• Comment pense-t-on la folie dans l'Antiquité?

    Comment est considérée la folie dans l'Antiquité?

     

    Antiquité et sociothérapie

     

    C’est avec Hippocrate, en Grèce,  qu’a lieu le véritable partage de la médecine, de la magie et de la religion et que l’on assiste à la naissance de la psychiatrie.Il se refuse à voir dans les troubles mentaux des manifestations surnaturelles ou religieuses ; il est convaincu que la folie, comme toute maladie, a une cause organique :« Les maladies ont une cause naturelle et non surnaturelle, cause que l’on peut étudier et comprendre ».

    La santé de la cité, comme la santé de l’âme dépend du même équilibre intérieur basé sur le respect de certaines règles de sagesse et d’organisation. La cité, comme l’âme, peut tomber malade et ses troubles s’exprimer par des déséquilibres, des débordements de passions incontrôlées. Ainsi, il s’avère parfois nécessaire de soigner les maux de la cité, parce que la santé de l’un dépend aussi de la santé de tous. La folie a donc une dimension sociale, et la notion de soin qui s’en dégage implique la responsabilité de toute la communauté.

    Selon Aristote, l’homme exclu, retiré de la cité, est un être dégradé qui ne peut être que malheureux.

    La psychiatrie, déjà, suppose une prise en charge collective.

    Chez les Romains: : les explications sont très variables. On passe d'explications religieuses basées sur le surnaturel à des explications plus philosophiques (cf: Cicéron).

     

    -Chez les Romains :

    La pratique de l’art médical et l’approche de la psychologie héritées des Grecs sont obligées de s’accorder avec le christianisme naissant. On assiste forcément au retour des explications mystiques et religieuses de la folie.

    Si les Grecs avaient bien fait la différence entre la maladie (« nosos ») et le mal (« kakos »), les Romains confondent les deux :

    « Mobus » veut dire maladie et chagrin.

    « Malum » exprime à la fois le mal, le malheur et la maladie.

    « Salus » réunit la santé et le salut.

    Celse, médecin sous l’empereur Auguste et auteur du « De arte medica », renoue avec la démonologie, le charlatanisme et développe des méthodes de traitement plus anti-maléfiques que curatives.

    Il décrit l’Épilepsie comme une possession.
    Selon lui, la peur représente le seul traitement possible de la folie; grâce à elle, on peut guérir le malade en chassant les mauvais esprits qui l’habitent .
    Il recommande donc les jeûnes, les privations, les réprimandes, l’usage des chaînes et de l’isolement.

    Galien, médecin à Rome, est un rationaliste convaincu dont l’influence pèsera sur la médecine occidentale pendant très longtemps. Il adapte les théories d’Hippocrate aux exigences de la foi monothéiste chrétienne : les troubles mentaux ne peuvent s’expliquer que par des lésions physiologiques. Ainsi, il pense que la mélancolie est due à la bile noire et les délires aigus à la bile jaune.

    Malgré tout, il continue d’y avoir des gens pour défendre les thèses psychologiques d’explication de la folie, et heureusement, on en rencontrera tout au long de l’histoire.

    Le médecin Asclépiade, qui exerce à Rome, fonde une École qui s’oppose aux doctrines organiques d’Hippocrate. Il est persuadé que les maladies mentales ont souvent des causes affectives. Il prescrit des bains, des massages, du vin, de la musique, des chambres confortables et des traitements humains aux malades.

    Sans être médecin, le philosophe Ciceron s’intéresse aux troubles mentaux et se fait le précurseur de la médecine psychosomatique en reconnaissant l’importance des facteurs psychologiques dans certains maux physiques.Il n’associe pas la mélancolie à une perturbation de la bile noire, mais à des troubles affectifs. Selon lui, le remède à la maladie de l’âme est la « volonté » .

    Il rejoint ainsi les philosophes grecs qui pensent que l’homme peut devenir responsable de son comportement, normal ou anormal, de sa maladie ou de sa santé. La philosophie peut l' aider à acquérir cette connaissance de lui-même, indispensable pour qu’il découvre qu’il a en lui les possibilités de se soigner et de se guérir. Actuellement, on n’appelle plus cela philosophie, mais psychothérapie.

     

    En conclusion, l’Antiquité reste une noble période, riche d’enseignement, qui, sans avoir bénéficié de nos connaissances scientifiques, a su développer cette nécessaire approche psychosociale de la maladie mentale que le XX e siècle devrait lui envier. La folie est vue comme un mal social et c'est en groupe qu'on en vient à bout.

     

    Sources

    La plupart des informations de cet article proviennent de ce site très intéressant, rédigé par un infirmier en psychiatrie:

    http://sineurbe.blogspot.fr/2008/08/lantiquite-ou-les-bases-de-la.html

    Bibliographie

    Histoire des maladies mentales
    Michel Collée et Claude Quétel
    Presses universitaires de France. 1994

    Histoire de la psychiatrie
    Yves Pélicier
    Presses universitaires de France. 1976

    Histoire de la psychiatrie
    F.G. Alexander et S.T. Selesnick
    Armand colin. 1972

    Histoire de la folie à l’âge classique
    Michel Foucault
    Gallimard. 1972

    Le secteur psychiatrique
    M. Claude George et Yvette Tourné
    Presses universitaires de France. 1994

    DSM III - DSM IV
    Manuels diagnostiques et statistiques des troubles mentaux
    Masson. 1987-1994

    Les nouveaux visages de la folie
    J.Pierre Olié et Christian Spadone
    Odile Jacob. 1993

    Des paradis plein la tête
    Édouard Zarifian
    Odile Jacob. 1994

    La folie Histoire et dictionnaire
    Jean Thuillier
    Robert Laffont. 1996

    « Lettre de Joseph Roth à Stephan Zweig écrite à Paris, en février 1936Vérités et mensonges de nos émotions-Serge Tisseron »
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