• Qu'est-ce que la maladie mentale?

    Scott Peck dans "Le Chemin le moins fréquenté" tente de comprendre les origines de la maladie mentale. Les pistes qu'il donne ne doivent pas forcément être considérées comme des vérités indiscutables, mais comme des hypothèses pour mieux comprendre les fondements spirituels des troubles mentaux.

    Les origines de la maladie

    Selon ce célèbre psychiatre américain, la maladie naît d'un conflit entre l'essence de notre être (on pourrait l'appeler notre âme), notre conscience et nos actions. Lorsque ces trois parties de notre être sont en harmonie ou en équilibre, nous sommes en bonne santé, mais lorsque ces trois aspects entrent en conflit, la maladie peut se déclarer.

    Scott Peck explique aussi les origines de la maladie mentale dans le conflit entre le conscient et l'inconscient. Lorsque le conscient refoule certaines émotions, certaines pensées et ne veut ni en parler, ni les résoudre, c'est l'inconscient qui porte ce poids énorme. Par conséquent, l'inconscient est troublé et n'est plus en paix si bien qu'il finit par s'exprimer par la maladie passant parfois par les hallucinations qui sont un besoin naturel d'évacuer des tensions que le conscient refuse de traiter-:

    "Les maladies mentales ne sont pas un produit de l'inconscient -comme le laissait présager Freud- c'est en revanche, un phénomène dû au conscient, ou disons, aux mauvaises relations entre le conscient et l'inconscient. Prenons l'exemple du refoulement. (...)C'est dans ce refus, ce désaveu, que réside le problème. Ce n'est pas que les humains aient ce genre de pensées, mais plutôt que, au niveau conscient, ils ne veulent pas les admettre et supporter la douleur d'y  faire face; alors, ils les balaient sous le tapis."

    Prenons l'exemple d'une âme profondément honnête mais qui s'écarte du fondement de son être en faisant le contraire de ce à quoi son être le destine -en mentant, faisant le mal, ne respectant pas la morale-, ce conflit intérieur peut le conduire à la maladie mentale. Il n'est pas en harmonie avec l'essence de lui-même.

    Deux forces s'opposent dans ce monde: celle de l'évolution spirituelle et celle de l'entropie (désordre de la matière, manque de désir de se dépasser, paresse spirituelle). L'évolution spirituelle demande beaucoup d'efforts car elle lutte contre le désordre naturel, contre une force d'inertie, contre la décrépitude. Lorsque l'être humain refuse cet effort, par paresse (rappelons que celle-ci fait partie des 7 péchés capitaux!) il se désagrège, tombe malade.

    "C'est la force d'entropie qui nous tire vers le bas et freine notre évolution spirituelle," expliquera Scott Peck.

    Les moyens d'y faire face

    Selon Scott Peck, tout être humain est sur terre dans un but d'évolution spirituelle, pour rejoindre un peu plus Dieu chaque jour et tenter de lui ressembler, pour faire le bien. La maladie mentale peut être vue comme un signal de non-évolution. La parabole de l'enfant prodigue rappelle cette transformation d'un fils perdu qui n'a pas respecté son père et qui tout d'un coup est revenu vers le bien. Ce retour sur le droit chemin est vu comme une renaissance. Il était mort psychiquement et il est revenu à la vie. La guérison pourrait être exprimée ainsi: "j'étais perdu et je me suis trouvé, j'étais aveugle et aujourd'hui, je vois."

    L'amour

    "Au sein de l'humanité, l'amour est la force miraculeuse qui défie la loi naturelle de l'entropie." L'amour permet de sortir de ces contradictions, car elle est la force du dépassement de soi, elle donne envie de faire le bien autour de soi, d'être attentif aux autres et de sortir de l'égoïsme qui crée le désordre et l'absence d'unité.

    "Le Mal est l'anti-amour." (p.321)

    La grâce

    La grâce est une forme de synchronicité, d'heureux hasards que la science ne peut mesurer, c'est pourquoi les scientifiques n'y croient pas et refusent parfois de la considérer- bien qu'elle existe- même si on ne parvient pas à la comprendre. La grâce est un cadeau que la vie nous fait à un moment donné, mais pour pouvoir la recevoir, il faut accepter ce cadeau, le considérer. De nombreux être humains sont touchés par cette énergie, mais ils ne la voient pas, n'y sont pas attentifs si bien qu'elle perd de son effet. Elle passe par l'acceptation de la beauté de la vie, de ce qu'elle nous offre de positif et donc par l'estime de soi. Si on pense au fond de soi ne pas mériter ce cadeau, on le délaisse.

    "Tout ce qui ne peut être compris en terme de lois naturelles connues est un miracle et les miracles existent." Scott Peck, p.264.

    Pourquoi vouloir toujours opposer la science et la religion? Les deux ne pourraient-ils pas se compléter? "La science est une religion du scepticisme", ajoutera le psychiatre américain (p.221).

    Le courage

    C'est le mélange de peur et de paresse qui conduit le plus souvent à la souffrance, au malheur. L'être humain doit perpétuellement être en mouvement intérieur s'il ne veut mourir psychiquement. Or, parfois, ce changement lui fait peur: il ne sait pas où tout ceci va le mener si bien qu'il préfère y renoncer; mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'en l'évitant, il risque de tomber malade et de souffrir encore plus. Cette peur du changement s'accompagne souvent d'une peur du travail que cette évolution exige. La paresse est la volonté d'éviter cette souffrance et de choisir la solution de facilité. Mais l'absence de désir de se dépasser peut nous conduire au pire et nous empêcher de nous élever, c'est pourquoi le courage -au sens étymologique de "cor, cordis" "le cœur"- est une énergie essentielle car il mêle la force du travail et celle de l'amour pour permettre à l'être humain de se développer spirituellement et de réaliser son plein potentiel. Rappelons que selon l'OMS, la définition de la santé mentale est la suivante:"c'est un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés de la vie, de travailler avec succès, de manière productive et d'apporter une contribution à la société."

    En conclusion, l'équilibre intérieur doit donc se cultiver comme on cultive un jardin. Parfois, les plus belles roses sont les plus fragiles. Il nous faut donc nous en occuper avec un soin et une attention sans pareil, au risque qu'elles tombent malades. Les personnes les plus sensibles sont plus sujettes aux maladies, mais elles sont aussi celles capables de comprendre avec le plus de facilité le divin et sa beauté, lorsqu'elles sont bien protégées des attaques de l'entropie.

    Et pour finir, voici une citation de la parabole de l'enfant prodigue, commentée par Scott Peck et qui résume bien cette évolution intérieure, notre capacité à nous régénérer lorsque nous avons fait fausse route. Voici ce que le père dit de son fils prodigue:

     

    "Parce que mon fils était mort et il est revenu à la vie; il était perdu mais il est retrouvé." (dans l'Evangile selon Saint Luc (XV, 11-32))

     

    Qu'est-ce que la maladie mentale?

    Détail du "Retour du fils prodigue" de Rembrandt

    Prokoviev "L'enfant prodigue", le départ (1er mouvement)

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