• D'où vient le mot "guérir"?

     

    D'où vient le mot "guérir"?

     

    Etymologie (cf: Dictionnaire étymologique de Jacqueline Picoche)

     

    Le mot "guérir" vient de la racine indo-européenne *swer, variante *sert et *wer "faire attention". En germanique, une base *war "être attentif" apparaît dans le germanique *warnjan (en allemand warnen, en anglais to warren) "pourvoir, munir" et "protéger" (en allemand wahren); *wardon "attendre, soigner" (allemand warten, anglais to ward).

     

    Au Moyen Age

     

    Au XIème siècle, le francique *wardon a donné les mots "garder, garde-fou, gardiennage" etc...Une variante de *wardon se trouve dans le mot garir qu'on trouve en ancien français. Dans le dictionnaire de l'ancien français de Godefroy, on trouve à côté du terme "garir", ses variantes: garrir, guarir, guérir, gauarir, warir.

     

    Les dérivés

     

    guérison, guérissable, inguérissable, guérisseur.

     

    Les proverbes (cf.dictionnaire Littré)

     

    C'est un saint qui ne guérit de rien: se dit d'un homme qui a peu de crédit.

     Médecin, guéris-toi toi-même: c'est-à-dire gardez pour vous-même les avis que vous donnez  aux autres. Lorsque l’on donne des remèdes aux autres, on doit être capable de se les prescrire à soi-même.

     

    Quand on est mort, c'est pour longtemps ;

    On est guéri du mal de dents,

     De la potence et du carcan, Anc. chanson.

     

    Comment est-on passé du sens de "protéger, se défendre" à celui de "soigner"?

     Guérir peut signifier "protéger quelqu'un d'une maladie, d'une attaque extérieure". Cela signifie donc que celui qui est malade n'a pas su ou pu combattre l'envahissement d'un "ennemi". Dans le cas de la maladie psychique, on peut songer qu'il s'agit d'une influence psychique néfaste qui se manifeste sous forme de cauchemar éveillé qu'on appelle "délire" qui vient du latin "delirium" "sortir du sillon". Ces pensées qui nous rongent, nous obsèdent doivent être chassées. La question est de savoir: par quels moyens?

     

    Dans le dictionnaire Littré, on trouve le sens suivant:

     Guérir quelqu'un de quelque chose, lui ôter quelque inclination, quelque habitude qui n'est pas bonne: Le plaisir que je prenais à le relire sans cesse me guérit un peu des romans. [Rousseau, Confess. I]

     

    On retrouve cette même idée dans le mot composé GARDE-FOU:

     

    Il est synonyme de garde-corps. Sorte de talus en terre établi le long des routes qui bordent un précipice. Ce qui empêche de faire des folies, des imprudences. Ex:  La liberté des prix sans garde-fou est impensable.

     Le garde-fou est ce parapet, cette balustrade, cette protection raisonnable et sage qui permet d’éviter de faire des folies et de tomber dans un précipice dont on revient parfois bien meurtri. Mais certains font le choix de sauter ou tombent tout simplement sans le vouloir : espérons alors qu’ils trouvent le chemin pour remonter et comprendre pourquoi aucune barrière n’a été mise.

     C’est aussi à la famille, à la société de veiller à ce qu’un enfant ou un adolescent ne franchissent pas les barrières qui le conduiraient droit au précipice, à la chute vers une douleur immense qu’on appelle « folie » mais qui en cachent bien d’autres. La vraie liberté ne mène pas à la folie, mais à la sagesse. Elle est cette douce harmonie qui nourrit notre être de lumière.

     Pour conclure, si on s’en réfère au sens étymologique et à l’évolution du mot « guérir », le soin passe par une protection contre les mauvaises influences et habitudes. Il est un rempart qu’on se construit non contre la lumière (ce serait le danger de vivre emprisonné et reclus, imperméable à toute influence, même les bonnes) mais contre ce qui nous rend servile, nous vole notre liberté, contre nos illusions les plus tenaces. Quand un homme vous dit : « vous gagnerez beaucoup en vendant ce produit illicite, vous serez riche, puissant rapidement. » Il ne vous dit pas l’essentiel qu’il vous vole votre liberté, valeur pourtant cruciale pour grandir. Il vous cache la vérité, par un énorme mensonge, par une escroquerie mentale, il vous prend l’essence de votre âme et celle de votre bonheur. Accepter de s’asservir, c’est franchir le pas vers un mal dont on connaîtra bientôt la douleur. Donc, apprenons à nous protéger des mauvaises influences pour être en pleine santé, voilà ce que nous enseigne l'histoire du mot « guérir ».
     
     

     

     

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