• Dr Vinogradov, ordinateur et schizophrénie

    Dr Sophia Vinogradov est professeur en psychiatrie à l’université de Californie à San Francisco.

    Ses domaines d’expertise sont le traitement psychopharmacologique des troubles mentaux graves, le traitement des troubles psychotiques, et l’application des sciences cognitives et des neurosciences pour la compréhension des troubles mentaux.

    Elle dirige un laboratoire en clinique des neurosciences en collaboration avec Michael Merzenich, PhD, elle étudie les effets de l’entrainement sur ordinateur pour les patients schizophrènes afin d’induire des modifications plastiques du cerveau.

    Elle utilise l’IRM fonctionnelle et l’électroencéphalographie magnétique pour mettre en évidence les effets des traitements.

    Les troubles cognitifs sont souvent les premiers symptômes qui apparaissent, précurseurs de schizophrénie. On les appelle aussi symptômes annonciateurs. Ce sont ces troubles qui entraînent les difficultés de fonctionnement dans la vie quotidienne, socialisation chez une personne atteinte.

    Ce sont : Les troubles d'attention, de concentration, manque de tolérance à l'effort, les troubles de mémoire, les troubles des fonctions exécutives. Les fonctions exécutives sont essentielles à tout comportement dirigé, autonome et adapté, par exemple toute la série d’actions nécessaires pour préparer un repas et faire ensuite le nettoyage.

    Les troubles cognitifs ne font pas partie du diagnostic de la maladie mais sont un problème central qui empêche les malades de gérer correctement leur vie quotidienne et qui empêche la socialisation.

    Ci-dessous, un article traduit de l’anglais présentant les travaux de Sophia Vinogradov :

     

    L’entrainement sur ordinateurs semble être efficace contre certains symptômes.

    Ceux qui vivent avec la schizophrénie souffrent de déficits cognitifs qui rendent difficiles les tâches quotidiennes et les interactions sociales.

    Des programmes ressemblant à des jeux vidéo peuvent aider le cerveau à réapprendre.

    D'avantage de recherches permettrait aux programmes d’être utilisés comme les autres traitements approuvés par la FDA. Bien que la maladie soit souvent associée au fait d’entendre des voix et d’avoir des hallucinations, les aspects les plus dévastateurs de la schizophrénie sont les déficits cognitifs et sociaux qui limitent la capacité à travailler et à effectuer les activités quotidiennes.

    « Les médicaments dont nous disposons aujourd’hui sont bons pour réduire les symptômes, » selon Sophia Vinogradov, professeur en psychiatrie à UC San Francisco, « mais ils ne sont pas bons du tout – ils ne font rien – contre les déficits cognitifs, qui constituent le cœur de la maladie et des handicaps fonctionnels associés. »

    Vinogradov essaie de déterminer si le traitement cognitif à partir d’ordinateurs, une sorte de programmes de type jeu vidéo pour l’entrainement, est efficace pour traiter la schizophrénie.

    L’idée vient des recherches effectuées lors des dernières décennies, alors que les scientifiques ont découvert l’incroyable flexibilité neuronale du cerveau. Puisque les voies inter neuronales ont la possibilité d’être renforcées par la réalisation d’un ensemble de tâches, il serait possible d’entrainer le cerveau à fonctionner mieux chez les schizophrènes chez qui la mémoire, et la capacité à résoudre les problèmes est moindre que chez ceux en bonne santé.

    Lors d’essais en double aveugle à l’aide d’entrainement sur ordinateurs, Vinogradov a mis en évidence des améliorations cognitives à la fois chez des patients au diagnostic récent et chez ceux vivant avec la maladie depuis plusieurs années. Jusqu’ici, le traitement – 50 heures d’entrainement pendant 10 semaines – a montré des signes très encourageants pour les patients comparés à un groupe de contrôle. A l’avenir, l’intensité du traitement pourra varier d’une personne à une autre, mais, jusqu’à présent, les résultats montrent que plus on fait d’exercices, meilleurs sont les résultats.

    Dans une configuration, Vinogradov a créé une condition de contrôle où les patients jouaient à des jeux vidéo intéressants mais pas conçus pour traiter la maladie. Ces patients n’ont pas connu d’amélioration comme celle du groupe expérimental, ce qui écarte l’hypothèse que les jeux vidéo en eux-mêmes peuvent convenir à un traitement.

    Ses collègues et elle-même ont prévu d’organiser de plus grands essais randomisés qui pourraient amener ces programmes à être autorisés comme traitements par la FDA.

    Michael Merzenich, professeur émérite à UC San Francisco et cofondateur de la société de logiciels d’entrainement du cerveau, Posit Science, dit qu’il prévoit que les traitements à l’aide d’ordinateurs pourraient être offerts aux patients soit chez eux soit dans des centres médicaux. Il fournit aujourd’hui des logiciels d’entrainement du cerveau à des chercheurs comme Vinogradov et pense que ces travaux pourraient avoir des implications très étendues afin de limiter et de guérir de la schizophrénie.

    « Les ensembles complexes de changement qui se produisent dans le cerveau et qui permettent l’amélioration ne peuvent se produire que si le cerveau se corrige lui-même », dit-il. « C’est la voie la plus naturelle, c’est l’avantage naturel, pourrait-on dire. C’est incroyablement plus sophistiqué que les traitements actuels (thérapie et médicaments). »

    Alice Medalia, professeur de psychiatrie Clinique au centre médical de l’université de Columbia qui ne participait pas aux travaux de recherche, dit que la remédiation cognitive se base très largement sur la plasticité du cerveau ou sur la capacité du cerveau à se réorganiser en formant de nouvelles connexions ou en créant de nouvelles cellules.

    « Ce qui se passe, c’est que les neurones et le cerveau ajustent leur activité et leur organisation en réponse à de nouvelles situations ou à des modifications de l’environnement, » dit Medalia, « et dans ce cas, en réponse au travail sur des exercices sur ordinateurs. »

    Les techniques à l’aide d’ordinateurs s’insèreront vraisemblablement dans des traitements plus larges qui incluront la thérapie et les médicaments. Mais l’avantage d’utiliser des programmes informatiques pour traiter la schizophrénie vient de la focalisation sur la cognition et de la possibilité qu’ont les patients qui éprouvent de l’angoisse pour les traitements nécessitant des interactions sociales de les utiliser. Comme pour la plupart des formes de remédiation cognitive, l’entrainement sur ordinateurs peut être adapté aux besoins de la personne pour l’amélioration de ses tâches quotidiennes plutôt que pour améliorer les scores cognitifs seulement.

    « Le but n’est pas d’améliorer la performance des personnes aux tests, » dit Mediala. « Le but est d’améliorer leur capacité à utiliser la cognition dans leur vie quotidienne. »

    Traduction de l’article :

    http://news.discovery.com/human/video-games-schizophrenia-110804.htm

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  • Commentaires

    1
    Sibylline
    Samedi 8 Février 2014 à 12:00
    Je trouve que ces nouvelles méthodes sont intéressantes, car elles sont naturelles. Cela évite les effets secondaires des médicaments. J'ai bien aimé le développement sur les jeux vidéos et le fait que le médecin précise qu'il faut cependant créer des jeux vidéos spécifiques pour faire travailler le cerveau d'une certaine façon. Des recherches intéressantes et trop méconnues en France!
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