• Santé et harmonie intérieure

                                                                   Roses Madame Meilland

    La folie est définie comme suit par le trésor de la langue française informatisé (TLFi): "Trouble du comportement et/ou de l'esprit, considéré comme l'effet d'une maladie altérant les facultés mentales du sujet." La folie est donc caractérisée par un dérèglement intérieur qui peut altérer les facultés de jugement, l'observation de la réalité, déformant ainsi le monde et perdant la conscience de celui qui en est atteint dans les affres d'un nébuleux mirage. Le sujet peut alors se retrouver dans un monde illusoire qu'il croit réel, coupé des autres et de lui-même. Il n'a alors plus de repères, ne sait plus où il en est. L'âme étouffe, l'esprit et le corps souffrent et le signal d'alarme est alors déclenché: la douleur devient vive, voire insupportable. Le malade ne trouve alors plus le sommeil, ne parvient plus à se concentrer: la maladie est déclarée.

    Marc Vella dans son "Eloge de la fausse note" explique que la vie est ponctuée de fausses notes et que son but est la recherche de l'harmonie. Un homme heureux, paisible, serein est un être qui a trouvé son équilibre intérieur, son équanimité -à savoir une certaine égalité d'âme et d'humeur-. C'est aussi un être animé par des sentiments de bienveillance. C'est bien en retrouvant la sagesse qu'on peut anéantir la maladie. Mais ne nous y trompons pas, cette recherche de l'équilibre intérieur doit entrer en harmonie avec l'extérieur. Les déséquilibres d'une famille ne peuvent pas être portés par un seul être: celui qui est tombé malade. Il n'est pas le seul responsable de cette dysharmonie qu'il catalyse: les erreurs sont aussi celles de l'entourage et à plus grande échelle de la société.

    La maladie mentale est bien le miroir d'un monde qui dysfonctionne mais sans qu'il n' y ait un seul coupable: l'être touché par la mal-édiction. C'est pourquoi le travail incombe à chacun de retrouver un peu de lumière, d'équilibre, pour redonner de la force à ceux qui furent foudroyés par mal-chance. Se relier à la part de divin en soi, méditer sur ce qui fait du bien, voir des images positives, tenter de les mettre en mouvement et de les incarner, voilà ce qui peut nous permettre d'échapper au mal.

    Marc Vella, célèbre pianiste, tente de donner quelques pistes pour se sentir mieux, plus en harmonie avec soi-même, en équilibre:

    "Comment faire quand le mental nous emporte bel et bien au bord du chaos, dans la cacophonie la plus totale? Il faut installer le silence à l'intérieur de soi. Seul le silence redonne une légitimité à ce qui échappe à notre compréhension. Se rallier au silence, c'est se donner le temps de se poser. C'est se donner un temps de recueillement qui nous lie à l'essence du Tout. Tant que nous sommes englués dans nos marécages émotionnels du fait de notre mental, nous devons nous ouvrir pour ne plus souffrir jusqu'à ce que nous trouvions notre propre centre, notre Soi. Paradoxalement, alors qu'il est le grand tribunal qui nous paralyse, le mental peut être un moteur qui nous conduit vers l'amour de soi. Quand l'amour de soi est là, tout s'aligne et le mental se tait. Mais cet alignement n'est que temporaire. Tout bouge, se déplace très vite, des forces antagoniques interviennent, agissant jusqu'à défaire tous ces équilibres. Ainsi, le veut la loi de la vie, qui danse et chante pour nous emporter dans un perpétuel vacillement. Ce qui est vacillant, c'est la fausse note qui appelle chaque fois à la nécessité d'une nouvelle résolution harmonique. Cette nécessité nous tire, nous emmène jusqu'à un nouvel accord nous invitant au silence qui enfin fait sens pour nos sens. Mais cet accord et ce silence, aussi sublimes soient-ils, demeurent fragiles, précaires. Très vite, par la présence de nouveaux sons, l'harmonie se brise une nouvelle fois et d'autres sons arrivent encore, portant en leur sein les germes du prochain équilibre. L'impermanence est mère de toute éternité. Celle-ci ne peut être qu'au prix du vacillement. Nous sommes tous des funambules en équilibre incertain sur la grande portée musicale de la vie. Ce vacillement crée des nœuds, parfois nos fils s'entremêlent, la grande portée musicale part en vrille, alors les sons se mélangent, tout devient incompréhensible et notre mental n'aime pas ça.

    Et pourtant, c'est comme ça que tout prend forme. Ainsi, le beau, le juste, le silence se révèlent-ils par contraste. Plus la dissonance est importante, plus sa résolution est grandiose. Plus un ciel est chargé de nuages noirs, plus forte est la lumière lorsqu'il se déchire enfin. Il en est de même pour la musique de notre vie. Abondance, sérénité, bonheur se révèlent aussi par contraste. Plus nos souffrances ont été importantes, plus notre bonheur présent montre la réalité d'un chemin accompli. Nos fausses notes commises ou subies nous obligent à nous remettre en question. Par elles, peu à peu nous allons vers plus de justesse, nous nous améliorons, nous nous transformons. Mais tant de choses nous échappent encore, le discernement n'est pas toujours là, quiproquos, malentendus, erreurs d'appréciation...La musique de notre vie n'est qu'une succession de maladresses (fausses notes) et de prises de conscience (résolutions harmoniques) qui donnent à ce que nous sommes toute notre réalité.

    En somme, les silences permettent une intériorisation, une écoute du Soi profond, quand les fausses notes expriment nos maladresses et nos faux pas qui doivent aller vers une résolution harmonique: un équilibre intérieur. La sérénité nous permet de garder notre santé ou de la retrouver afin de pouvoir agir librement et avec enthousiasme. Le désir de vivre se trouve dans cet équilibre intérieur, dans cette équanimité qui nous donne la force d'affronter les épreuves de la vie, souvent nombreuses. L'harmonie doit être une quête quotidienne à qui veut se sentir heureux et plein d'énergie.

    Les altérations mentales contenues dans la folie- à savoir les erreurs de jugement, les malentendus, l'absence de discernement et de justesse sur soi et sur le monde qui nous environne- sont comme des fausses notes qui doivent trouver une résolution harmonique, un accord juste qui redonne le goût de vivre et aide à tenir debout dans un halo de lumière.

     

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    Citation de Marc Vella:

    "Mettre des blessures sur nos blessures, c'est bâtir la malédiction. Mettre de la tendresse sur nos blessures, c'est bâtir l'amour."

    Marc Vella-Eloge de la fausse note

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