• Van Gogh : la tragédie d’un génie méconnu de son vivant, d’un martyr

    <figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-300 "> Van Gogh : la tragédie d’un génie méconnu de son vivant, d’un martyr </figure>

    Van Gogh est classé par les historiens de l’art comme un post impressionniste. Son drame est peut-être celui d’avoir été trop en avance sur son temps. On peut se demander dans l’histoire de ce peintre si sa folie a été en lien avec son génie ? Que lui a-t-elle apporté et quels sacrifices a-t-il dû lui consentir ? Quelles sont les raisons de sa folie et de son génie ? Je tiens à préciser que cet article prend ses sources dans l’ouvrage "Manic Depression and Creativity" rédigé par Hershma et Julian Lieb et traduit par Alain, autre contributeur de ce blog.

    « Pour moi, le drame de la tempête dans la nature, le drame de la peine dans la vie, c’est le plus impressionnant. On doit ressentir ce que l’on peint.» Van Gogh

    « Que suis-je aux yeux de la plupart ? Une non entité ou un homme excentrique et désagréable – quelqu’un sans position dans la société et qui n’en n’aura jamais, le dernier des derniers. Très bien, même si c’est vrai, je voudrais que mon œuvre montre ce qu’il y a dans le cœur d’un tel excentrique, d’un tel non être. » Van Gogh

    « Je peux très bien vivre sans un Dieu bienveillant, dit-il, dans ma vie comme dans mes tableaux. Mais je ne peux pas vivre sans quelque chose qui soit plus grand que moi et qui constitue ma vraie vie, la capacité à créer. »

    On a souvent pensé que Van Gogh avait souffert de l’absence de reconnaissance de son vivant. Il n’en est rien. Le succès l’effrayait : « Aussitôt que je lus que mon œuvre avait quelque succès, écrit-il, je craignais aussitôt que j’allais en souffrir ; c’est ainsi que les choses tournent presque toujours dans la vie d’un peintre ; le succès est presque sûrement le pire qui puisse arriver. » Ce n’est pas vraiment de ce côté-là qu’il faut comprendre son mal-être, peut-être dans un paradoxe : celui d’avoir souffert de vivre aux dépens de son frère sans pouvoir s’en passer et la peur d’être reconnu, enfin aimé…

    La tragédie repose chez lui dans l’incapacité à s’aimer, dans la crainte de comprendre un jour qu’il valait quelque chose. Il traitait son corps avec cruauté bien avant de se couper l’oreille. Il se frappait le dos avec un bâton pour se punir d’avoir des pensées qu’il n’aurait pas dû avoir. Il oscillait entre générosité et autodestruction, martyr de lui-même et des autres. Il s’adonna à une véritable religion de l’art, à cette valeur suprême à qui il donna tout et il sacrifia tout ce qu’il était.

    Van Gogh était atteint de la maladie de la maniaco-dépression, appelée aujourd’hui maladie bipolaire, tout comme son frère Théo qui menaça sa femme et son fils et fut enfermé dans un asile, mourant peu après Vincent. Seuls deux des six enfants de la famille ne se suicidèrent pas. Vincent alternait entre des moments d’extase et de dépression. Proche du Saint, mais trop autodestructeur pour l’être vraiment. Toute la tragédie de Van Gogh repose sur le fait qu’il avait un besoin irrépressible d’amour mais qu’il ne parvenait pas à se faire aimer : soit il se tenait en retrait des gens, soit il se fâchait. Ses humeurs excessives, son attitude bizarre faisaient fuir les autres. Pourtant, tout ce que le monde ne pouvait comprendre de lui, il le mit dans sa peinture. Il se tourna vers les pauvres, vers les mines qu’il magnifia dans l’expression de son art, son seul salut : le lieu où il pouvait être compris.

    Il se peut que le rejet des autres lui ait donné une énergie supplémentaire pour se donner encore davantage dans sa passion, pour exprimer toutes ses émotions et sa souffrance dans la peinture. Souffrance, pathologie, « pathos » qui veut dire « souffrir » en grec. Souffrir de ne pas s’aimer, de pas s'estimer, de ne pas parvenir à aimer les autres. Autodestruction, irritabilité, mal-être : voilà les fardeaux qu’il dut supporter. Il aura une relation avec une prostituée qui lui transmettra une maladie vénérienne. Il continuera alors sa terrible descente aux enfers, avec quelques moments d’extase que la création lui donnera. Privé de nourriture, « mourant de faim et de soif », il vivra alors l’enfer de la dépression.

    Van Gogh oscillait en permanence entre des phases d’excitation, d’optimisme, de frénésie où l’art battait son plein et de dépression, de vide extrême et de repli sur soi, comme s’il n’était pas parvenu à gérer ses humeurs capricieuses, ses émotions négatives. Théo dira de lui à sa fiancée : « Comme tu le sais, il a depuis déjà longtemps rompu avec ce que l’on nomme les conventions. Sa façon de s’habiller et ses manières montre directement qu’il a une personnalité inhabituelle et les gens qui le voient disent de lui : ‘c’est un fou’. » Il se peut que son extravagance, sa passion presque religieuse pour l’art, son don, ses phases maniaques lui aient permis de « sortir du sillon » (étymologie du mot "délire"), d’aller au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau.

    Il aura probablement été l’artiste sachant peindre la souffrance de façon expressive, lui qui l’a subie toute sa vie. On peut se demander aussi s’il n’a pas construit un art aussi intense, pour échapper, le temps d’un moment, à la crainte du néant qui sans cesse le happait et l’aspirait vers le bas. Il lui a fallu construire un maximum de choses entre ses crises pour que sous ce qui s'effondre, il reste une base pour reconstruire encore et encore afin que tout ne soit pas démoli. L’art, un élan salvateur ! Cet art qui fit parler de lui plusieurs centaines d’années après.

    « Guérir de la schizophrénie ?Le cauchemar des émotions négatives: les hallucinations »
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