• Schizophrénie à tort et à travers

     Schizophrénie à tort et à travers 

    Quand on lit la presse, quelle est la probabilité de voir utiliser le terme schizophrénie à bon escient ?

    Dans le langage de la presse non informée ou indifférente, on emploie le terme de schizophrénie pour signifier une contradiction intenable entre une idéologie et une action. On le trouve aussi associé à la description d’une attitude diaboliquement néfaste : « c’est une véritable schizophrénie.». Le terme se trouve attaché à ce qu’il y a de pire dans l’homme ou dans la société, à ce qu’il faut combattre avec la dernière énergie. Il en ressort une stigmatisation de la maladie par ignorance, les schizophrènes étant assimilés au mal absolu qu’il convient d’éradiquer.

    Définition de la schizophrénie selon l'INSERM:

    La schizophrénie est un trouble appartenant à la catégorie diagnostique des psychoses délirantes chroniques ; elle est principalement marquée par des idées délirantes, reflet d’une perte du contact vital avec la réalité, et une dissociation, véritable dislocation de la vie psychique (cognitive et affective).

    Parmi les principales manifestations de la schizophrénie, dans sa forme typique, on note un syndrome dissociatif, un syndrome délirant et un syndrome autistique :
    - une pensée désorganisée (qui se traduit le plus souvent dans le langage, par l’impossibilité de tenir un discours suivi et cohérent, mais aussi dans des troubles de l’attention, de la concentration et de la compréhension) ;
    - un comportement désorganisé (de nature très variée, stupeur et rigidité catatoniques, excitation extrême, tenue vestimentaire excentrique, manières grossières et obscènes, vociférations injurieuses…) ;
    - des idées délirantes (persécution, mégalomanie, pensées volées ou intrusives, conceptions invraisemblables et excentriques, croyance en un sens caché de certains phénomènes, etc.) ;
    - des hallucinations (auditives dans la grande majorité des cas, avec une ou plusieurs voix discutant ensemble au sujet des pensées du patient, mais aussi bien visuelles, olfactives, tactiles ou gustatives) ;
    - un ensemble de symptômes dits "négatifs" (émoussement progressif de l’émotivité, de la communication verbale et de la volonté, tendant vers un comportement de plus en plus isolé, inerte et insensible au mond
    e environnant).

    Usage courant du terme :

    D'un autre côté, il y a l'emploi du terme schizophrénie dans la langue courante ou dans celle des journalistes. On parle de la schizophrénie d'un individu ou d'un parti quand il est tiraillé entre deux sentiments ou lorsque son action ne reflète pas ses dires. On appelle schizophrénie la contradiction. Cela n'a rien à voir avec la maladie psychique dont la définition est donnée plus haut. On trouve aussi parfois l'expression : "la pire des schizophrénies" quand la contradiction est flagrante ou alors on lit : "il faut extirper" cette schizophrénie. Dans ce cas, on désigne une attitude néfaste au plus haut point et qu'il faut combattre vigoureusement. Cela signifie-t-il que les schizophrènes représentent le mal absolu ? En réalité, la notion courante nous éloigne de la réalité de la maladie et stigmatise les schizophrènes, comment se réinsérer dans la société quand on entend dire partout que la schizophrénie est le mal absolu (pour la société). Elle est un mal absolu, c'est vrai pour le malade lui même qui souffre parfois horriblement, une horreur que ceux qui ne l'ont pas vécu ne peuvent pas s'imaginer. C'est peut être cette incapacité à se projeter dans le vécu d'un schizophrène qui laisse tant de champ aux interprétations erronées

    .

    Des extraits tirés de Google Actualités :

    L'usage de drogues (amphétamines, cocaïne, alcool, mais aussi cannabis) peut agir comme un catalyseur révélant une schizophrénie : conforme à la définition médicale

    Ce n'est pas un gros mot, que l'on se rassure, « schizophrénie sociétale » veut juste dire que l'on ne sait plus, mais plus du tout, ce que l'on doit faire ou dire : usage courant

    «La schizophrénie est un trouble appartenant à la catégorie (...) des psychoses délirantes chroniques, définit l'Institut national de la santé et de : conforme à la définition médicale

    On était tous très bien intégrés… Sincèrement, j'ai toujours su d'où je venais et d'où j'étais. La schizophrénie identitaire, c'est de la littérature : usage courant

    Amanda Bynes souffre de schizophrénie, une maladie que n'accepte pas sa mère Lynn Bynes, malgré le diagnostic des spécialistes : correct

    A travers son action sur l'hippocampe, ce neuro-transmetteur jouerait un rôle dans certains symptômes observés dans la schizophrénie : conforme à la définition médicale

    Le PS va décrocher, du fait de sa schizophrénie, estime David Cormand, chargé des élections. : usage courant

    L'économiste pointe du doigt «la schizophrénie du gouvernement, qui veut attirer les investisseurs étrangers en France, mais qui bloque : usage courant

    Sébastien Mérignargues, le directeur de la station de Tignes parle carrément de schizophrénie : « Le monde de la montagne râle sur les dates : usage courant

    Enfin, le risque de survenue de schizophrénie est un phénomène peu associé à l'alcool, contrairement au cannabis. : conforme à la définition médicale

    C'est aussi la schizophrénie française : le modèle républicain se veut indiffèrent aux différences, tout le monde est citoyen : usage courant

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