• La société de la fatigue- Buyung Chul Han - DépressionBuyung Chul Han (penseur allemand)

     

    Par manque de repos notre civilisation court à une nouvelle barbarie. Buyung Chul Han

    S'inspirant des travaux d'Alain Ehrenberg dans La Fatigue d'être soi, mais aussi de ceux de Foucault et de Baudrillard, la nouvelle figure de proue de la philosophie allemande, Buyung Chul Han - qui a fait des études de métallurgie en Corée du Sud avant de s'imposer dans les facultés d'Outre-Rhin- oppose l'ancienne société disciplinaire à la nouvelle société de la performance. Le constat n'est pas nouveau, mais le mérite est d'analyser la question du point de vue de ses revers: burn-out, déficit de l'attention, épuisement, dépression. La barbarie, dénoncée dans la citation, renvoie à ce qui n'est pas civilisé,  à la cruauté, l'oppression, la tyrannie liés à cet accroissement de performance -exigé par le monde du travail- dans lequel l'être humain est pressé comme un citron et ne parvient plus à respirer intellectuellement et sentimentalement. Nous en viendrions presque à faire l'éloge de la paresse...

     

    L'excès d'accroissement des performances mène à un infarctus de l'âme. Buyung Chul Han

    Un infarctus est produit par une lésion de certains organes en raison d'une insuffisance ou de la suppression totale de l'irrigation sanguine. Dans cette citation, c'est l'âme qui n'est plus nourrie, qui étouffe, qui n'est plus irriguée par les sentiments et la pensée, étouffée par l'excès de performance. Cela conduit au burn-out, à la dépression, à un déséquilibre intérieur. Prendre son temps, fuir l'angoisse, pratiquer la méditation peuvent éviter d'en arriver à cet "infarctus de l'âme".

     

     

    Bibliographie

    Philosophie Magazine, Février 2015 N°86, p.14

    La société de la fatigue, Buyung Chul Han, Circé, 2014.

    La Fatigue d'être soi, Alain Ehrenberg, Odile Jacob, 1998.

     

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  • Comment développer l'équilibre mental? Comment effectuer ce travail?

     

    Un fou qui pense qu'il est fou est pour cette raison même un sage. Le fou qui pense qu'il est un sage est appelé vraiment un fou. Bouddha.

    Allan Wallace, docteur en études religieuses, conférencier associé au département d'études religieuses à l'université de Californie, à Santa Barbara, lors de la 2ème conférence MIND AND LIFE en 1989 avait posé cette question au docteur Lewis Judd qui dirigeait alors le centre de  recherche de psychiatrie générale: comment définiriez-vous l'équilibre mental? Allan Wallace regrettait que dans le cas des maladies mentales, on s'attache davantage aux symptômes qu'au moyen d'y faire face. Comment lutte-t-on contre la folie? Par la sagesse. Comme le disait William Blake dans "Le Mariage du Ciel et de la Terre": "La route de l'excès mène au palais de la sagesse." Pour sortir de cette folie qui nous étreint, les moyens utilisés en Europe sont en grande partie les médicaments. On ne met pas en doute le fait qu'ils puissent soulager d'une crise, mais soignent-ils à long terme? Permettent-il à l'esprit de retrouver son équilibre et à l'être humain en souffrance d'accéder à son plein épanouissement? Sans renier notre culture, il nous est tout à fait possible de prendre ce qui est bon dans les autres pour nous en nourrir et la faire avancer. Le bouddhisme, par exemple, s'intéresse à cet équilibre de l'esprit qu'on peut atteindre par la méditation et le Dalaï Lama explique qu'en tibétain, on ne fait pas la différence entre émotions et pensées. Cela signifie donc qu'une intelligence qui se développe au milieu d'émotions négatives entraînera des conséquences graves, tandis que lorsque l'intelligence se met au service d'émotions positives, elle prospère et permet d'atteindre le plein épanouissement ou du moins d'y tendre.

    Les émotions deviennent destructrice aussitôt qu'elles troublent l'esprit.

    Citation du Dalaï Lama (prix nobel de la paix): "Ce qui permet de distinguer les émotions constructrices des émotions destructrices peut s'observer au moment même où cette dernière surgit -le calme, la tranquillité, l'équilibre de l'esprit sont aussitôt rompus. D'autres émotions ne perturbent pas ainsi l'équilibre de l'esprit ni le sentiment de bien-être, au contraire, elles le confortent -on les dira donc constructives."

    On peut par exemple stimuler la compassion en pensant très fort aux gens qui souffrent. Tout au fond règne un sentiment de confiance. Lorsqu'elle est stimulée par l'intelligence, la compassion apaise l'esprit. L'objectif de la pratique bouddhique est d'atteindre le nirvâna, ce qui intéressent les bouddhistes, ce sont les états mentaux qui nous en empêchent. Le nirvâna, c'est la délivrance totale et irréversibles des afflictions mentales.

    En Occident, depuis St-Thomas d'Aquin et les Lumières, l'accent est mis de façon écrasante sur l'intelligence et sur la raison. Or qu'est-ce qui peut entraver l'intelligence? L'émotion.

    Le fait d'accepter l'impermanence, la succession de la vie et de la mort sans en être affligé, par une acceptation profonde, fait partie des états mentaux que la méditation peut permettre d'atteindre.

    En dehors de la compassion, d'autres émotions peuvent apaiser l'esprit qui n'est plus dans une quête effrénée de désir. Il s'agit du renoncement. Ou plutôt de son acceptation profonde sans rancœur. Cela évite de sombrer dans l'illusion. Il est essentiel de savoir qu'on est vulnérable à la souffrance et de l'accepter. Une fois constatée cette absolue vulnérabilité et conscient que les afflictions mentales nous fragilisent, on peut entrevoir la possibilité pour son esprit de s'en libérer.

    Deux qualités peuvent être développées: l'équanimité (équilibre de l'esprit qui agit contre l'attachement ou le désir), la fortitude (proche de la sérénité, il s'agit d'une force morale. Nous devenons comme une montagne qui ne peut être ébranlée par les vents.)

    Bibliographie

    Surmonter ses émotions destructrices, Daniel Goleman. (avec l'intervention de nombreux chercheurs), 683 pages.

     

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  • Je tenais à préciser que l'article sur "fanatisme et folie destructrice" a changé de site et se trouve ici:

    http://recherchesfolie.eklablog.com/fanatisme-et-folie-destructrice-a114255894

    En effet, seul l'un des auteurs du blog (Sibylline) a choisi de prendre cette orientation qui n'était pas commune. Nous ne voulions pas non plus tout mélanger.

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  • La folie peut être définie comme suit: "État psychologique passager de trouble intense ou d'exaltation, causé par une forte émotion ou un sentiment violent et qui peut (dans certains contextes) être assimilé à un accès de folie." (Trésor de la langue française). Cela signifie donc que ma folie est liée à des émotions violentes qui nous dépassent et nous envahissent. Elle n'est pas l'apanage que de ceux qui sont jugés malades et qu'on appelle "psychotiques", elle est proprement humaine. Cela signifie donc que nous sommes tous concernés par la question. Je tiens à rappeler que les gens qu'on dit "malades" se soignent et sont donc bien dans une prise de conscience de la maladie et non dans le déni. Ils sont donc bien moins dangereux  que ceux atteints par une forme de folie destructrice et qui ne s'en rendent pas compte ou qui la nient. Attention à nouveau aux pièges de certaines généralités!

    Quel antidote contre la cruauté?

    Comment lutter contre la cruauté?

    Paul Ekman explique que pour contrer la cruauté, il faut -dans la mesure du possible- éviter le passage à l'acte, surtout le premier. Son antidote serait la compassion. C'est justement ce que le peuple tibétain tente de développer comme émotion positive, à travers le Dalaï-Lama. On ne lutte pas contre l'oppresseur par la cruauté mais par la compassion, exercice évidemment très difficile lorsqu'on est agressé. Si l'on parvient à montrer à ceux qui commettent ces cruautés qu'ils font du tort à quelqu'un qui leur ressemble -à savoir un être humain- , s'il en venaient à ressentir de la peine à son endroit, il leur serait plus difficile, voire impossible, d'être cruels. Mais en général, la victime est dépersonnalisée longtemps avant que ne commencent les actes de cruauté, de façon à rendre les exécutants aveugles à son humanité. Pour tuer quelqu'un ou lui faire du mal, il faut d'abord le déshumaniser. La compassion est un sentiment qui développe le sentiment contraire.

    En somme, chercher l'humain en l'autre, la part bonne, c'est devenir plus humain, plus compatissant, plus solidaire. Etre sensible à la peine de l'autre, à sa souffrance, sans apitoiement mais avec la volonté de le soutenir pour qu'il prenne le bon chemin, qu'il se libère de ses chaînes et du mal qui le ronge, c'est avancer vers le chemin de la sagesse et lutter contre la folie destructrice.

     

    Bibliographie

    Surmonter ses émotions destructrices, Daniel Goleman, p.280.

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  • CITATION de MICHEL FOUCAULT:

     

    «Jamais la psychologie ne pourra dire la vérité sur la folie puisque c'est la folie qui détient la vérité de la psychologie.»

     

    Si certains souhaitent consulter l'ouvrage gratuitement, celui de Michel Foucault Histoire de la folie à l'âge classique (thèse de doctorat), il suffit de se rendre sur ce lien:

    http://data0.eklablog.com/ae-editions/perso/bibliotheque%20-%20pdf/foucault-%20michel%20-%20histoire%20de%20la%20folie%20a%20l-ag.pdf

    4ème de couverture:

    C'est, en principe, une histoire de la folie qu'on enferme, du Moyen Age au XIXe siècle ; c'est, plus profondément, à travers l'étude de cette structure qu'est l'internement, une tentative pour établir un dialogue entre folie et déraison ; c'est enfin une esquisse de ce que pourrait être «une histoire des limites - de ces gestes obscurs, nécessairement oubliés dès qu'accomplis, par lesquels une culture rejette quelque chose qui sera pour elle l'Extérieur».

    Maurice Blanchot

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