• Sainte-Thérèse de Lisieux (résumé de son autobiographie spirituelle)

    Nous rendons hommage à Ste-Thérèse de Lisieux ici, car elle vécut la maladie mentale, qu'on peut considérer chez elle comme une souffrance du coeur. Les premières années de Thérèse, et même son adolescence, ont été ponctuées par des peines qui auraient pu compromettre son équilibre affectif. À quatre ans et demi, elle perd sa mère, emportée à quarante-six ans par un cancer:"Je ne me souviens pas d'avoir beaucoup pleuré" - notera plus tard Thérèse. "Je ne parlais à personne des sentiments profonds que je ressentais. Je regardais et j'écoutais en silence".Dès le jour de l'enterrement, elle saute au cou de sa sœur aînée, âgée de seize ans à l'époque : "Eh bien! moi, c'est Pauline qui sera Maman !" mais plusieurs années passeront avant que n'apparaissent les premiers contre-coups de cette frustration.Thérèse, à neuf ans et demi, voit partir pour le Carmel Pauline, sa "petite mère". Elle apprend son départ par surprise : "Ce fut comme si un glaive s'était enfoncé dans mon cœur". La famille visite chaque jeudi la nouvelle carmélite, devenue sœur Agnès de Jésus, et Thérèse obtient à grand-peine deux ou trois minutes à la fin du parloir. La santé de Thérèse s'altère pendant l'hiver qui suit. A Pâques, cela devient très sérieux : tremblements, crises de frayeurs et même quelques hallucinations. Mais, le dimanche de la Pentecôte, en 1883, elle se sent subitement libérée par le ravissant sourire de la Sainte Vierge, comme elle le raconte. Cependant, durant plusieurs années encore, elle éprouvera des peines d'âme au sujet de sa maladie : crainte d'avoir simulé ses crises, crainte d'avoir menti en faisant état d'un sourire de la Reine des Cieux. La spiritualité, à travers le récit de Ste-Thérèse de Lisieux, ne serait-elle pas une voie vers la guérison, vers le retour à un équilibre psychique? En 1889, le père de Thérèse entre dans un asile psychiatrique, c'est alors qu'elle avancera devant Dieu, les mains vides. Elle aime la petitesse et la pauvreté. Elle veut rejoindre le "Coeur de l'Eglise."

    Thérèse de Lisieux se pose la question suivante dans son autobiographie, intitulée HISTOIRE d'UNE AME: 

     

    Comment devenir une Sainte?

    Elle dira à ce sujet (p.40): "Ce petit trait de mon enfance est le résumé de toute ma vie. Plus tard, lorsque la perfection m'est apparue, j'ai compris que pour devenir une Sainte, il fallait beaucoup souffrir, rechercher toujours le plus parfait et s'oublier soi-même; j'ai compris qu'il y avait bien des degrés dans la perfection et que chaque âme était libre de répondre aux avances de notre Seigneur, de faire peu ou beaucoup pour Lui, en un mot de choisir entre les sacrifices qu'Il demande. Alors comme aux jours de ma petite enfance, je me suis écriée: "Mon Dieu, je choisis tout". Je ne veux pas être une Sainte à moitié, cela ne me fait pas peur de souffrir pour vous, je ne crains qu'une chose, c'est de garder ma volonté, prenez-la, car "Je choisis tout" ce que vous voulez!..." Une dame remarque qu'il y a quelque chose de céleste dans son regard. Thérèse aime la nature: "Je sens encore les impressions profondes et poétiques qui naissaient en mon âme à la vue des champs de blés émaillés de bluets et de fleurs champêtres. Déjà j'aimais les lointains...L'espace et le sapin gigantesques dont les branches touchaient la terre laissaient en mon coeur une impression semblable à celle à celle que je ressens encore aujourd'hui à la vue de la nature..." (p.43)

    Thérèse se compare à une fleur qui a vécu l'hiver de l'épreuve. Thérèse perd sa mère d'un cancer du sein, à l'âge de quatre ans. Nous sommes en 1877. Elle choisit une mère de substitution: Pauline qu'elle perdra plus tard (p.78). Elle nous apprend comment ouvrir son coeur aux belles choses de la vie, comment savoir les accueillir pour rester en bonne santé, pour tourner son esprit vers la lumière, les beautés du monde. Elle croit en Dieu, qui, selon elle, proportionne les épreuves aux forces qu'Il nous donne (p.68). Pour elle, l'âme s'épanouit comme une fleur, heureuse de recevoir la rosée du matin. Dans son innocence, l'âme n'est jamais blasée, elle s'émerveille de tout.

    Thérèse aime beaucoup la nature. Elle s'émerveille en permanence de tout ce qui l'entoure. Son âme est fraîche et jeune. Rien ne lui pèse, car elle se sent protégée par Dieu. Devenir sainte signifie pour elle surmonter la douleur et les épreuves en restant joyeux, connectée à la belle part d'elle-même. Elle considère la maladie comme une épreuve pour devenir plus spirituelle: "Mais cette maladie n'était pas pour que je meure; elle était plutôt comme celle de Lazare, afin que Dieu soit glorifié."

    Elle considéra cette maladie également comme une oeuvre du démon (p.86). Elle en fut purifiée et surtout humiliée: "presque toujours je paraissais en délire, disant des paroles qui n'avaient pas de sens et cependant je suis sûre de n'avoir pas été privée un seul instant de l'usage de ma raison." (p.86). Pour Ste-Thérèse, la vraie gloire, c'est de devenir vertueux. (p.95). La gloire, c'est de devenir une grande Sainte et la vertu se trouve dans le fait d'aimer Dieu. Jeanne d'Arc était la Sainte préférée de Ste-Thérèse.

    Quelques explications lexicales nous sont données et montrent à quel point la Sainte essayait de communiquer avec clarté et simplicité:

    -faire oraison: se laisser instruire par le bon Dieu

    -communion: désir de recevoir le bon Dieu

    -confirmation (p.108): réception de l'Esprit Saint (sacrement d'Amour).

    Pratiquer la vertu, c'est oublier son ego, être heureux: "Je sentis en un mot la charité."

    L'éducation des âmes des enfants

    Savoir reconnaître la nature d'une âme, ses aptitudes:

    "Qu'arriverait-il si un jardinier maladroit ne greffait pas bien ses arbustes? S'il ne savait pas reconnaître la nature de chacun et voulait faire éclore des roses sur un pêcher?...Il ferait mourir l'arbre qui cependant était bon et capable de produire des fruits. C'est ainsi qu'il faut savoir reconnaître dès l'enfance ce que le bon Dieu demande aux âmes et seconder l'action de sa grâce, sans jamais la devancer ni la ralentir." (pp.153-154)

    La force de l'Amour

    "Il est bien que jamais l'Amour ne trouve d'impossibilités, parce qu'il se croit tout possible et tout permis." Ce qui compte, c'est la force de l'âme et pas le nom, le titre de noblesse: "J'ai compris que la vraie grandeur se trouve dans l'âme et pas dans le nom." (p.162) Sa vocation religieuse est venue dans le besoin de répondre à l'appel de Jésus, à sa voix qui l'a inspirée. Elle dit que la route de Lorette est le lieu où la Ste-Vierge a transporté sa maison bénie. Elle raconte qu'elle a eu envie de rentrer au Carmel à 15 ans (p.182). Elle ajoute au comble de sa connaissance spirituelle:

    "La joie ne se trouve pas dans les objets qui nous entourent, elle se trouve au plus intime de l'âme; on peut aussi bien la posséder dans une prison que dans un palais." (p.187)/ "Le royaume de Dieu est au dedans de nous." (p.238).

    Elle avoue n'avoir jamais pratiqué la mortification (p.196). Elle aime la souffrance, sans vraiment expliquer pourquoi (p.211). Elle ajoute cependant un peu plus loin que la souffrance seule peut enfanter les âmes. Elle se souvient de la phrase de Jésus: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain n'étant tombé en terre ne vient à mourir, il demeure seul, mais s'il meurt, il rapporte beaucoup de fruit." Elle veut devenir l'épouse de Jésus (p.220):

    "J'ai compris que sans l'amour, toutes les oeuvres ne sont que néant, même les plus éclatantes comme de ressusciter les morts ou de convertir les peuples." (p.232)

    La nielle des blés est la fleur favorite de Ste-Thérèse (p.233). Elle aime St-Jean de la Croix et cite plusieurs phrases de lui sur l'Amour (p.237). Maintenant, elle n'a d'autres désirs si ce n'est celui d'aimer Jésus à la folie (p.238). Elle choisit la voie de l'Amour, celle de l'amour de Dieu. Elle est capable de pardonner aux hommes, grâce à la miséricorde que Dieu lui a donné. Aimer, c'est s'abandonner à Dieu. Elle comprend que l'Amour méprisé de Dieu conduit au malheur, à la souffrance de l'âme. Retrouver la foi, c'est guérir, nourrir son âme, lui redonner de l'ardeur. Thérèse de Lisieux mourra de la tuberculose. Son but se résume dans la volonté de connaître la SCIENCE DE L'AMOUR:

    "Et l'Apôtre explique comment tous les dons les plus parfaits ne sont rien sans l'Amour...que la charité est la voie excellente qui conduit sûrement à Dieu." (p.263)

    Voici comment elle considère l'Eglise: "Je compris que si l'Eglise avait un corps, composé de différents membres: le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas. Je compris que l'Eglise avait un coeur et que ce coeur était brûlant d'Amour." (p.263)

    L'Amour est comme un phare lumineux, un feu qui allume la nuit du néant: "Oui pour que l'Amour soit pleinement satisfait, il faut qu'Il s'abaisse, qu'il s'abaisse jusqu'au néant et qu'il transforme en feu ce néant." L'âme a besoin de la grâce pour être nourrie, elle est en quête des dons spirituels, de ces cadeaux que Dieu offrent à l'être humain, lorsqu'il sait les recevoir avec gratitude (p.302). L'amour passe par le sacrifice: être capable de donner sa vie pour ceux qu'on aime.

    La Charité: être capable de supporter les défauts des autres, ne pas s'étonner de leurs faiblesses, s'édifier des petits actes de vertus qu'on leur voit pratiquer, donner ce que l'autre demande et même plus. La lumière de l'Esprit, de l'Amour doit éclairer tous ceux qui sont dans la maison, sans excepter personne. Elle doit consister dans les oeuvres (=l'action) non dans les sentiments. Jésus est l'artiste des âmes (p.308). Il les façonne avec son amour, avec ses prières et ses actes. La charité dilate le coeur (p.313). Il est important d'avoir le coeur droit, comme le rappelle les Psaumes (33). 

     

    En conclusion, on dit dans les Evangiles que le frère qui est aidé par son frère est comme une ville fortifiée. L'amour se nourrit de sacrifices. Plus l'âme se refuse de satisfaction naturelles, plus sa tendresse devient forte et désintéressée. La prière est action. C'est un élan du coeur, un regard jeté vers le Ciel, un cri de reconnaissance et d'amour. Ste-Thérèse se nourrit de l'amour de Jésus pour aimer à son tour. Les Saints sont les amis de Dieu. Un savant a dit: "Donnez-moi un levier, un point d'appui, et je soulèverai le monde." Le point d'appui, c'est Dieu, c'est pourquoi les Saints soulèvent le monde et ont pour vocation de sauver des âmes.

    Ste-Thérèse de Lisieux fut canonisée en 1925. Son rêve s'accomplit alors de façon posthume. Elle est déclarée Docteur de l'Eglise en 1997. Cette autobiographie est un chef d'oeuvre de la littérature spirituelle.

     

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