que le spirituel peut aider à aller mieux psychiquement, un prêtre du diocèse
de Dijon en parle dans un livre que nous avons résumé (http://folieetespoirblog.eklablog.com/de-la-guerison-spirituelle-a-la-guerison-psychique-a118772902).
C'est incroyable de devoir lutter sur tous les fronts, mais votre ouverture d'esprit, votre foi, votre gentillesse auront raison de
tout, j'en suis sûre. Jésus, lorsqu'il a accompli des miracles, a dit: "C'est ta foi qui t'a guéri."
Pensez à Thérèse de Lisieux qui a réussi à vaincre ses maux en se rapprochant de Jésus (nous avons écrit quelques
articles là-dessus aussi). Elle a souffert de troubles psychiques. L'Eglise semble l'oublier.
Je vous envoie mes plus belles pensées de soutien.
Bien à vous,
Sibylline
Bonjour Anne,
Votre témoignage est instructif et en même temps douloureux. On voit bien qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire pour
que les personnes atteintes de maladies psychiques graves soient acceptées par la communauté de l'Eglise. Pourtant, en ce qui vous
concerne, vous donnez toutes les apparences d'une personne "normale", un foyer, un mari, des enfants. Que se passe-t-il
alors pour ceux qui n'ont rien et qui sont rejetés de partout. Même l'Eglise ne les accueillera pas ? Je me demande bien ce
que va en penser Jésus qui disait : "ce que vous ferez au plus petit d'entre vous, c'est à moi que vous le ferez."
On trouve bien plus d'articles qui vont dans notre sens sur les sites internet américains, ils sont en avance. On peut espérer
que la prise de conscience se transmette jusqu'ici. Mais pourquoi faut-il tant de temps ? Pourquoi ce rejet, ce mépris ?
On nous dit souvent : un chrétien isolé un un chrétien perdu. Comment peut-on laisser les gens se perdre ainsi ?
En tout cas, il ne faut surtout pas que vous abandonniez votre foi pour cela. On a foi en Dieu, pas foi en l'Eglise ou en certains de
ses membres qui sont comme nous tous des pécheurs.
Pour résumer, on pourrait dire : pardonne leur car ils ne savent pas ce qu'ils font.
Alain