• Marc-Aurèle, l'ancêtre des thérapies cognitives et comportementales (selon Cottraux) 

     

        Marc Aurèle est considéré comme l’ancêtre des thérapies cognitives et comportementales, qui visent à comprendre sur le plan théorique et à traiter des pathologies comme l’anxiété, les obsessions et les phobies, la dépression ou encore les troubles de la personnalité. Tous les ouvrages spécialisés, y compris les miens, se réfèrent au fragment 47 du Livre VIII des Pensées : “Si tu souffres à propos de quelque chose d’extérieur, ce n’est pas cette chose qui te trouble, mais ton jugement sur elle.” Le principe de base de la thérapie cognitive est que la réalité est une construction : nous l’interprétons en fonction de schémas cognitifs, de modèles de pensée qui façonnent nos sentiments et nos comportements. La rectification des représentations est une préparation à l'action. Dans ce domaine, un autre précepte de Marc Aurèle sert de fondement en thérapie cognitive : selon lui, il faut agir avec une “clause de réserve”, c’est-à-dire en étant conscient que des obstacles peuvent survenir. Ce qui compte, c’est la pureté de l’intention ; si je rencontre des difficultés en pratique, je ne dois pas m’en affliger, car elles ne dépendent pas de moi. En d’autres termes, l’échec éventuel ne doit pas amener le sujet à (se) culpabiliser. Dès lors, en thérapie, il s’agit de corriger les jugements subjectifs négatifs, en faisant mesurer la part de ce qui n’est pas en notre pouvoir et en fortifiant la capacité à rebondir, par la juste appréhension de ses forces. Marc Aurèle, qui passe pour un éternel pessimiste, offre donc des jalons pour nourrir une attitude positive à l’égard de soi et de la vie.

     

    Pour les curieux: mais qui était Marc-Aurèle?

     

        Aristocrate romain adopté par la famille impériale, Marc Aurèle se révèle très tôt adepte de la philosophie. Il découvre le stoïcisme qui l’aide à conduire sa vie autant que son empire. En accord avec la nature, l’homme devient une « forteresse imprenable », un sage détaché des passions. Cette maîtrise de soi lui permet d’étendre son autorité sur le monde. Il naît en 121 à Rome, sous le nom de Marcus Annius Verus. Il est issu d’une famille riche et influente de l’aristocratie : son père, qu’il perd tôt, est magistrat, tandis que son grand-père maternel est consul et préfet de l’empereur en place Hadrien. Ce dernier remarque et couve le jeune Marcus, dont la vocation philosophique perce rapidement : à 12 ans, il abandonne la robe des fils de patriciens pour le manteau d’étoffe grossière des philosophes, un signe d’ascèse matérielle et spirituelle popularisé par Diogène le Cynique. En 138, Hadrien désigne son successeur, Antonin le Pieux. Prévoyant, il demande à ce dernier d’adopter Marcus – à cette époque de l’Empire romain, le pouvoir ne se transmet plus nécessairement de père en fils. L’adolescent prometteur prend alors le nom de Marc Aurèle. Dès l’année suivante, il est élevé à la dignité de César, c’est-à-dire d’héritier légitime et, en 145, il se marie avec la fille d’Antonin, Faustine. Ils auront treize enfants, dont six survivront, cinq filles et un garçon, Commode.

     

        Il va découvrir Epictète et cette lecture sera totalement bouleversante pour lui. Très vite, Marc Aurèle éprouve les mérites de l’impassibilité stoïcienne, la posture selon laquelle « il faut se tenir prêt, sans broncher, à répondre aux coups qui fondent sur nous » (Pensées pour moi-même). Dans les Pensées, il médite à plusieurs reprises sur les transformations incessantes et inéluctables de l’Univers. Devant ce carrousel, la conscience de l’éphémère s’impose et ce « petit instant de temps » qu’est la vie doit être « [traversé] en se conformant à la nature », le credo stoïcien par excellence. Cette nécessité d’une existence concentrée sur l’essentiel et conjuguée au présent se mesure à l’aune de l’évanouissement qui la suit : « Bientôt tu auras tout oublié, bientôt tous t’auront oublié. » À cette maxime pessimiste de Marc Aurèle, les jugements dithyrambiques des historiens tant antiques (il est « le meilleur des hommes [ayant] jamais exercé une autorité » selon Dion Cassius dans son Histoire romaine) que modernes (« Avec lui, la philosophie a régné », écrit Renan) apportent un flagrant démenti.

     

        Le seul remède qui lui permet de tenir est bel et le bien la philosophie (tant son règne a connu des moments difficiles). Durant cette campagne militaire en Germanie, Marc Aurèle entame ses Pensées ou Écrits pour lui-même, des intitulés fixés par la postérité. En exergue des livres II et III se trouvent deux mentions, « Chez les Quades, près du Gran » (un affluent du Danube) et « À Carnuntum » (une base militaire située le long du fleuve). Ces deux livres sont d’ailleurs hantés par le spectre de la mort imminente, qui suscite un carpe diem tragique : « Il faut accomplir chaque action de la vie comme si c’était la dernière. » Rédigées en grec – la langue de la philosophie – jusque dans les dernières années de sa vie, les Pensées n’ont pas valeur de journal intime : l’empereur-philosophe n’y décrit pas son quotidien et, mis à part le livre I (probablement écrit en dernier, dans lequel il rend hommage aux personnes qui l’ont marqué), les allusions biographiques sont très rares. Mais il ne s’agit pas non plus d’un traité théorique, destiné à la publication. Les Pensées correspondent plutôt à un livre de bord ou à un manuel de vie philosophique à garder sous la main : elles se composent de réflexions et de notes prises au jour le jour, où l’auteur ne s’adresse qu’à lui-même. Marc Aurèle soliloque pour mieux se remémorer les règles (stoïciennes) d’une existence accomplie et s’exhorter à les suivre. Il se prête à ce que Pierre Hadot appelle des « exercices spirituels » (lire sa préface du cahier central) afin de progresser vers la sérénité et s’orienter dans l’action. En tant qu’homme, il s’entraîne à discipliner ses réactions, sans s’affliger des événements parfois terribles voulus par le destin. Il profite de son périple pour passer par Athènes, où il crée des chaires d’enseignement pour l’école stoïcienne (le Portique), mais aussi, signe d’ouverture, pour les écoles platonicienne (l’Académie), aristotélicienne (le Lycée) et épicurienne (le Jardin). Le temps est loin où le tyran Domitien chassait les philosophes d’Italie, jugés inutiles ou subversifs (en 93-94).

     

      La mort de Marc Aurèle marque la fin d’un monde et amorce le lent déclin de l’Empire romain, car Commode (son fils peut-être illégitime) qui lui succède est un empereur exécrable et exécré.

     

    Lien vers l'article de Philosophie Magazine qui parle du rapprochement entre la psychologie cognitive et comportementale et la philosophie de Marc-Aurèle:

    http://www.philomag.com/les-idees/estime-toi-toi-meme-2917

     

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  • Cet article aura pour but de présenter l'émission dont le lien se trouve ci-dessous et qui met en avant le fait qu'on peut croire en ayant pourtant été profondément blessé, victime de maltraitance.

     

    Les invités:

     

    • Tim Guénard qui a rédigé un livre Plus fort que la haine." Il n'y a pas de blessures qui ne peuvent être lentement guéries par l'amour" dit-il. "Trop d'amour pour celui qui ne connaît pas peut paraître suspect." Celui qui souffre d'un manque d'amour peut devenir très agressif. On met toujours à l'épreuve ceux qui veulent nous aimer.
    •  Guy Gilbert: prêtre (soigner les jeunes maltraités en les mettant au contact des animaux)
    • Pascale Sent: journaliste spécialisée en psychologie (la foi malgré les blessures). Se libérer de ses dépendances (ouvrage rédigé par Pascale Sent). Un manque ontologique, donc spirituel, peut entraîner une addiction à la drogue.

     

     

    En conclusion, la souffrance vient d'un manque d'amour selon les invités et seul un travail spirituel peut permettre de retrouver un équilibre. On peut guérir de la souffrance, mais LENTEMENT. L'entourage doit être patient et bienveillant.

    Lien vers l'émission:

    http://www.ktotv.com/videos-chretiennes/emissions/les_plus_vues/les-mardis-des-bernardins-pourquoi-croire-malgre-les-blessures-/00058631

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  • Quand la mélancolie te prend

    Tu sembles

    Tourmenté

    Par ces marées

    De ton âme,

    Qui par vagues

    Cherchent

    Pourtant

    A s'abreuver

    Dans un océan

    De félicité.

    *

     Mais ce monde matériel

    Où le spirituel

    S'est envolé

    A tir d'aile

    Semble bien morose

    Et cause

    De cette humeur chagrine.

    *

    Quelle source vive

    Trouve-t-on dans ce monde

    -Parfois immonde-

    Pour soigner

    Les blessés

    De l'âme brisée?

    *

    Le psychiatre

    Au lieu d'écouter

    Ne cesse de surveiller

    Pour empêcher

    Le moindre forfait:

    Prison

    Plutôt qu'attention,

    Méfiance

    Plus que transcendance,

    Médicaments

    Plus que cheminement.

    *

    C'est la peur

    Qui dirige

    Le Monde

    Et non

    L'Amour

    Qui devrait

    Guider

    Pour toujours

    Les Ames blessées

    Vers des lieux étoilés.

    *

    O Mélancolie,

    Quand tu nous prends...

    Au milieu de la Nuit,

    Au milieu de ce bruit

    Incessant

    Qui détruit et pourfend

    L'Ame en tourments.

    *

    Amertume

    D'un Monde

    Sans spiritualité

    Où la matérialité

    A pris

    Le Dessus

    Sur la divinité.

    *

    Mélancolie:

    Immense Cri

    De l'âme

    Anéantie.

     

    "Je suis fatigué de tout sauf de la musique", citation de Dale (joué par Dexter Gordon) 

    dans le film "Autour de Minuit" de Bertrand Tavernier.

     

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  • L'hybris chez les Grecs renvoie à l'orgueil, la démesure. Il se prononce ainsi "hubris": http://fr.forvo.com/search/hybris/grc/. Il peut engendrer la folie, l'"harmata" "erreur". Le dictionnaire Larousse en ligne nous explique que l'hybris est tout ce qui renvoie à la démesure, à l'orgueil chez les Grecs. Il est puni par les Dieux qui se vengent ("nemesis"=vengeance) sur la personne qui peut alors subir de nombreuses souffrances.

    "La chute d'Icare" de Matisse

     

    La mythologie  regorge de récits mettant en scène un personnage puni pour son hybris envers les dieux : Tantale par exemple. On trouve aussi Bellérophon, Icare, Prométhée, Lucifer, Oedipe...Ils sont tous maudits pour cette raison et perdent leur grandeur première. Dans la Théogonie d'Hésiode, les différentes races d'hommes (de bronze, de fer...) qui se succèdent sont de même condamnées pour leur hybris. D'une certaine manière, la faute d'Agammemnon dans le premier livre de L'Iliade relève de l’hybris en tant qu'il dépossède Achille de la part de butin qui devrait justement lui revenir.

    L'hybris est souvent considérée comme l’HAMARTIA (« erreur » : la folie) des personnages des tragédies grecques et la cause de la némésis (=vengeance) qui s'abat sur ces personnages. Toutefois, les tragédies ne présentent qu'une petite portion des hybris de la littérature grecque et, généralement, l'hybris a lieu de par des interactions entre mortels.

     

    La conception de l’hybris comme faute détermine la morale des Grecs comme étant une morale de la mesure, de la modération et de la sobriété, obéissant à l'adage pan metron (en grec ancien παν μετρον, qui signifie littéralement « de la mesure en tout », ou encore « jamais trop » et « toujours assez »). L'homme doit rester conscient de sa place dans l'univers, c'est-à-dire à la fois de son rang social dans une société hiérarchisée et de sa mortalité face aux dieux immortels. Il ne doit pas se croire plus grand qu'il n'est et accepter que des choses le dépassent en cultivant l'humilité.

    Dans le christianisme, cette notion d'hybris perdure à travers le terme "orgueil" qui est également châtié dans l'histoire de la Tour de Babel par exemple. L'orgueil est un des 7 péchés capitaux. Il conduit l'homme qui en est atteint à la chute.

     

    Cette démesure, cet "hybris" s'opposant à la sagesse, peut engendrer la folie qui se traduit par des émotions négatives excessives qui détruisent la personne qui en est atteinte et la conduise vers une mort psychique ou physique représentée par la chute du personnage.

     

    "La chute d'Icare" de Chagall

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