• La psychiatrie a-t-elle médicalisé nos émotions?

    Dans le numéro

    N°15- Histoire de la folie à l’age moderne 1ère partie : "Grandeur et décadence de la psychiatrie"

    Ouvrage recensé :
    "UN MONDE DE FOUS"

    par Patrick Coupechoux, préface de Jean Oury

    Paris, Seuil, 2006

    une étude a été réalisée sur l'évolution de la psychiatrie en France dont voici un extrait:

     

     

     

    "L’apparition de ces médicaments, suivis de beaucoup d’autres dans les décennies suivantes, a deux conséquences. Tout d’abord, la situation des malades change considérablement à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital. Dans la mesure où les états violents d’agitation sont mieux contrôlés et la fréquence des délires diminuée, les malades peuvent plus facilement communiquer avec leurs thérapeutes. Les médecins ont moins de réticence à faire sortir de l’hôpital des malades « stabilisés » par ces médicaments, donc moins susceptibles de troubler l’ordre public. Mais notons que dès 1952, bien avant l’apparition des neuroleptiques, Philippe Paumelle avait consacré son sujet de thèse à l’« essai du traitement collectif du quartier des agités » . En second lieu, ces découvertes ont des répercussions très importantes sur la psychiatrie elle-même. Ayant dorénavant leurs médicaments, observe Patrick Coupechoux, les psychiatres peuvent s’identifier au modèle médical classique auquel, finalement, ils rêvent. L’apparition des médicaments va donc permettre une plus grande assimilation de la psychiatrie à la médecine. Elle tend à renforcer le rôle des partisans d’une psychiatrie dite « biologique » avec le risque de transformer la psychiatrie en médecine du cerveau et le patient en un nouvel objet. C’est l’école qui domine très largement aujourd’hui, sous la houlette de la psychiatrie américaine.

    L’utilisation massive et sans discernement des médicaments non seulement par les psychiatres mais aussi par les généralistes a suscité et suscite encore des réactions. On parle de « camisole chimique ». Le professeur Edouard Zarifian, l’un des fondateurs de la psychiatrie biologique en France, explique qu’aucun médicament psychotrope n’a d’effet sur les troubles psychiques » . Certes les médicaments permettent au patient de sortir de la crise pendant laquelle toute communication est impossible, mais c’est à partir de ce moment-là que commence mon travail, explique aussi Pierre Delion . Jean Ayme fait remarquer que les médicaments ne sont pas les seuls à pouvoir permettre au patient de sortir de la crise, même si le Largactil est arrivé à point pour s’inscrire dans la démarche subversive de l’appareil de soin. La diminution de l’agitation, selon lui, a commencé bien plus tôt, avec les expériences de Daumézon, de Tosquelles et de quelques autres, parce que, dit-il, le nouveau regard sur la maladie mentale change la maladie mentale elle-même et son devenir."

     

    Lien vers l'article complet:

    http://agenda.ipc.univ-paris-diderot.fr/spip.php?article88

    « Mon avis sur les soins dans le domaine de la psychiatrieLe délire. Qu'en penser? »
    Partager via Gmail Yahoo!

    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :