• Un avis éclairé sur la schizophrénie

    Une personne anonyme, fréquentant le blog, a accepté de répondre à quelques questions et de donner son point de vue sur la schizophrénie qu'elle a elle-même vécue, montrant avec une véritable acuité sa capacité à analyser la maladie et à en saisir l'essentiel, tout en proposant des pistes pour sortir de la désespérance.

     

    1- Pensez-vous que l'existence de sous-types de schizophrénie (ex:schizophrénie paranoïque, catatonique ou dysthymique) permet d'avancer dans le soin de la maladie? A quoi servent ces distinctions à votre avis?

    Je ne sais pas vraiment, il me semble qu'il y a un continuum et que ces distinctions ne sont pas aussi tranchées dans le temps et selon les individus, on peut éprouver certains ou tout de ces symptômes à différentes phases de la vie. Encore une fois, je ne suis pas spécialiste.

    2-Je regrette pour ma part que dans les livres évoquant les troubles schizophréniques, seuls les symptômes soient pointés du doigt sans donner de pistes à l'entourage pour avancer. On ne propose jamais que ce conseil: consulter votre médecin et faites en parallèle une psychothérapie. Or, on sait que certaines personnes atteintes de schizophrénie ne se sentent pas bien soignées et n'ont pas totalement confiance en la médecine. Alors, que faire? Céder au découragement ou faire des recherches soi-même?

     

    On n'a pas véritablement d'autre choix que de faire confiance en la médecine, c'est une maladie trop grave pour la prendre à la légère, ce n'est pas un simple rhume qu'on peut traiter avec des placebos. Les traitements neuroleptiques ont montré leur efficacité, les psychothérapies aussi dans une certaine mesure. Le problème vient surtout du manque de soins véritables pour les patients qui sont souvent livrés à l'abandon à la suite de l'hospitalisation. Comment bien se soigner si on n'est pas bien intégré dans la société? Le problème est évident pour les personnes à la rue. Il faudrait mettre en place un environnement social véritable, que les patients aient des liens sociaux réels et chaleureux et qu'ils ne soient pas considérés comme des objets encombrants. Un point négatif est le pessimisme non justifié quant à l'évolution de la maladie, beaucoup s'en sortent et ils échappent au regard de la psychiatrie, il faudrait mettre l'accent sur cela et en comprendre les mécanismes. Une étude scientifique a montré que dans les pays les moins avancés, les patients récupéraient mieux, on émet l'hypothèse que la maladie est moins stigmatisée et que les relations sociales sont plus fortes. Une remise en cause du modèle de soin et de sociabilisation est nécessaire. 

    3-Pourriez-vous évoquer la différence entre les symptômes positifs et négatifs dans la schizophrénie? Les médicaments aident-ils à supporter ces deux types de symptômes?

     

    Les symptômes dits positifs sont ceux qui manifestent le délire, les hallucinations, les symptômes négatifs concernent le repli sur soi, pour faire simple. Les neuroleptiques agissent sur les symptômes positifs mais peu sur les symptômes négatifs.

    4-Quels sont à votre avis les meilleurs choix à faire pour aller mieux?

    Suivre son traitement, éviter les excès, le stress, ne pas prendre de substances toxiques, manger sainement, avoir une activité physique, s'efforcer de travailler pour se socialiser et pour avoir un but positif dans la vie, faire fonctionner son cerveau et essayer de cultiver les relations avec les amis, ne pas couper les ponts avec la famille. Tout un programme parfois bien difficile à mettre en place mais il ne faut jamais se décourager, tout pas en avant est une victoire.

    5-Pourquoi les diagnostics, en matière de schizophrénie, sont-ils si désespérants? La médecine elle-même ne pourrait-elle pas avouer son impuissance et davantage faire de recherches plutôt que de dire qu'il s'agit d'une maladie incurable, car on ne sait pas bien la soigner?

    Cela remonte à un siècle, aux débuts de la "découverte" de la maladie, elle était décrite comme incurable et comme dégénérative, les patients ne pouvaient qu'empirer. Depuis, de nombreuses études ont montré que ce n'était pas le cas. La médecine n'est pas impuissante mais elle n'est pas miraculeuse. Des recherches sont faites mais les résultats se font attendre. Il faut explorer plusieurs pistes et s'inspirer des expériences alternatives qui ont été réalisées avec succès et validées scientifiquement. Il est bien entendu important d'éviter à tout prix les expériences des "gourous" et autres charlatans, il faut trouver la bonne mesure.

    6-La santé mentale semble être un sujet un peu délaissé aujourd'hui? Pourquoi à votre avis? En effet, elle ne concerne pas seulement 1% des gens de la population (les schizophrènes) mais tout le monde. Rappelons que le rapport de l'OMS de mai 2014 disait que la maladie N°1 des adolescents dans le monde était la dépression. Alors, pourquoi une telle fuite du problème?

    On considère souvent les malades mentaux comme des parias.On retrouve beaucoup de malades mentaux  à la rue ou en prison, un phénomène de détérioration de la société extrêmement grave. Les personnes concernées doivent réagir.

    Un avis éclairé sur la schizophrénie
    « Désir mimétique, violence et folie (René Girard)Jésus et la guérison de l'âme (Edouard Schuré) »
    Partager via Gmail Yahoo!

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :