•                                                                Roses Madame Meilland

    La folie est définie comme suit par le trésor de la langue française informatisé (TLFi): "Trouble du comportement et/ou de l'esprit, considéré comme l'effet d'une maladie altérant les facultés mentales du sujet." La folie est donc caractérisée par un dérèglement intérieur qui peut altérer les facultés de jugement, l'observation de la réalité, déformant ainsi le monde et perdant la conscience de celui qui en est atteint dans les affres d'un nébuleux mirage. Le sujet peut alors se retrouver dans un monde illusoire qu'il croit réel, coupé des autres et de lui-même. Il n'a alors plus de repères, ne sait plus où il en est. L'âme étouffe, l'esprit et le corps souffrent et le signal d'alarme est alors déclenché: la douleur devient vive, voire insupportable. Le malade ne trouve alors plus le sommeil, ne parvient plus à se concentrer: la maladie est déclarée.

    Marc Vella dans son "Eloge de la fausse note" explique que la vie est ponctuée de fausses notes et que son but est la recherche de l'harmonie. Un homme heureux, paisible, serein est un être qui a trouvé son équilibre intérieur, son équanimité -à savoir une certaine égalité d'âme et d'humeur-. C'est aussi un être animé par des sentiments de bienveillance. C'est bien en retrouvant la sagesse qu'on peut anéantir la maladie. Mais ne nous y trompons pas, cette recherche de l'équilibre intérieur doit entrer en harmonie avec l'extérieur. Les déséquilibres d'une famille ne peuvent pas être portés par un seul être: celui qui est tombé malade. Il n'est pas le seul responsable de cette dysharmonie qu'il catalyse: les erreurs sont aussi celles de l'entourage et à plus grande échelle de la société.

    La maladie mentale est bien le miroir d'un monde qui dysfonctionne mais sans qu'il n' y ait un seul coupable: l'être touché par la mal-édiction. C'est pourquoi le travail incombe à chacun de retrouver un peu de lumière, d'équilibre, pour redonner de la force à ceux qui furent foudroyés par mal-chance. Se relier à la part de divin en soi, méditer sur ce qui fait du bien, voir des images positives, tenter de les mettre en mouvement et de les incarner, voilà ce qui peut nous permettre d'échapper au mal.

    Marc Vella, célèbre pianiste, tente de donner quelques pistes pour se sentir mieux, plus en harmonie avec soi-même, en équilibre:

    "Comment faire quand le mental nous emporte bel et bien au bord du chaos, dans la cacophonie la plus totale? Il faut installer le silence à l'intérieur de soi. Seul le silence redonne une légitimité à ce qui échappe à notre compréhension. Se rallier au silence, c'est se donner le temps de se poser. C'est se donner un temps de recueillement qui nous lie à l'essence du Tout. Tant que nous sommes englués dans nos marécages émotionnels du fait de notre mental, nous devons nous ouvrir pour ne plus souffrir jusqu'à ce que nous trouvions notre propre centre, notre Soi. Paradoxalement, alors qu'il est le grand tribunal qui nous paralyse, le mental peut être un moteur qui nous conduit vers l'amour de soi. Quand l'amour de soi est là, tout s'aligne et le mental se tait. Mais cet alignement n'est que temporaire. Tout bouge, se déplace très vite, des forces antagoniques interviennent, agissant jusqu'à défaire tous ces équilibres. Ainsi, le veut la loi de la vie, qui danse et chante pour nous emporter dans un perpétuel vacillement. Ce qui est vacillant, c'est la fausse note qui appelle chaque fois à la nécessité d'une nouvelle résolution harmonique. Cette nécessité nous tire, nous emmène jusqu'à un nouvel accord nous invitant au silence qui enfin fait sens pour nos sens. Mais cet accord et ce silence, aussi sublimes soient-ils, demeurent fragiles, précaires. Très vite, par la présence de nouveaux sons, l'harmonie se brise une nouvelle fois et d'autres sons arrivent encore, portant en leur sein les germes du prochain équilibre. L'impermanence est mère de toute éternité. Celle-ci ne peut être qu'au prix du vacillement. Nous sommes tous des funambules en équilibre incertain sur la grande portée musicale de la vie. Ce vacillement crée des nœuds, parfois nos fils s'entremêlent, la grande portée musicale part en vrille, alors les sons se mélangent, tout devient incompréhensible et notre mental n'aime pas ça.

    Et pourtant, c'est comme ça que tout prend forme. Ainsi, le beau, le juste, le silence se révèlent-ils par contraste. Plus la dissonance est importante, plus sa résolution est grandiose. Plus un ciel est chargé de nuages noirs, plus forte est la lumière lorsqu'il se déchire enfin. Il en est de même pour la musique de notre vie. Abondance, sérénité, bonheur se révèlent aussi par contraste. Plus nos souffrances ont été importantes, plus notre bonheur présent montre la réalité d'un chemin accompli. Nos fausses notes commises ou subies nous obligent à nous remettre en question. Par elles, peu à peu nous allons vers plus de justesse, nous nous améliorons, nous nous transformons. Mais tant de choses nous échappent encore, le discernement n'est pas toujours là, quiproquos, malentendus, erreurs d'appréciation...La musique de notre vie n'est qu'une succession de maladresses (fausses notes) et de prises de conscience (résolutions harmoniques) qui donnent à ce que nous sommes toute notre réalité.

    En somme, les silences permettent une intériorisation, une écoute du Soi profond, quand les fausses notes expriment nos maladresses et nos faux pas qui doivent aller vers une résolution harmonique: un équilibre intérieur. La sérénité nous permet de garder notre santé ou de la retrouver afin de pouvoir agir librement et avec enthousiasme. Le désir de vivre se trouve dans cet équilibre intérieur, dans cette équanimité qui nous donne la force d'affronter les épreuves de la vie, souvent nombreuses. L'harmonie doit être une quête quotidienne à qui veut se sentir heureux et plein d'énergie.

    Les altérations mentales contenues dans la folie- à savoir les erreurs de jugement, les malentendus, l'absence de discernement et de justesse sur soi et sur le monde qui nous environne- sont comme des fausses notes qui doivent trouver une résolution harmonique, un accord juste qui redonne le goût de vivre et aide à tenir debout dans un halo de lumière.

     

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    Citation de Marc Vella:

    "Mettre des blessures sur nos blessures, c'est bâtir la malédiction. Mettre de la tendresse sur nos blessures, c'est bâtir l'amour."

    Marc Vella-Eloge de la fausse note

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  •                                                          Comment s'épanouir? (Marc Vella) 

    Pour améliorer sa santé mentale ou bien la retrouver, il est important comme une fleur ,de s'épanouir. C'est précisément ce qu'explique Marc Vella, célèbre pianiste dans son "Eloge de la fausse note". L'OMS donne d'ailleurs cette définition de la santé mentale: "La santé mentale est un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. Dans ce sens positif, la santé mentale est le fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté."

    Quels sont les secrets de l'épanouissement?

    Voici ce que Marc Vella en dit:

    "Comment devenir fleur? Par la prière, par la méditation, en cherchant résolument le beau et en oeuvrant dans les réseaux parallèles de nouvelle conscience et d'amour, qui se développent aujourd'hui un peu partout. (...) Une fois que j'ai pris contact avec cette conscience d'amour, je n'ai plus besoin de pouvoir. Je suis alors en chemin vers la pleine puissance. Celui qui fait l'expérience de sa pleine puissance ne recherche plus le "pouvoir sur", il incarne le "pouvoir de". (...). Le "pouvoir sur" génère humiliation, frustration, jalousie, rancœur, colère." Le "pouvoir de" alimente les actions courageuses et généreuses.

    Jimi Hendrix dit avec raison: lorsque le pouvoir de l'amour dépassera l'amour du pouvoir, le monde connaîtra la paix.

    L'épanouissement de chacun passe par l'ouverture du cœur, par la libération des émotions positives qu'on peut retrouver dans la contemplation de la nature, dans les pensées amoureuses, la tendresse, la confiance. C'est parce que nous sommes animées par ces forces positives que nous sommes heureux et donc aptes à rendre service à la société, dans un état de santé mentale.

    La véritable puissance de l'homme se trouve dans son coeur, là où il puise son courage. Le mot "courage" vient d'ailleurs du latin "cor, cordis" qui signifie "cœur". La force d'agir prend racine dans cet organe musculaire creux qui est le moteur central de la circulation sanguine et du flux énergétique. Qui ouvre son cœur s'épanouit et devient fleur au milieu de l'impermanence du monde.

    La méditation et la grâce

    "Si j'écoute avec humilité le silence et installe celui-ci en moi, je me rends réceptif au mystère de la grâce. Alors mon écoute devient méditation." Marc Vella

    La grâce est un cadeau spirituel qui s'offre à un cœur ouvert, aimant, qui sort de son ego pour se fondre dans le Tout. Elle s'épanouit dans l'être réceptif, humble, qui ne cherche pas à dominer, mais à donner, à servir la création. Le silence est intériorisation, un retour vers les profondeurs de son âme.

    Méditer sur les valeurs positives de la vie permet de faire apparaître des images et des forces qui nous permettront de réaliser nos rêves d'épanouissement et de bien-être. Chasser les mauvaises pensées et faire entrer les bonnes en les cultivant: voilà tout le travail intérieur qu'il faut accomplir en se laissant aller aux pouvoirs du songe.

    Pour en savoir plus sur la vidéo ci-dessous:

    Voir le lien vers le blog de Marc Vella qui parle précisément de cette tournée à Tozeur en Tunisie:

    http://www.caravaneamoureuse.com/index.php?p=14&j=103&l=FR

     

    Liens internes

    Marc Vella a inspiré plusieurs articles sur ce blog. Les voici:

    -Eloge de la fausse note-Marc Vella (musicothérapie)

     http://folieetespoirblog.eklablog.com/eloge-de-la-fausse-note-marc-vella-musicotherapie-a112457468

    -Santé et harmonie intérieure:

    http://folieetespoirblog.eklablog.com/sante-et-harmonie-interieure-a112457460

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  • La petite véronique

    Emission de radio qu’on peut écouter en suivant ce lien :

    http://www.rcf.fr/radio/rcfnational/emission/derniere/142280

    La véronique est une petite fleur bleue qui a inspiré la simplicité à cette femme souffrant de la maladie bipolaire et qui raconte avec une grande intelligence et une grande sensibilité son parcours de combattante qui a duré de si longues années. Elle a toujours eu en elle la volonté parfois désespérée de vivre malgré tout, même dans les abimes les plus sombres et a découvert après un long chemin, plusieurs hospitalisations et une psychanalyse que le secret de la vie se trouvait dans la simplicité de l’instant présent et l’acceptation de ses faiblesses avec l’espoir qui lui appartient d’une vie éternelle dans le royaume de Dieu. Elle a toujours vécu dans la foi, même si à une époque de sa vie, sa foi était comme elle dit délirante et qu’elle s’en méfiait. Elle a fini par découvrir, au hasard d’une rencontre avec un moine qu’elle décrit comme un être d’une intelligence pure, la beauté de l’amour et le sens profond de l’espérance en une vie meilleure. Pour elle, cette vie meilleure peut commencer dès l’instant présent pourvu qu’on considère que tout ce qui nous est donné est l’occasion de grandir et de découvrir les merveilles qui nous sont promises.

    Elle ne cache rien de la dureté des souffrances et elle explique que chacun a son parcours particulier mais elle redonne de l’espoir à ceux qui peuvent se trouver désespérés au fond d’un gouffre abominable. Elle le compare à une maison dévastée par la foudre dont tous les murs sont par terre et qui ne permet plus de s’y déplacer. Elle l’a remplacé par une maison toute simple dans laquelle les fenêtres peuvent s’ouvrir à tous ceux qui ont de l’amour à donner et qui est un trésor de paix dans lequel on ne cherche plus à tout bouleverser mais à jouir des instants de grâce qui sont comme des véroniques, fleurs menues et délicates, qui ont trouvé leur place dans l’harmonie.

    Véronique sauvage

    Véronique sauvage

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  • Il existe en Allemagne des résidences communautaires pour les personnes malades psychiques. Ils vivent soit dans leur propre appartement ou dans une chambre de la résidence et sont accompagnés dans la vie de tous les jours par des travailleurs qui leur apportent une aide tant pratique que médicale. L'association Caritas a mis en place un grand nombre de telles communautés dans tout le pays. Voici un article au sujet d'une telle communauté( traduit de l'allemand par le créateur de ce blog).

    L’histoire réussie de la résidence médicalisée pour personnes souffrant de problèmes psychiques a démarré presque par hasard il y a 16 ans. A cette époque, Beatrix Jacobsen a pris un client dans le but de lui faire quitter l’hôpital afin qu’il habite son propre appartement. Depuis lors, les demandes d’accès au service de l’association Caritas de Nuremberg ont tellement progressé qu’ils ont dû déménager dans de nouveaux locaux et qu’ils se trouvent actuellement au 1 Eichenhainstraße à Hersbruck.

    Sous l’impulsion de la directrice suppléante actuelle de l’institut s’ouvrit la première communauté d’habitation (Wohngemeinschaft) sur la propriété de la maison Sebastian Fackelmann avec en tout quatre personnes qui habitaient auparavant à la maison Don Bosco. « Nous nous sommes alors aperçus rapidement que le domaine hospitalier et ambulant ne fonctionnaient pas ensemble » dit le directeur de l’institut Michael Schubert qui est de plus directeur de la résidence de long séjour.

    La région Mittelfranken a aussi compris cela en 2004 et a promulgué à côté d’un accord sur les prestations un « moratoire sur les maisons » pour les personnes handicapées psychiques afin de renforcer l’habitat assisté et de décharger l’hôpital. La nouvelle loi relative à l’assistance était claire : le propre appartement symbolise la voie vers une vie indépendante, renforce la propre image de la personne malade et conduit à une amélioration de sa santé.

    Cela peut se réaliser aussi bien dans un appartement individuel que dans un appartement d’une communauté d’habitat. Aujourd’hui, il existe trois communautés avec en tout 15 places à Hersbruck alors que le reste des 55 clients sont répartis sur le district. Comme les femmes et les hommes de 20 à 65 ans souffrent de divers handicaps psychiques, la prise en charge va de trois à douze heures de travail hebdomadaires.

    Les signes cliniques psychiques sont variés et de sévérité diverses. Certains clients souffrent d’anxiété ou de troubles de la personnalité, d’autres de syndrome borderline. Cela s’accompagne souvent de solitude, de peur de l’attachement et de repli sur soi. Les pédagogues sont ainsi souvent les seules personnes de référence. Il s’ajoute à cela un travail en commun étroit avec le conseil en addiction car les maladies mentales sont souvent liées à un tel problème.

    « Une maladie mentale peut toucher tout le monde et n’a rien d’exotique » explique Jacobsen. Les pédagogues sociaux rendent visite aux personnes atteintes et leur apportent des choses de base afin qu’ils puissent de nouveau prendre leur vie en main. Les employés s’occupent de cinq domaines principaux : l’animation des relations sociales, l’autosuffisance, l’admission à une activité de type professionnel, l’organisation de la vie et faire face aux conséquences du handicap.

    Les sept employés de Caritas ne s’occupent pas seulement des problèmes mais vivent le quotidien avec les personnes. Ils sortent se promener avec eux, faire du vélo ou ils jouent simplement aux cartes. Toutes les mesures d’aide peuvent à chaque fois être réglées sans bureaucratie. La priorité est cependant la réinsertion dans la société avec comme but « l’aide à la prise en charge » afin de ne pas risquer une liaison trop longue avec le système d’accompagnement. Un pas très important pour cela est constitué par les contacts sociaux entre les malades psychiques chez qui se développent de plus en plus de liens d’amitié. Les personnes vont ensemble au café, au restaurant ou vont même en vacances comme dernièrement deux dames de Hersbruck.

    De tels buts doivent cependant rester toujours mesurés car le processus d’aide ne fonctionne que par petites étapes. Comme les personnes ont souvent perdu leur emploi et ne s’en sortent pas bien avec les choses de tous les jours comme la tenue de son chez soi et le rapport à l’argent il faut avant tout constituer un emploi du temps structuré. Beaucoup des clients recherchent cela plus tard par la thérapie, par le travail dans les instituts de Caritas. « Les choses normales ne sont pas toujours normales pour les personnes atteintes » explique Schubert.

    L’expérience de Caritas a montré qu’un accompagnement ambulant est possible pour toute forme de maladie mentale et qu’ainsi on peut reconstruire dans la vie des clients beaucoup de ce qui s’était perdu. Le système ambulant a un grand avenir car nous pouvons nous occuper des personnes dans leur propre environnement, dit Schubert. Comme le besoin augmente sans cesse depuis des années et offre beaucoup de potentiel, Jacobsen et lui voient dans le traitement ambulant une grande chance.

    Markus W. Erlwein

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  •                                                                   Eloge de la fausse note-Marc Vella (musicothérapie)

    Dans notre société française, on a tendance à soigner les maux de l'esprit uniquement par les médicaments: on anesthésie la douleur et le tour est joué. On endort la personne pour lui éviter de nuire. Or, toute souffrance physique ou psychique est l'expression d'un signal que le corps exprime pour mettre en avant un dysfonctionnement. Le médicament est une béquille nécessaire en cas de crise pour souffrir un peu moins et retrouver ses esprits, mais en aucun cas on ne peut dire qu'il soigne les maux de l'âme. La philosophie, la religion, la musique et bien d'autres disciplines permettent de mieux nous gérer et d'apporter à l'esprit la nourriture dont il a besoin, mais la chimie n'a pas cette fonction. Elle n'est qu'un moyen ponctuel d'apaiser la douleur, elle ne répare pas.

    Combien de gens sombrent dans la dépression parce qu'ils ont été mal aimés, mal considérés, qu'ils ont été victimes d'une injustice? Les médicaments sont-ils des potions magiques qui vont réparer la peine commise par la haine, la violence et bien d'autres blessures infligées à l'âme suffocante? Toute personne ayant un peu de bon sens répondra que non. Diagnostiquer des médicaments à vie et dire indirectement à l'autre "vous êtes condamnés à subir cette maladie jusqu'à la fin de vos jours", c'est condamner et non soigner. Une vraie psychiatrie doit apporter de la chaleur humaine, des solutions pour nourrir l'âme. Elle ne peut se contenter d'administrer des produits chimiques, parfois nécessaires, mais insuffisants pour la guérison et retrouver la sérénité: le bien-être du corps et de l'esprit.

    Je tiens à préciser que je ne fais nullement l'apologie de ceux qui refusent de prendre leur traitement, d'être dans le déni de la maladie. Je mets simplement en avant le fait que ce traitement doit être accompagné d'un travail intérieur, d'une structure bienfaisante qui permette à la personne de sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Renouer avec son âme, avec la part divine en soi; être en contact avec la grâce -comme le dit Marc Vella- demande un univers chaleureux et positif. Or, les structures psychiatriques fermées ne possèdent pas toujours cette atmosphère et peuvent entraîner d'autres dégâts que ceux déjà infligés par la vie.

    Marc Vella, pianiste virtuose, prix de composition de Paris, premier prix de composition à Rome donne des récitals et des conférences dans le monde entier. Avec son piano à queue sur une remorque, il a traversé à ce jour 40 pays et parcouru 200 000 kilomètres pour célébrer l'humain. Sa caravane amoureuse s'inscrit dans la décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix de l'UNESCO.

    Voici comment il explique les maux de l'âme que la société produit:

    "Dans notre monde la seule connexion qui vaille, c'est internet. L'épanouissement se trouve hors du Soi, vendu chèrement par des marchands d'illusions. C'est le grand leurre qui rend fou, qui conduit lentement l'humanité vers la désespérance. Il est clair que le système économique se nourrit grassement de cette négation du Soi qui engendre des frustrations sans bornes. Le Soi nié génère les malades à soi-gner. Le Soi nié rend les gens consommateurs, dépendants, corvéables à merci, facilement contrôlables. Tout notre système a établi son fonds de commerce sur l'idée, prônée par les grandes religions, selon laquelle nous sommes pécheurs, fautifs, défaillants, en un mot, que nous sommes de facto coupables...Et nos médias ne cessent de s'en faire l'écho. Face à cette véritable entreprise de démolition programmée, comment croire en l'humanité, et comment évoluer et grandir? Comment croire en notre Soi et en sa musique intérieure? D'ailleurs, quelle musique intérieure? Existe-t-elle réellement? Tout contribue à ce que les gens ne l'entendent pas. Télé, radios, portables, baladeurs, encarts et affiches, harcèlement par les sont et les images...Partout dans les villes le bruit est là incessant, véritable pollution à la fois visuelle et sonore, qui nous coupe de nous-mêmes. Cette pollution nous coupe de ce qui vibre dans le vivant, nous masque la grâce. Combien de femmes et d'hommes sont allés vers leur Soi en osant leur rêve et, pour cela, ont été de leur vivant humiliés, méprisés, trahis? Pour la plupart, ils furent honorés à titre posthume. Sans aucun doute, la fausse note pour le commun est l'être qui se réalise en osant. De fait, il perturbe. Au Maroc, le dicton populaire dit: "Tout ce qui dépasse dans un groupe, tranche-le!" On ne peut être plus clair. Alors, surtout, que rien ne dépasse dans sa vie. Trop peur de la trancheuse. Se permettre, s'abandonner, s'accorder n'est pas permis, les tours de contrôle sont partout alentour et en soi-même. Surtout en soi-même.

    Et pourtant...nous avons tous une Alice au fond de nous qui rêve, a envie, imagine, espère le pays des merveilles où tout n'est qu'abondance, richesse, opulence, où tout est festin, festif, festival. Ce monde, il est là tout près, c'est le nôtre. Mais dans ce royaume à la musique extraordinaire, qu'y a-t-il en contrepoint? "Qu'on lui coupe la tête, qu'on lui coupe la tête." Lewis Carroll, lorsqu'il fait dire à la reine de cœur dans Alice au pays des merveilles "Qu'on lui coupe la tête", traduit ce triste état de fait: celle ou celui qui ose la liberté, ose le Soi, ne rentre pas dans le cadre. Son destin est tout tracé: elle ou il est décapité sans appel. Alors, comment aller vers le Soi dans ces conditions-là?

    Face à cette terrible réalité, l'artiste a vraiment un rôle à jouer. Et pour cela, il doit se poser plusieurs questions: que et qui veux-je servir lorsque je crée et reçois la grâce? L'art est-il un exutoire en lequel je déverse ma colère, mes rancoeurs, mes fantasmes? Est-il un outil de séduction qui envoûte? Ou alors, par mon art, vais-je faire en sorte que Virginie, Michaël, Stéphane et Chloé découvrent leur trésor intérieur? L'art doit-il être au service de mon nombril ou de la révélation du Soi de chacun? Il y a, à cet égard, une responsabilité indéniable de l'artiste vis-à-vis de son public. Sous prétexte de liberté d'expression, beaucoup trop d'œuvres portent en elles énormément de violence, encombrent les espaces et les esprits, endorment les consciences. Beaucoup d'artistes sont des brouilleurs de matière, des "amuseurs" et non des "éveilleurs", étalent leur vaste nombril jusqu'à l'indécence. Mais là encore, que pouvons-nous faire d'autre, si ce n'est accueillir? Tout cela, ce sont des fausses notes qui nous conduisent inexorablement vers la nécessité d'une future résolution harmonique que nous ne sommes pas encore en mesure d'appréhender. Par elles, l'humanité avance vers sa destinée. Cela dit, il y a pléthore d'artiste extraordinaires au service de la grâce, traversés et "traversant". Ils ne cherchent ni gloire, ni reconnaissance, leur conscience se place au-delà du résultat. Libérés de la tyrannie de l'exigence artistique, il n'y a ni satisfaction, ni insatisfaction, ils sont simplement en qu^^été de davantage de reliance avec le grand Tout. Comme toujours, le profond, el raffiné, le subtil, se révèlent par contraste.

    A mon sens, la véritable fonction de l'artiste serait celle-là: transcender la réalité en invitant les autres à le faire aussi à leur tour."

    En somme, l'artiste est vu par Marc Vella comme un guide spirituel qui élève l'âme vers ses hauteurs et la nourrit de joie, d'amour, de chaleur pour la rendre assez forte pour ne pas sombrer dans les abimes du néant.

    Je partage absolument cette vision de l'artiste très clairement exprimée . Elle n'est cependant pas si souvent mise en lumière, malgré son essentialité. Alors, à vos parapluies et pianos, mesdames et messieurs!

     

    Citation de Marc Vella: "C'est le grand leurre qui rend fou, qui conduit lentement l'humanité vers la désespérance."

    Marc Vella-Eloge de la fausse note (p.18, éditeur Le Jour, 2011)

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