• La folie exploratrice

    <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> La folie exploratrice </figure>

    Rimbaud et la folie

    "les hallucinations sont innombrables", Rimbaud Une saison en enfer, "Nuit de l'enfer". Pour se faire "voyant", le poète ne doit pas hésiter à aller s'aventurer aux frontières de la folie. La poésie doit se libérer des servitudes de la raison, doit aller vers la liberté créative qui se trouve davantage dans la folie que dans les carcans du raisonnable qui cloisonne.

     

    Une partie d' Une Saison en enfer s'appelle "Délires" et il commence ainsi: "A moi. L'histoire d'une de mes folies." Il veut une poésie de sensation, qui s'inscrive dans le corps, qui fasse réagir, frissonner, vibrer ou pleurer.

     

    Les hallucinations chez Rimbaud

    Dans Délires II, Rimbaud écrit: "Je m'habituai à l'hallucination simple: je voyais très franchement une mosquée à la place d'une usine, une école de tambours faites par des anges(...)" ou encore dans "Le Bateau ivre" plus célèbre encore, on peut lire:

    "Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème

    De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,

    Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême

    Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

    *

    Où, teignant tout à coup les bleuités, délires

    Et rythmes lents sous les rutilements du jour,

    Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,

    Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

    *

    Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes

    Et les ressacs et les courants : je sais le soir,

    L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,

    Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir ! "

    ***

    Je est un autre

    Cette formule si célèbre d'Arthur Rimbaud se trouve dans sa lettre écrite à Georges Izambard. "Je est un autre" rappelle que l'identité est faite d'altérité. Le "je" du fou semble lui aussi plein d'altérité, plein du concernement dont parle Henri Grivois. Les autres vivent en lui, le monde déraillant s'exprime parfois dans ce moi éclaté qui a perdu son unité. C'est tout un monde qui vit, illogique parfois, défiant la raison dominante. La folie fait peur, car elle montre parfois la faiblesse humaine dans un délire qui n'a pas pu s'organiser: elle est l'expression de l'inconscient. Elle est le miroir sincère de ce que nous nions, de ce que nous cachons et que le fou exprime, dérangeant le monde.

    La psychiatrie, nous dit Patrick Coupechoux, a besoin de la poésie pour exister et être efficace, pour vaincre "l'incommunicabilité".

    Le poète donne forme à cette folie. Il explore un monde inconnu, encore sauvage, comme nous le rappelle l'étymologie du mot "folie" qui vient du latin "folium", la feuille. Ce mot rappelle la nature sans la civilisation, "les herbes folles", ces pensées qui jaillissent lorsque la raison n'a pas encore pu les écarter et les ciseler. La folie, l'instinct, semblent marier pour laisser émerger un monde nouveau que le poète a le génie de faire passer dans la langue et de rendre en partie intelligible.

     

     

    Bibliographie

    Un Homme comme vous- Patrick Coupechoux

    Mais sait-on quels sont les sages et quels sont les fous, dans cette vie où la raison devrait souvent s'appeler sottise et la folie s'appeler génie? Guy de Maupassant in "La Peur"

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  • Commentaires

    1
    Lana
    Mercredi 9 Avril 2014 à 12:00
    Ca donne envie de lire le livre.
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