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Attention aux amalgames!
Quelle définition donner de la maladie mentale?
Il est très difficile de donner une définition bien circonscrite de la maladie mentale. De nombreuses personnes peuvent être amenées à séjourner en hôpital psychiatrique suite à une dépression grave, une ou plusieurs tentatives de suicide, en raison d'émotions négatives difficilement gérables, de souffrances accrues qui peuvent aller jusqu'à handicaper le patient. Les degrés sont variés. On constate que les médias soulignent très fréquemment le lien entre les meurtriers et les gens souffrant de troubles psychiatriques, comme nous pouvons le voir dans les deux extraits d'un même article du MONDE (ci-dessous, concernant les attentats en Allemagne en 2016). Ce lien est un vrai problème pour tous ceux qui souffrent de troubles psychiques et qui sont absolument inoffensifs. On oublie de rappeler que c'est la majorité des cas. Cet amalgame, produit par les médias, peut faire du mal à tous les autres qui n'ont rien fait, souffrent en silence et se voit ramener à l'humiliation d'avoir le sentiment d'"être un déchet de la société". Le regard porté sur la société n'est donc plus bienveillant, ce qui crée un véritable drame. La démarche de la communauté devrait être d'aider et non d'enfoncer ceux qui souffrent, ce que les médias -sans le vouloir peut-être- font en raison de leur jugement toujours négatif et des analogies qu'ils créent entre la dangerosité d'un individu et son séjour en hôpital psychiatrique.
Que penser des motivations de ceux qui commettent des attentats?
Il y a sans doute plusieurs profils. De vrais fanatiques qui comptent gagner le paradis en massacrant des infidèles, des gens un peu à la marge qui retrouvent une sorte de dignité dans un mouvement extrémiste. Les vrais malades mentaux ne font pas partie de ce profil, ils sont trop désorganisés pour commettre de tels attentats avec toute la logistique que cela requiert. Les crimes de malades mentaux sont commis dans un accès de folie et ne sont pas planifiés. On a tendance à mettre cela sur le dos des malades car c'est un bouc émissaire facilement trouvé et incapable de se défendre, c'est bien pratique et ça évite de réfléchir.
Extrait d'un article du journal Le MONDE "Attaques en série, Allemagne sous le choc":
Séjour en hôpital psychiatrique
L’auteur, tué dans cet attentat suicide, est un réfugié syrien de 27 ans qui s’était vu refuser sa demande d’asile il y a un an. Il avait été autorisé à rester en Allemagne – où il était arrivé en 2014 – malgré le rejet de sa demande d’asile, et séjournait dans un centre d’hébergement d’Ansbach. Il devait se faire expulser en Bulgarie, selon le ministère allemand de l’intérieur.
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Autre extrait dans le même article du MONDE:
Vendredi soir, un Germano-Iranien de 18 ans souffrant de troubles psychiatriques, obsédé par les tueries de masse mais a priori sans lien avec le djihadisme, a tué neuf personnes à Munich et en a blessé grièvement 11 autres lors d’une fusillade. Le 18 juillet, un demandeur d’asile, affirmant être afghan mais dont la police pense qu’il est pakistanais, avait déjà blessé à la hache cinq personnes dans un train à Wurtzbourg, lors d’une attaque revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI).
Analyses sur ces références récurrentes aux troubles psychiatriques
Les médias semblent se donner bonne conscience en mettant ces actes sur le dos de gens qui ne ressemblent pas au commun des mortels. Pourtant, une analyse scientifique vient contredire ce martèlement médiatique. Peut-être que toute personne dangereuse est finalement considérée comme une personne malade psychologiquement...Ne serait-ce pas l'idée que veulent véhiculer les médias?
Dans la revue du CAIRN intitulée "l'information psychiatrique", la question de la dangerosité des malades mentaux est posée: les malades mentaux sont-ils plus violents que les citoyens ordinaires?
Voici la réponse qui est donnée, après une longue analyse des chiffres:
"Dans les pays industrialisés, le taux d’homicide est compris entre 1 et 5 pour 100 000 habitants . Les troubles mentaux graves sont considérés comme responsables de 0,16 cas d’homicide pour 100 000 habitants. Pour les homicides, les malades mentaux représentent donc entre 1 criminel sur 20 et 1 criminel sur 50, mais il ne faut pas oublier que la prise d’alcool et de drogue, très fréquente dans ces pathologies, multiplie le risque par 16 chez les hommes et par 84 chez les femmes.
De la même façon, il ne faut pas négliger l’importance des données sociodémographiques, de la précarisation et des difficultés de réhabilitation des malades mentaux. C’est ainsi que les caractéristiques des patients violents sont les mêmes que dans la population générale. Ce sont des patients jeunes, de sexe masculin, dont le statut socio-économique précaire est surreprésenté : pauvreté, chômage, milieu défavorisé et dont le quartier de résidence joue un rôle majeur. L’abus de drogue et d’alcool majore le risque de violence chez un malade mental comme chez quelqu’un indemne de tout trouble mental [1, 2, 12-14, 23, 58]." (§20 et 21).
En conclusion, cet article veut essayer de faire prendre conscience qu'il faut lutter contre ces amalgames qui courent en permanence dans les médias et qui ont une action stigmatisante sur ceux qui souffrent de troubles mentaux et qui sont, pour la plupart, inoffensifs. Cette stigmatisation rajoute de la violence sur une souffrance déjà très grande.
Lien vers l'article cité "Attentat en Allemagne"
Lien interne
La schizophrénie à tort et à travers (autre article portant sur le problème des amalgames):
http://folieetespoirblog.eklablog.com/schizophrenie-a-tort-et-a-travers-a112457556
« La liberté est-elle une illusion?L'illusion qui réconforte est-elle préférable à la vérité qui dérange? (Sujet de philosophie) »
Tags : attentat, maladie mentale, hôpital psychiatrique, amalgame, médias, préjugés
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